© MSF/Luis Angel Argote
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Colombie : Le conflit provoque des déplacements massifs à Nariño

 

Une urgence humanitaire se déroule en ce moment à Nariño, en Colombie, après que l’escalade du conflit au cours des derniers mois a provoqué des déplacements massifs dans la région du Pacifique. Environ 14 000 personnes ont été touchées et se sont retrouvées sans soutien adéquat. Entre la fin de 2019 et le début de 2020, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) travaillant à Nariño ont été témoins d’au moins sept déplacements massifs et quatre confinements de population – où les gens ont été contraints de rester chez eux ou dans leurs villages parce que les combats étaient trop intenses ou que des groupes armés les empêchaient de partir.

 

La région du Pacifique de Nariño est l’une des nombreuses zones touchées par la reprise des violences en Colombie du fait de la mise en œuvre irrégulière des accords de paix; les civils subissent les conséquences du conflit entre plusieurs groupes armés.

Pour aggraver les choses, les membres du personnel MSF essayant d’atteindre et d’aider les personnes directement touchées par la crise ont signalé un manque total de réponse institutionnelle adéquate et en temps opportun. Des problèmes administratifs et procéduraux ont été cités pour expliquer cette absence d’assistance, les agents officiels n’ayant pas reçu l’autorisation des forces militaires pour pénétrer dans les zones de conflit.

 

Déplacements dans plusieurs régions

 

Dans la ville d’Olaya Herrera, plus de 680 familles ont passé la période de Noël dans des camps de fortune après que des affrontements à proximité entre les groupes armés les aient forcées à fuir. Près de la moitié de ces personnes ont atteint le centre-ville mais ont dû attendre près de deux semaines avant de recevoir l’aide du gouvernement. D’autres déplacés dans les zones rurales autour de Bocas de Víbora et Nueva Balsa n’ont reçu un soutien que lorsque des équipes de MSF et du Consortium Mappa y sont arrivées.

Ce manque d’assistance est monnaie courante dans la région : dans la municipalité de Roberto Payán, où la violence constante a déplacé quelque 3 500 personnes, une première vague de personnes déplacées a reçu une aide alimentaire, mais un deuxième groupe n’a reçu aucune aide. À Magüí Payán, peut-être la municipalité la plus oubliée de Nariño, environ 920 personnes n’ont reçu aucun soutien du gouvernement depuis leur fuite.

 

Entre la fin de 2019 et le début de 2020, il y a eu au moins sept déplacements massifs et quatre confinements de population dans plusieurs municipalités de la région du Pacifique de Nariño.MSF/Luis Angel Argote

 

Environ 4 000 personnes vivent également dans des conditions désastreuses dans des camps autour de la rivière Telembí et ont trop peur de partir. Les efforts des institutions pour envoyer de l’aide alimentaire ont échoué, car la crainte de représailles de la part des groupes armés empêche les organisations d’atteindre les personnes les plus démunies.

Les équipes MSF constatent et traitent les conséquences de cette crise négligée. Les principaux besoins de santé comprennent les maladies gastro-intestinales et cutanées, causées par les mauvaises conditions de vie et le manque de services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

L’impact de la violence et de l’absence de sécurité empêche les gens de se sentir en sécurité. La santé mentale est un gros problème, de nombreuses personnes éprouvent des niveaux élevés de stress, d’inquiétude et de peur. Tant que la situation se poursuivra, nos patients et les personnes vivant dans la région continueront d’être exposés à des souffrances émotionnelles constantes.

MSF appelle l’État colombien à renforcer et à accroître sa présence à Nariño et à fournir une assistance en temps opportun aux personnes déplacées et confinées dans les camps.