Les équipes de MSF Watsan vérifient l'eau provenant de la plateforme d'eau fraîchement installée dans le camp de Rusayo. RDC, 2023. © Alexandre Marcou/MSF
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Réponse de MSF au budget fédéral canadien 2024 : « Nous saluons la décision du Canada d’augmenter son aide humanitaire. » 

Médecins Sans Frontières (MSF) se réjouit de l’engagement continu du Canada à répondre aux besoins urgents des populations touchées par des crises, des conflits et d’autres situations d’urgence à travers le monde. Le financement supplémentaire de 350 millions de dollars pour l’aide humanitaire internationale des deux prochaines années, annoncé dans le budget fédéral présenté plus tôt cette semaine, témoigne de cet engagement.  

La bonne nouvelle : le Canada renforce l’aide humanitaire internationale à un moment où les besoins augmentent, un peu partout à travers le monde 

En tant qu’organisation humanitaire d’assistance médicale d’urgence travaillant dans plus de 70 pays, MSF est le témoin direct de la façon dont les communautés luttent pour accéder aux produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau, les abris et les soins médicaux. De Gaza au Soudan en passant par la République démocratique du Congo, les gens sont confrontés à des bouleversements sans précédent causés notamment par la violence, les déplacements et les catastrophes climatiques.

Nous constatons également que la détermination du monde à répondre aux besoins diminue, en partie à cause des réductions du financement humanitaire international. Il est encourageant de voir le Canada relever le défi face à l’augmentation des besoins humanitaires dans le monde. Cela, en particulier à un moment où de nombreux autres pays ne respectent pas leurs engagements pour soutenir les personnes touchées par les conflits et les crises.  

La mauvaise nouvelle : le budget canadien n’inclut pas le renouvellement de la stratégie pour les Rohingyas  

MSF est toutefois déçue que le budget fédéral présenté hier n’ait pas mentionné ou renouvelé la stratégie pluriannuelle du Canada pour répondre aux crises du Myanmar et des Rohingyas. MSF est le plus grand fournisseur de soins médicaux humanitaires pour les communautés rohingyas déplacées au Bangladesh, en Malaisie et au Myanmar. Elle a vu comment la Stratégie Rohingya du Canada, lancée pour la première fois en 2018, a contribué à faire progresser les efforts internationaux visant à atténuer les souffrances de ce que les Nations Unies ont appelé « la minorité la plus persécutée au monde ».

Le personnel de MSF marche dans les camps de personnes réfugiées du Bangladesh. Bangladesh, 2023. © Victor Caringal/MSF

Nous avons demandé au Canada de renouveler sa stratégie, avant qu’elle n’expire cette année. Nous reconnaissions que les engagements de financement de l’aide humanitaire internationale du Canada peuvent encore fournir un soutien essentiel à ces efforts. Nous craignons toutefois qu’en n’incluant pas une stratégie canadienne pour les Rohingyas en tant qu’élément désigné dans le budget fédéral, le Canada ne se détourne du rôle de leadership politique et diplomatique de haut niveau qu’il joue actuellement. Ce rôle est pourtant essentiel, à la fois pour répondre aux besoins immédiats et pour chercher une solution à long terme à cette crise.   

L’opportunité : le Canada doit accorder la priorité aux vies, plutôt qu’aux profits pour s’assurer que ses investissements en recherche et développement médical profitent aux communautés à travers le monde   

Nous notons également que le budget présenté hier comprend plusieurs opportunités permettant au Canada de s’assurer que ses investissements publics dans la recherche et le développement (R et D) et la production de médicaments, de vaccins et d’autres technologies de santé accorderont la priorité aux bénéfices publics plutôt qu’aux profits privés. MSF appelle le gouvernement fédéral à le faire depuis des années. 

Le budget 2024 prévoit des investissements dans les infrastructures de R et D en santé dans des établissements publics comme l’Université de la Saskatchewan. Il prévoit également des fonds pour construire un nouvel établissement préclinique et clinique de contre-mesures médicales afin de développer des outils médicaux pour répondre aux nouvelles menaces de santé publique. Enfin, il prévoit la création d’un Conseil consultatif sur la science et l’innovation destiné à établir des priorités et à « augmenter l’impact des […] investissements fédéraux significatifs ».

Un avion de MSF est chargé de vaccins contre l’hépatite E à l’aéroport international de Juba. Les vaccins sont envoyés dans le comté de Fangak, dans l’état de Jonglei. Soudan du Sud, 2023. © Nasir Ghafoor/MSF

Il n’y a pas de meilleure démonstration de l’impact des investissements fédéraux que de sauver le plus grand nombre de vies possible. Grâce à ces investissements et aux outils existants, comme la stratégie canadienne pour la biofabrication et les sciences de la vie, le Canada peut donner la priorité à la découverte, au développement et à la fabrication durable de technologies médicales essentielles en se fondant sur les besoins de santé publique plutôt que sur la valeur commerciale perçue. Il peut aussi veiller à ce que l’investissement public privilégie les bénéfices publics. Pour accroître l’impact de ces importants investissements en R et D médicale, le Canada doit maintenant mettre en œuvre des conditions sur tout financement ou licence. Il devra ainsi s’assurer que les innovations médicales développées ou produites avec des fonds publics soient rendues abordables et accessibles à tous et à toutes, partout dans le monde.