Politique d’utilisation de l’image et de consentement

Qu’est-ce que le témoignage et pourquoi utilisons-nous ce mot?

Le travail de Médecins Sans Frontières (MSF) est guidé par les principes humanitaires d’impartialité, de neutralité et d’indépendance. En plus de notre action médicale, nous dénonçons les causes sous-jacentes de la souffrance des gens et nous plaidons pour le changement. C’est cette prise de parole publique que nous appelons le témoignage.

En agissant ainsi, MSF réaffirme sa volonté de parler de ce dont nous sommes témoins, et de partager ce que nous racontent notre personnel et les personnes à qui nous prêtons assistance. Nous portons à l’attention du public des histoires qui illustrent à quel point les besoins médicaux essentiels et l’exclusion des soins de santé peuvent être critiques dans les communautés et les contextes de crise à grande échelle, comme les conflits armés, les épidémies, les catastrophes. Nous dénonçons également le manque d’accès aux produits de première nécessité comme la nourriture et l’eau potable.

Nous racontons ce que vivent les personnes avec qui nous travaillons et celles auprès de qui nous intervenons à travers des témoignages écrits, des photos, des vidéos, entre autres supports documentaires.

Comment utilisons-nous les images montrant des personnes?

De façon générale, les photos produites par MSF devraient toujours représenter notre travail médical en action. Nous cherchons constamment à montrer que les personnes avec qui nous travaillons sont des êtres humains dignes, et non pas des stéréotypes ou des objets de pitié.

Il nous arrive parfois d’utiliser des photos portraits pour présenter à nos audiences un ou une membre de notre personnel de projet ou de bureau, et pour parler de son rôle et de ses responsabilités spécifiques. Le public peut ainsi en apprendre davantage sur les différents aspects de notre travail, comme nos interventions médicales et nos activités de promotion de la santé et de soutien logistique.

Comment utilisons-nous les images de foule?

Dans certains cas, il est difficile de montrer l’ampleur d’une crise sans utiliser des photos de foule. Par exemple, dans les interventions de sauvetage d’envergure, nous captons des photos à sujets multiples, puisque c’est là le seul moyen de saisir ces événements et d’en montrer toute l’ampleur. Nous faisons de notre mieux pour ne pas créer la fausse image que les gens ne sont qu’une partie d’une masse. Nous nous concentrons autant que possible sur l’action de MSF et sur la situation à laquelle les gens sont confrontés.

Comment abordons-nous les images troublantes?

MSF croit qu’il est important de représenter les personnes à qui nous prêtons assistance et les communautés avec lesquelles nous travaillons de manière respectueuse et digne. C’est pour cette raison que nous interdisons l’utilisation de toute image montrant une personne éprouvant une douleur ou une souffrance importante; on fait ici référence à quelqu’un de visiblement mal en point ou effrayé, en particulier si personne n’est à ses côtés pour lui prêter assistance.

La souffrance, c’est le lot quotidien du travail humanitaire et médical. Et l’assistance médicale est souvent fournie en privé, derrière des portes closes. Lorsque ces pratiques sont racontées au public, il faut montrer que le travail de MSF consiste à alléger cette souffrance.

Dans la mesure du possible, nous remplaçons une image troublante par une image de la personne recevant des soins avec calme, sérieux et précision.

Pourquoi donnons-nous du contexte à nos images?

Quand nous regardons une image utilisée seule, sans description ni contexte, nous formulons nos propres hypothèses et laissons libre cours à nos biais. Chaque personne tire alors ses propres conclusions quant à ce que l’image raconte.

Chaque contexte est différent. Si nous ne fournissons pas de détails, nous risquons de créer de la confusion autour des pays où nous travaillons, des crises auxquelles nous répondons et des interventions d’urgence que nous menons. C’est pourquoi nous veillons toujours à utiliser des photos et des descriptions pertinentes, en prenant soin d’inclure des détails importants : que se passe-t-il sur cette image? Où et quand s’est produit cet événement? Qui sont les personnes photographiées et quel est leur rôle? On ne devrait jamais avoir à se questionner sur ce que nous regardons ou pourquoi l’image a été utilisée.

Parfois, il nous est impossible de fournir tous ces détails, notamment dans les publicités et les vidéos. Dans de tels cas, il est encore plus important d’éviter les images qui peuvent porter à interprétation, renforcer les stéréotypes négatifs ou qui ne parviennent pas à montrer la réalité d’une situation. Cela est encore plus vrai lorsque les images sont destinées à des collectes des fonds.

Nos processus de consentement

La personne qui prend une photo (photographe ou spécialiste en communication) doit prendre le temps d’expliquer aux gens pourquoi nous souhaitons les photographier, en quoi cela est important pour le travail de MSF et comment les images pourraient être utilisées. Lors de cette conversation, nous expliquons clairement que leur décision n’affectera en rien les soins et le soutien médical qu’ils peuvent recevoir de notre part.

