Mexique, Honduras et Salvador : Une réponse multidisciplinaire à la COVID-19
Le Mexique, le Honduras et le Salvador ont répondu à l’urgence COVID-19 au cours des six derniers mois, et les trois pays affichent maintenant un nombre décroissant de cas. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) continuent de répondre aux besoins médicaux des personnes exclues des systèmes de santé, comme les migrants, les demandeurs d’asile et les victimes de violence, dont la situation s’est aggravée pendant la pandémie. Nos services sont offerts par le biais de cliniques mobiles, de centres de soutien, d’hôpitaux, et de la gestion des centres COVID-19 et des ambulances.
La COVID-19 ajoute une couche supplémentaire
Le Mexique est devenu l’un des épicentres de la pandémie en Amérique latine, avec le Brésil et le Pérou. Il compte le quatrième plus grand nombre de décès attribuables à la COVID-19 de tous les pays du monde. D’après les rapports d’ONG, comme Amnistie internationale, plus de 100 000 travailleurs de la santé ont contracté la maladie; beaucoup se sentent maintenant stigmatisés en raison de leur travail, qui a entraîné des attaques et de la discrimination. En juillet, le pays a commencé à assouplir progressivement ses mesures d’endiguement, afin d’amener le pays dans une « nouvelle normalité » où les entreprises et l’industrie pourraient se redresser. Depuis le 17 août, le pays continue de voir une diminution des infections pour la cinquième semaine consécutive.
L’assouplissement du confinement se fait en utilisant des couleurs, comme un feu de signalisation. Alors que les régions les plus touchées sont la ville Mexico, et les États de Mexico, de Guanajuato, de Nuevo Leon et de Tabasco (où MSF mène des activités dans la ville de Tenosique), certaines d’entre elles ont été classées « orange » ou « jaune ». Il y a eu 26 861 cas confirmés* dans l’État de Tamaulipas; MSF y gère des centres de traitement de la COVID-19 dans les villes de Reynosa et Matamoros, et soutient les mesures de prévention et de contrôle des infections dans les refuges pour migrants à Nuevo Laredo. Les équipes ont enregistré une diminution du nombre de cas dans les deux villes, mais se préparent à une éventuelle résurgence de patients. Il y a eu 16 454 cas confirmés* dans l’État de Guerrero, où le projet MSF a repris ses activités régulières tout en aidant également les centres de santé et les hôpitaux à mettre en œuvre des mesures de contrôle et de prévention des infections.
À la mi-mars, le gouvernement hondurien a déclaré l’état d’urgence, limitant les libertés et les mouvements des personnes. Le département de Cortes, dans le nord du pays, est la région la plus touchée avec 31,3 %* des patients ayant un diagnostic confirmé de COVID-19. Après trois mois de confinement, et malgré une augmentation du nombre de cas en juin, le 8 juin, l’économie a été rouverte dans différentes municipalités, principalement rurales et agricoles, dans le cadre d’une « réouverture intelligente de l’économie ». Des hôpitaux et des centres de santé dans tout le pays ont signalé un manque d’équipement de protection individuelle et de ressources pour soigner les patients. Divers médias nationaux et internationaux ont rapporté des cas de corruption entourant les hôpitaux mobiles soutenus par le gouvernement.
La réponse du Salvador a été similaire à celle du Honduras, qui a imposé le confinement à de nombreuses régions du pays à la mi-mars. Depuis le début de l’épidémie, le Salvador a signalé 27 009 cas et 788 décès*. La capitale, San Salvador, est l’épicentre de l’épidémie. Les centres de santé et les hôpitaux ont suspendu les consultations externes. La situation a donc privé la population de traitements contre des maladies chroniques, de services de planification familiale, de consultations prénatales et postnatales, de soutien en santé mentale et d’activités communautaires, notamment dans des régions historiquement touchées par la violence. Il y a un manque évident d’accès aux services de santé de base. Le ministère de la Santé a signalé une augmentation des grossesses chez les adolescentes, avec près de 3 000 cas qui sont survenus pendant le confinement. Au 21 août, il y avait une tendance à la baisse depuis 13 jours dans les cas de COVID-19.
L’intervention de MSF en cinq volets
1. Équipes mobiles et cliniques
Les équipes COVID-19 mobiles de MSF travaillent dans différentes régions du Mexique pour établir des protocoles de biosécurité (contrôle/prévention des infections et gestion de l’eau et de l’assainissement) dans les hôpitaux COVID-19, les hôpitaux communautaires et les centres de santé. Ces protocoles permettront de garantir la sécurité du personnel soignant et des patients. L’équipe a travaillé dans les États de Mexico, Guerrero et Oaxaca, et travaille maintenant dans l’État de Tabasco.
