A Australian embassy staff member talks to civil society protestors as they hand over a memorandum to the embassy. Members of various civil societies gathered outside the embassies of the United States, United Kingdom, Australia, Canada, Brazil, and other countries which opposed a temporary patent waiver on COVID-19 vaccines which was proposed to the World Trade Organization by South Africa and India. Picketers stood outside embassies and handed over letters calling on these countries to support the TRIPS Waiver to allow for more drug manufacturers to have access to vaccine designs. © Tadeu Andre/MSF
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MSF : Un accès équitable immédiat aux vaccins contre la COVID-19 est essentiel pour l’Afrique australe et le monde afin d’éviter davantage de souffrances et de décès

Une action urgente est requise de la part des dirigeants des pays riches, des sociétés pharmaceutiques et de COVAX avant qu’il ne soit trop tard

Alors que la COVID-19 continue de déferler sur l’Afrique australe et subsaharienne, et que la situation est aggravée par un variant hautement infectieux du virus et des systèmes de santé éprouvés et fragiles, l’accès aux vaccins et leur distribution de manière équitable sont plus critiques que jamais.

Avec les plus récentes données initiales qui indiquent que certains vaccins contre la COVID-19 pourraient être moins efficaces que d’autres face au variant 501Y.V2 découvert pour la première fois en Afrique du Sud*, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les États riches et les sociétés pharmaceutiques à trouver des solutions urgentes pour assurer que tous les pays puissent accéder rapidement et à moindre coût à des vaccins efficaces, avant qu’il ne soit trop tard.

« L’émergence de nouveaux variants de la COVID-19 devrait être une considération majeure pour déterminer comment attribuer les vaccins à chacun des pays dans le monde. Nous avons déjà vu l’Afrique du Sud forcée d’arrêter et d’adapter le déploiement prévu d’un vaccin particulier en raison de résultats indiquant une diminution de l’efficacité contre le variant dominant 501Y.V2 », déclare le Dr Tom Ellman, directeur de l’unité médicale de MSF en Afrique australe.

« Une allocation et une distribution véritablement équitables de vaccins devraient permettre aux pays d’acquérir non seulement des vaccins, mais les bons vaccins, qui sont adaptés à la présence de nouveaux variants et aux facteurs contextuels, et au bon moment et au bon prix. Sans le soutien rapide des dirigeants des États riches et des sociétés pharmaceutiques à cet égard, nous risquons de générer de nouvelles pandémies de COVID-19 résistante aux vaccins. Les interdictions de voyager ne peuvent empêcher une telle situation de se produire, mais l’équité et la solidarité le peuvent », poursuit le Dr Ellman.

La semaine dernière, l’Afrique du Sud s’est démenée pour acquérir un différent candidat-vaccin afin de protéger ses travailleurs de la santé de première ligne les plus exposés; le déploiement limité a été réalisé dans le cadre d’une étude de mise en œuvre qui a débuté cette semaine. Toutefois, il est évident que l’accès aux vaccins pour les pays à revenu faible ou intermédiaire restera un enjeu de taille, à moins que les problèmes systémiques liés aux accords protectionnistes entre les pays riches et les sociétés pharmaceutiques ne soient réglés. L’Afrique du Sud propose maintenant de partager son lot initial de vaccins non utilisés avec l’Union africaine pour une utilisation dans les pays où le variant 501Y.V2 n’est pas prédominant.

À ce jour, plus de 174 millions de personnes dans le monde ont été vaccinées, dont presque aucune en Afrique. De plus, de nombreux pays développés ont commandé deux à trois fois plus de vaccins que ce dont leur population a réellement besoin, et certains sont même prêts à recevoir des vaccins de COVAX, sur lesquels de nombreux pays en développement comptent exclusivement pour accéder aux vaccins. Pire encore, ces mêmes pays qui ont déjà vacciné nombre de leurs travailleurs de la santé ont bloqué pendant des mois les efforts menés par l’Afrique du Sud et l’Inde pour renoncer à la protection de la propriété intellectuelle sur les produits médicaux contre la COVID-19, y compris les vaccins, à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Cette décision pourrait permettre aux pays à revenu faible ou intermédiaire de produire ou d’accéder à ces produits à un prix plus abordable grâce à des transferts de technologie, à une fabrication locale accrue et à la concurrence des prix à moyen terme.