Si les individus acceptent d’être photographiés, ils devront signer un formulaire de consentement, ou donner leur consentement par enregistrement vidéo ou audio. Les formulaires de consentement seront téléchargés et gardés de façon confidentielle dans la base de données interne de médias de MSF avec les photos et les vidéos concernées.

Droits d’utilisation

Toutes les photos et vidéos de MSF placées dans notre base de données interne portent une étiquette indiquant les droits d’utilisation spécifiques allant de l’utilisation strictement réservée à MSF aux médias externes ou même aux agences de presse. La majeure partie du contenu de notre base de données a été produit par le personnel de MSF.

Nous ne vendons pas d’images

Nous ne vendons jamais d’images montrant nos projets ou les personnes à qui nous prêtons assistance. MSF ne vend pas, ne reçoit pas d’argent et ne profite aucunement des photos prises par le personnel de MSF ou par les photographes sous contrat ou travaillant pour des agences et qui sont de passage dans nos projets. Cela inclut les photos imprimées et en version électronique. MSF ne vend pas d’images sous forme de reproductions artistiques, ni n’agit en tant qu’agence d’archives photographiques et ne le fera jamais.

Toute image vendue en ligne sous quelque forme que ce soit et montrant des projets ou du personnel de MSF n’est aucunement liée à MSF et ne profitera pas économiquement à MSF.

Comment créons-nous du contenu?

La plupart des éléments visuels et audio stockés et utilisés par MSF sont produits par le personnel de MSF. Généralement, ce sont des spécialistes en communication (embauches locales ou internationales) qui s’occupent de la photographie, de la vidéographie et de la rédaction. Dans certains cas, MSF embauche directement des photographes pour visiter et documenter des projets spécifiques. Il peut s’agir de membres du personnel de MSF ou de photographes sous contrat local ou provenant de l’international et travaillant à titre de pigistes ou pour le compte d’agences.

Où sont stockées nos photos et comment sont-elles utilisées?

Toutes les photos de MSF, y compris les images d’archives datant des débuts de l’organisation, sont stockées dans notre propre base de données médias. Cette base de données permet à tout le personnel de MSF de rechercher et de trouver du contenu approprié. Elle nous permet également d’encadrer qui peut la consulter et ce qui peut être téléchargé, mais aussi comment le contenu est utilisé.

Lorsque le contenu a de plus de cinq ans, nous considérons que le consentement associé a expiré, et nous restreignons l’image à un usage interne uniquement. Celle-ci devient alors plus difficilement accessible pour la plupart des membres du personnel, qui doivent formuler une demande expresse pour y accéder.

La base de données médias est accessible à tout le personnel de MSF, mais aussi, avec des restrictions, à d’autres personnes provenant de secteurs concernés ou ayant des besoins professionnels pertinents, par exemple : des sous-traitants externes, du personnel d’autres organisations non gouvernementales, des médias et des universitaires. Ces groupes de personnes hors MSF n’ont accès qu’à du contenu récent et préapprouvé.

Comment informons-nous les photographes pigistes et les agences? Comment pouvons-nous encadrer ce qu’il advient des photos après leur contrat?

Nous transmettons nos directives éthiques à quiconque recueille des images ou des enregistrements audio auprès de notre personnel ou des personnes à qui nous prêtons assistance; ces directives doivent être lues, comprises, acceptées et respectées. Les photographes, tant internes qu’externes à MSF, doivent agir de manière à ne jamais mettre en danger la santé et la sécurité des personnes traitées par MSF ou travaillant pour MSF.

Les photographes des agences de presse (Reuters, AFP, Getty, etc.) ont parfois accès à nos projets ou, vu la réalité de certaines de nos interventions, arrivent à photographier notre travail, notre personnel ou les personnes auprès de qui nous intervenons. Lorsque ces photographes, qui travaillent de manière indépendante, obtiennent l’autorisation d’accéder à nos projets, nous leur transmettons nos directives et leur demandons de les respecter. Après leur visite de nos projets, nous n’avons aucun pouvoir en ce qui a trait aux photos publiées.

Les sujets sur les photos ont-ils la possibilité de retirer leur consentement à un moment ultérieur?

Oui. Il est clairement expliqué aux personnes photographiées qu’elles ont toujours la possibilité de retirer leur consentement. Le formulaire de consentement qu’elles signent comporte une feuille à conserver qui leur rappelle qu’il est possible de retirer leur consentement, ainsi que les coordonnées du bureau local de MSF et la personne à contacter à tout moment au cas où elles souhaiteraient le faire. Elles sont également informées que leur consentement n’est valable que pour cinq ans, après quoi il est considéré comme retiré, et qu’à partir de ce moment, les images ne seront plus utilisées par MSF à des fins générales.

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