Au Salvador, les services d’ambulance MSF dédiés au transport des patients COVID-19 ont continué d’opérer afin d’alléger la charge de travail du système d’urgence public. Les cliniques mobiles MSF se poursuivent dans les communautés de San Salvador et de Soyapango qui ont été touchées par la violence. MSF poursuit ses activités de prévention et de promotion de la santé pour lutter contre la COVID-19. MSF fournit des soins de santé mentale dans un centre d’isolement pour les personnes ayant été expulsées du Mexique et des États-Unis, et évalue d’autres centres et refuges pour d’éventuelles interventions.
2. Centres de traitement de la COVID-19
À Matamoros et Reynosa, près de la frontière nord du Mexique, MSF prend en charge des patients présentant des symptômes légers ou graves dans deux centres COVID-19 installés sur chaque campus de l’université d’État. Les deux centres ont la capacité d’accueillir 20 patients gravement malades et nécessitant de l’oxygène concentré, et disposent des zones d’isolement pour les patients présentant des symptômes légers et les cas suspects qui n’ont pas la possibilité de s’isoler. Ces patients peuvent être des migrants, des rapatriés, des sans-abris ou des personnes qui n’ont pas assez d’espace dans leur maison pour s’isoler de leur famille. Les centres ont mis en place un système de santé complet où les patients peuvent recevoir des soins médicaux et psychosociaux.
À Tegucigalpa, la capitale hondurienne, MSF a ouvert une clinique de traitement dans les installations sportives de l’Université nationale, pour les patients ayant développé la forme grave de la COVID-19. L’objectif de ce projet est d’éviter que les hôpitaux du système de santé métropolitain ne deviennent surchargés, et de soigner les patients de manière globale, en offrant des services de santé mentale, de travail social et de promotion de la santé.
3. Refuges pour migrants
Les demandeurs d’asile et les migrants font face à une situation qui s’aggrave pendant la pandémie de COVID-19, en raison de l’incertitude quant à leur processus de demande d’asile, de la stigmatisation, ainsi que de l’hygiène précaire et du manque d’espace dans les refuges. En conséquence, à Nuevo Laredo, dans le nord du Mexique, MSF évalue tous les refuges pour migrants où plus de 200 personnes sont en isolement et met en œuvre toutes les mesures pertinentes de contrôle et de prévention des infections. Des soins de santé de base et un soutien psychosocial sont fournis aux résidents, au personnel et parfois aux membres des communautés environnantes.
À Reynosa et Matamoros, l’équipe de la clinique mobile de MSF offre des services de santé complets (y compris des services médicaux, de promotion de la santé, de santé mentale et de travail social) dans des refuges pour migrants et demandeurs d’asile. Les équipes ont adapté leurs activités depuis mars et ont instauré des triages pour détecter d’éventuels cas de COVID-19 et les orienter vers les centres MSF de traitement de la COVID-19 ou d’autres structures si nécessaire.
Dans la ville de Tenosique, dans l’État méridional de Tabasco, MSF continue d’offrir des soins de santé (physique et psychologique) complets aux migrants du refuge La 72. MSF a également évalué et mis en œuvre des mesures de prévention et de contrôle des infections et la prise en charge psychosociale dans 15 refuges pour migrants à Mexico et un autre dans l’État de Mexico.
4. Route migratoire
Une équipe d’intervention multidisciplinaire COVID-19 (agent de promotion de la santé, psychologue, logisticien, responsable eau et assainissement et contrôle/prévention des infections) a été formée pour fournir soutien technique, formation et plaidoyer afin d’aider à prendre les décisions de prévention et contrôle de la COVID-19 dans les refuges de migrants le long de la route migratoire mexicaine. Cette équipe fournit également un soutien psychosocial aux migrants et au personnel ayant une infection soupçonnée ou confirmée par la COVID-19, ou ayant été en contact avec un cas positif.
À Matamoros, MSF prend en charge les demandeurs d’asile dans un camp improvisé qui s’est créé suite aux Protocoles de protection des migrants, où les gens attendent leurs audiences d’asile aux États-Unis. MSF dispose d’une équipe de soins de santé complète et offre des activités de promotion de la santé incluant la prévention de la COVID-19, et d’une équipe médicale qui a instauré un système de triage pour détecter d’éventuels cas de COVID-19.
5. Lignes de soutien
Une ligne téléphonique et un numéro WhatsApp ont été mis en place afin que les psychologues MSF puissent fournir à distance des soins psychologiques aux migrants et réfugiés à travers le pays, ainsi qu’aux personnes isolées par la violence à Guerrero.
À Tegucigalpa et Choloma, au Honduras, MSF a mis en place deux lignes téléphoniques de santé mentale pour les survivants de violences et de violences sexuelles. Les psychologues MSF rapportent en ce moment une augmentation des consultations en santé mentale.
- Pour en savoir plus sur l’intervention de MSF auprès des réfugiés et des demandeurs d’asile
- En savoir plus à propos de l’impact de la COVID-19 sur le travail médical humanitaire de MSF
* Les données étaient à jour au 14 septembre 2020