« Ce à quoi nous assistons actuellement, c’est un échec inacceptable de l’humanité et de la réponse mondiale. Nous dénonçons les pays qui accaparent de grandes quantités de vaccins et qui ont commencé à vacciner les groupes à faible risque, car cela se fait au détriment des pays en développement qui n’ont même pas commencé à vacciner le personnel médical de première ligne dans les établissements de santé déjà au point de rupture », déclare Claire Waterhouse, coordinatrice régionale du plaidoyer de MSF.

Les équipes MSF assurent le traitement et la prévention de la COVID-19 dans différentes communautés de l’Afrique australe – en Eswatini, au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud et au Zimbabwe – depuis le début de la pandémie. Après les fêtes de fin d’année, la région a été secouée par la survenue soudaine d’une deuxième vague d’infections à la COVID-19. Plusieurs pays d’Afrique australe ont enregistré plus de nouveaux cas de COVID-19 au mois de janvier 2021 que dans toute l’année 2020.

« Le personnel de MSF a été témoin des graves répercussions de la deuxième vague sur cette région, ses habitants et ses systèmes de santé, qui ont eu du mal à faire face à l’afflux soudain de patients. En Afrique du Sud, il n’y avait pas suffisamment de travailleurs de la santé dans de nombreux points chauds, et les hôpitaux ont eu peine à répondre aux demandes de soins », explique Philip Aruna, directeur des opérations régionales de MSF en Afrique australe.

« Alors que la vague de nouvelles infections commence à ralentir dans certains de ces pays, nous nous préparons maintenant à la possibilité de futurs pics d’infections à la COVID-19 à mesure que le virus continue de s’adapter et de se propager. Un déploiement rapide des vaccins les plus efficaces dans le contexte aurait un impact significatif sur la réduction des infections et des décès futurs chez les travailleurs de la santé et les groupes les plus vulnérables. Cependant, la plupart des pays d’Afrique australe, et en fait les pays en développement, n’ont pas encore reçu les quantités de vaccins dont ils ont besoin », conclut Philip Aruna.

Le système d’accès aux médicaments et aux vaccins doit changer à tous les niveaux. La solution pour juguler la menace mondiale de la COVID-19 est que les dirigeants des États et des sociétés pharmaceutiques agissent de toute urgence en reconnaissant le fait que tant que chacun n’aura pas accès aux vaccins adaptés à sa réalité, tous les pays en paieront le prix.

  • MSF exhorte les gouvernements des pays riches qui ont immunisé leurs travailleurs de la santé de première ligne et les groupes hautement vulnérables à aider désormais les pays à revenu faible et intermédiaire en partageant leurs stocks avec COVAX.
  • En outre, MSF exhorte les dirigeants des sociétés pharmaceutiques à suspendre ou à mettre fin aux accords bilatéraux qui sur-approvisionneraient les pays riches en vaccins afin de donner la priorité à la provision de vaccins à COVAX ou aux accords bilatéraux pour les pays qui n’ont pas encore vacciné leurs travailleurs de la santé et leurs groupes hautement vulnérables.
  • MSF appelle les dirigeants de COVAX, de GAVI – l’Alliance du Vaccin, de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, de l’Organisation mondiale de la Santé et des États donateurs à prendre des mesures immédiates pour assurer sans tarder une transparence sur les calendriers d’approvisionnement de COVAX, afin que les pays à revenu faible et intermédiaire connaissent le prix , les quantités et la date de livraison des vaccins qu’ils recevront.

« Bien que le mécanisme COVAX soit conçu spécifiquement pour une distribution et un développement équitables des vaccins, il n’a pas encore livré un seul vaccin à quelconque pays. COVAX manque de transparence cruciale envers les pays participants. Clairement, le système mondial d’accès aux vaccins est intrinsèquement défectueux, et nous exhortons GAVI et les pays donateurs de COVAX à le reconnaître et à prendre les mesures qui s’imposent pour rectifier la situation », déclare Claire Waterhouse.

« Ils doivent agir maintenant! Chaque jour de retard dans la réception des vaccins contre la COVID-19 est un jour de plus où les travailleurs de la santé en Afrique australe et dans les pays en développement courent un grand risque alors qu’ils continuent de soigner les malades.