Les membres de l’équipe logistique de MSF prennent la pose pour une photo de groupe dans le service technique du centre de traumatologie de MSF à Kunduz. Afghanistan, 2025. © Logan Turner/MSF
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Afghanistan : fabriquer des béquilles, des déambulateurs et des civières à partir de rien

L’équipe technique de MSF trouve des moyens innovants de soutenir les patientes et les patients du centre de traumatologie de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan.

Le centre de traumatologie de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan, accueille en moyenne plus de 1 000 personnes par mois ayant besoin de soins urgents liés à des traumatismes. Beaucoup des gens amputés d’un membre sont confrontés à des difficultés financières qui les empêchent de se procurer les dispositifs d’assistance à la mobilité dont ils ont besoin. 

L’équipe technique de Médecins Sans Frontières (MSF) trouve des moyens innovants de soutenir ces personnes. Ils créent de toutes pièces des équipements médicaux et non médicaux afin d’aider les patientes et les patients du centre à se rétablir et à retrouver leur mobilité.

Combler les lacunes pour l’aide à la mobilité

« Comme il s’agit d’un centre de traumatologie, nous avons régulièrement besoin de déambulateurs et d’autres équipements médicaux », explique Shir Mohammad, responsable des infrastructures au centre de traumatologie de Kunduz. « Lorsque l’équipe médicale a besoin de quelque chose, nous concevons l’équipement nécessaire et réglons le problème. » 

Les équipements produits par l’équipe incluent de béquilles, de déambulateurs et même une civière qui réduit le bruit et les vibrations lors du déplacement des personnes dans l’hôpital. En outre, l’équipe a récemment conçu une table Spica, utilisée pour aider à aligner les os lors de la pose de plâtres dans les cas de fractures osseuses.

« Auparavant, nous achetions les béquilles auprès d’un fournisseur. Aujourd’hui, les coûts ont considérablement diminué. Les béquilles que nous fabriquons ici, chez MSF, coûtent environ 50 % moins cher que le prix courant. »

Shir Mohammad, responsable des infrastructures au centre de traumatologie de Kunduz
Un physiothérapeute de MSF indique à un patient les exercices à réaliser pour la réadaptation de sa jambe au centre de traumatologie de MSF à Kunduz. Afghanistan, 2025. © Tasal Khogyani/MSF

La production d’équipements solides et durables contribue à réduire les coûts opérationnels

Depuis 2023, l’équipe fabrique en moyenne 20 à 30 paires de béquilles et de déambulateurs chaque semaine, à partir de matériaux disponibles localement. Les béquilles sont ensuite remises aux physiothérapeutes, qui les distribuent gratuitement à ceux et celles qui en ont besoin. 

La fabrication locale a donc permis de fournir sans frais des dispositifs d’assistance à la mobilité aux patients et patientes, indispensables à leur rétablissement. Mais elle a également permis de réduire les coûts médicaux de MSF. 

« Auparavant, nous achetions les béquilles auprès d’un fournisseur », explique Shir Mohammad. « Aujourd’hui, les coûts ont considérablement diminué. Les béquilles que nous fabriquons ici, chez MSF, coûtent environ 50 % moins cher que le prix courant. » 

Vu le nombre de consultations, l’équipe logistique est très sollicitée. En 2024, 32 628 personnes ont été admises aux urgences et 23 217 consultations ambulatoires ont été menées par les équipes médicales de MSF.

Des patients attendent leur consultation médicale au centre de traumatologie de MSF à Kunduz. Afghanistan, 2025. © Tasal Khogyani/MSF

Les aides à la mobilité sont une ressource communautaire précieuse

Ces dernières années, le service logistique de MSF à Kunduz a fabriqué localement des centaines de béquilles. Shir Mohammad voit souvent des membres de la communauté utiliser celles que son équipe a fabriquées. 

Mohammadullah, un agriculteur du district de Khan Abad, dans la province de Kunduz, est l’une de ces personnes. En avril, il a eu une fracture ouverte à la jambe gauche lorsqu’une voiture est entrée en collision avec la moto qu’il conduisait. 

Il a subi une intervention chirurgicale d’urgence au centre de traumatologie de Kunduz. Il se rend désormais régulièrement au centre pour des consultations de suivi et des séances de physiothérapie. Depuis l’accident, il n’a toujours pas pu reprendre le travail ni retourner à sa ferme. 

« Je veux remarcher. Je suis le seul homme de ma famille et ils ont besoin de moi. Je veux rentrer chez moi », dit-il. 

Mohammadullah explique que les physiothérapeutes lui ont donné des béquilles lorsqu’il a quitté l’hôpital. Ils lui ont également recommandé d’éviter de s’appuyer sur sa jambe cassée. 

« Sur le marché, les béquilles coûtent environ 1 000 afghanis (environ 19 dollars canadiens) », explique Mohammadullah. « C’est une bonne chose que MSF les fournisse gratuitement. Je les rendrai à l’hôpital après ma guérison. » 

Shir Mohammad dit que cela le rend heureux de créer des objets qui soutiennent les personnes blessées et qui répondent aux besoins de l’équipe médicale. « L’un de nos principaux objectifs est de servir nos patientes, nos patients et notre communauté de toutes les manières possibles », dit-il. « Si nous en avons la capacité, nous devons aider les autres. »

Un anesthésiste de MSF injecte un anesthésique à un patient avant de nettoyer ses blessures dans la salle d’opération du centre de traumatologie de MSF à Kunduz. Afghanistan, 2025. © Tasal Khogyani/MSF

Notre travail à Kunduz, en Afghanistan

Depuis 2011, MSF gère un centre de traumatologie dans la province de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan. Le 3 octobre 2015, l’hôpital avait été détruit par une frappe aérienne américaine. Le nouveau centre de traumatologie a ouvert ses portes sur un autre site en août 2021.  

L’équipe du centre offre des soins complets essentiels aux personnes qui souffrent de blessures traumatiques. Il s’agit entre autres de blessures causées par des accidents de la route, des chutes, des tirs et des munitions non explosées. En 2024, les équipes médicales de MSF ont accueilli 32 628 personnes aux urgences du centre, offert 23 217 consultations externes et réalisé 4 742 interventions chirurgicales.