Masafer Yatta is a desert region of the southern West Bank that is home to 1,144 Palestinians living across 12 villages. Their lives changed drastically in the 1980s when the land on which their homes are built was declared to be a ‘closed military zone’ by the Israeli authorities.On 4 May 2022, the Israeli Supreme Court declared that there were no ‘legal barriers’ to the evictions.As a result of the decision, 211 Palestinian households (1144 people) are at immediate risk of forced evictions, arbitrary displacement, and forcible transfer.The decision of the Israeli Supreme Court in May 2022 has resulted in a sharp uptick in hostile measures applied by the Israeli authorities in Masafer Yatta to put extraordinary pressure on residents of Masafer Yatta to leave their homes. Such measures include the demolition of homes and schools, issuance of eviction notices and an increase in checkpoints, confiscation of residents’ vehicles, military training, night-time home incursions, enforced curfews, and other movement restrictions, making people’s lives unbearable. Médecins Sans Frontières/Doctors without Borders (MSF) is providing medical health services via mobile clinics to the residents of Masafer Yatta since 2021, and mental health care in the Hebron Governorate since 1996. MSF’s witnessed first-hand the impact of the increasingly coercive and oppressive environment on the physical and mental health of the people in Masafer Yatta. © Juan Carlos Tomasi/MSF
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Territoires palestiniens occupés : un rapport de MSF révèle que les mesures coercitives d’Israël nuisent à la santé de la population à Masafer Yatta

 

Les Palestiniens et Palestiniennes qui résident dans la région de Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie, sont confrontés à de nombreux défis; ils et elles vivent dans la crainte constante d’être expulsés, de voir leurs maisons démolies et d’être restreints dans leurs déplacements.

Dans son nouveau rapport intitulé The unbearable life: the health impacts of the Israeli measures to forcibly evict the residents of Masafer Yatta (disponible en anglais seulement), Médecins Sans Frontières (MSF) met en lumière la pression extraordinaire exercée par les autorités israéliennes pour pousser les communautés locales à quitter la région et l’impact de cette pression sur la santé physique et mentale des gens.

« Si je perds ma terre, je perds ma vie », raconte un habitant du village d’Al-Majaz à Masafer Yatta, qui résume bien les enjeux pour les communautés touchées.

Les gens vivent sous la menace constante d’être expulsés de leur maisons et de subir de la violence. « Les soldats entrent dans les villages la nuit, imposent des couvre-feux et d’autres restrictions de mouvement, organisent des entraînements militaires près des zones habitées, confisquent des véhicules et démolissent des maisons », explique David Cantero Pérez, directeur national de MSF dans les territoires palestiniens occupés. « Ils rendent la vie de la population insupportable. »  

Les mesures prises par les autorités israéliennes se sont intensifiées depuis mai 2022, à la suite d’une décision de la Cour suprême israélienne supprimant tous les obstacles juridiques au déplacement forcé des Palestiniens et Palestiniennes de Masafer Yatta pour y installer une zone militaire. Cette décision a eu de graves répercussions sur la capacité des résidants et résidantes à accéder aux services de base, y compris aux soins médicaux.

Le rapport de MSF révèle que les gens se voient systématiquement refuser l’accès aux villages où MSF fournit des services médicaux si leur carte d’identité indique qu’ils viennent d’un autre village. On y apprend aussi que les ambulances qui tentent d’atteindre Masafer Yatta sont retardées ou même bloquées, et que les personnes tentant d’atteindre les hôpitaux doivent s’arrêter à des points de contrôle et font face à de longs retards. En conséquence, de nombreux habitants et habitantes rapportent que l’accès incertain aux soins médicaux à Masafer Yatta force les personnes vulnérables sur le plan médical, par exemple les femmes enceintes dans leur dernier trimestre, les personnes âgées souffrant de maladies chroniques et des personnes atteintes de maladies graves, à quitter leur maison et leur famille pour rejoindre la ville voisine de Yatta.

 

Safa habite le village d’Al-Markez, à Masafer Yatta. « Nous étions là quand la démolition a eu lieu. Mes filles étaient là, avec leurs jeunes enfants. Ils arrivent soudainement. Ils ne donnent pas de préavis. Nous voyons les bulldozers arriver, et commencer à démolir les tentes », dit-elle.©️ Juan Carlos Tomasi/MSF

 

Les mesures coercitives signifient que les résidants et résidantes craignent constamment pour leur sécurité et que les parents se sentent impuissants à protéger leurs enfants. Un parent a signalé que son enfant avait été réveillé en pleine nuit, dans sa chambre, par un soldat armé accompagné d’un chien. D’autres parents ont décrit leurs sentiments de désespoir et d’impuissance lorsque leurs enfants sont revenus de l’école pour découvrir que la maison familiale avait été démolie.

Vivre dans des conditions aussi difficiles pèse lourdement sur la santé mentale des gens, explique MSF, dont les équipes mobiles fournissent des soins de santé physiques et psychologiques à la population de Masafer Yatta depuis 2021. Le rapport de MSF met en évidence une forte augmentation de la demande pour du soutien en santé mentale chez les personnes ayant subi des intrusions de leur domicile ou vu leur maison se faire démolir. À la suite de ces incidents, plus de la moitié des patients et patientes de MSF en 2022 présentaient des symptômes psychosomatiques, un quart des symptômes post-traumatiques et les deux tiers des symptômes dépressifs.

 

Mahmud est résident du village d’Al-Markez, à Masafer Yatta. « Nous avons reçu les premiers avis que notre maison devait être démolie en 2011. Nous avons fait appel au tribunal par l’intermédiaire d’un avocat, et la démolition n’a pas eu lieu. Mais un jour en 2017, ils sont venus démolir la maison sans avertissement. »©️ Juan Carlos Tomasi/MSF

 

« Au cours de l’année écoulée, nous avons été témoins de l’impact de l’environnement de plus en plus coercitif sur la santé physique et mentale des habitants et habitantes de Masafer Yatta », affirme Cantero Pérez. En tant qu’organisation humanitaire médicale, nous dénonçons ces politiques et appelons les autorités israéliennes à mettre immédiatement fin au plan d’expulsion et à cesser d’appliquer des mesures qui restreignent l’accès aux services de base, y compris les soins médicaux, à Masafer Yatta. Cette souffrance inutile doit cesser. »

MSF appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et nécessaires pour protéger la population de Masafer Yatta et veiller à ce que les droits de la personne soient respectés.

MSF fournit des services médicaux et psychologiques à Masafer Yatta par le biais de cliniques mobiles depuis 2021, ainsi que des soins de santé mentale dans le gouvernorat d’Hébron, qui comprend Masafer Yatta, depuis 1996. Au cours de cette période, les équipes de MSF ont été témoins de l’impact des mesures coercitives d’Israël sur tous les aspects de la vie quotidienne de la population.