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VIH/sida, tuberculose et paludisme

Ensemble, le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme sont responsables de millions de décès dans le monde chaque année, majoritairement dans des pays déjà aux prises avec des systèmes de santé sous-financés. Médecins Sans Frontières (MSF) répond à ces trois épidémies. Ainsi, en plus d’être le plus grand fournisseur non gouvernemental de soins antituberculeux au monde, nous sommes la seule organisation à mener des programmes de lutte contre le VIH dans un certain nombre d’endroits. De plus,  chaque année, nous traitons des millions de cas de paludisme dans nos projets médicaux.   

C’est ainsi que MSF a pu constater comment la lutte mondiale contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme a récemment pris une mauvaise trajectoire après des années de progrès. 

  • Tuberculose : Le nombre de décès dans le monde a repris une tendance à la hausse, mais un plus petit nombre de personnes reçoit un traitement (en particulier celles qui souffrent des formes pharmacorésistantes de la maladie).
  • VIH/sida : Neuf millions et demi de personnes séropositives dans le monde ne sont pas sous traitement. Beaucoup de celles qui en commencent un sont déjà parvenues à un stade plus avancé de la maladie, ce qui les expose à un risque bien plus élevé de décès.
  • Paludisme : Le nombre de personnes infectées par le paludisme ne cesse d’augmenter, tout comme le nombre de décès — majoritairement des enfants de moins de cinq ans.

Ces reculs peuvent s’expliquer en partie par la pandémie mondiale de COVID-19. Celle-ci a perturbé les programmes de traitement, en particulier dans les pays à faible revenu, et dont de nombreux systèmes de santé parmi les plus fragiles du monde ne se sont pas encore relevés. Mais même avant la COVID-19, la réponse mondiale à ces épidémies était au point mort. Dans bien des endroits, les compressions dans le financement ont conduit à une réduction de la qualité des soins. Il manque des éléments essentiels, comme des tests pour évaluer le taux de virus dans le sang, des médicaments pour traiter les personnes atteintes d’infections opportunistes (c’est-à-dire, les infections plus susceptibles de se produire chez les personnes dont le système immunitaire est compromis et les rendant plus vulnérables), ou des soins pédiatriques adaptés.

On ne pourra remédier aux inégalités les plus persistantes en matière de santé mondiale sans s’attaquer à ces trois maladies mortelles. Heureusement, nous avons déjà vu que des progrès sont possibles, facilités pour une grande partie par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (connu simplement sous le nom de Fonds mondial) — le principal mécanisme de financement de la réponse collective à ces maladies dans le monde. 

MSF n’est pas un partenaire du Fonds mondial. Nous fournissons notre propre réponse indépendante dans les endroits où il n’existe pas d’autres options de traitement et de soins pour les personnes atteintes de ces maladies. Nos équipes continuent de voir des lacunes inacceptables et mortelles dans la réponse mondiale au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme. C’est pourquoi nous appelons non seulement les gouvernements et les autres bailleurs de fonds à continuer de soutenir la lutte contre ces maladies mortelles, mais aussi le Fonds mondial lui-même et ses partenaires à pallier les défaillances et à accorder la priorité aux activités où persistent des lacunes potentiellement mortelles. Cela inclut le dépistage et le traitement des infections opportunistes, qui représentent un risque particulier pour les personnes vivant avec le VIH.

Pourquoi est-ce important pour la population canadienne

En septembre 2022, le Canada a annoncé une contribution de 1,2 milliard de dollars au cours des trois prochaines années au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme lors de la conférence de reconstitution des ressources du Fonds à New York. Ainsi, le pays a réaffirmé son engagement à éliminer ces trois maladies mortelles dans le monde et son soutien de longue date envers des programmes qui visent à réduire les souffrances qu’elles causent et à trouver des moyens d’enrayer leur propagation.

Toutefois, cet engagement renouvelé nous rappelle aussi le rôle important que le Canada doit jouer dans le financement de la riposte mondiale au VIH, à la tuberculose et au paludisme, mais aussi dans la façon de la diriger.

Le Canada fait partie des décideurs — il siège au conseil d’administration du Fonds mondial, de l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres organisations de premier plan dans le domaine de la santé mondiale. Il a également exprimé sa volonté d’en faire davantage pour répondre aux enjeux mondiaux de santé publique.

Pour ces raisons, le Canada peut et doit continuer de promouvoir des programmes bien financés et plus percutants afin de répondre aux besoins des populations en matière de santé. Avec sa position de premier plan dans ces initiatives critiques, il a la responsabilité de financer les efforts de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Il doit également exiger une reddition de compte de la part des bénéficiaires de ce financement, dont le travail consiste à mettre fin à ces épidémies. Après des années de progrès, nous constatons un recul dans les indicateurs mondiaux de ces maladies. Le rôle du Canada doit être d’inciter ses partenaires et alliés à utiliser leurs ressources de manière appropriée pour continuer de progresser.

Le lien entre le Canada et les grands enjeux de santé mondiale

Le soutien du Canada envers la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ne doit pas être considéré comme un acte de charité, mais comme une contribution essentielle à la gestion de la santé publique mondiale. 

Comme la pandémie de COVID-19 l’a clairement démontré, le Canada n’est pas à l’abri des répercussions des crises sanitaires mondiales. La propagation continue des maladies infectieuses les plus mortelles au monde présente un risque pour la santé de la population canadienne et la stabilité du monde qui l’entoure. Les personnes vivant avec le VIH au Canada demeurent très vulnérables aux complications liées au virus. Quant à la tuberculose – autrefois la principale cause de décès au Canada –, elle continue de dévaster ici de nombreuses communautés, touchant plus durement les gens nés à l’étranger et les communautés autochtones, en particulier dans le nord du pays. Le fait que la tuberculose reste un enjeu dans un pays bien doté en ressources comme le Canada rappelle la gravité du problème à l’échelle mondiale et l’importance de s’y attaquer.

Les contributions du Canada à la reconstitution des ressources du Fonds mondial en 2022 sont louables et devraient annoncer le début du travail à accomplir et non la fin. MSF appelle le Canada et les autres contributeurs au Fonds mondial à utiliser leur position au sein du conseil d’administration de cet organisme pour veiller à ce que les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme soient remis sur les rails pour les personnes qui en dépendent.