Une membre du personnel médical vérifie la tension artérielle d’une femme dans une clinique mobile de MSF qui offre des soins gratuits aux familles dans les camps et les communautés autour de Gaal Kacyo, dans le Mudug. Somalie, 2025. © Mohamed Abdirahman/MSF
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Somalie : des soins de santé gratuits pour les mères et les enfants de la région de Mudug

MSF offre des soins maternels et pédiatriques aux familles touchées par les conflits, la malnutrition et les déplacements.

Fatima Abdi Ali a souffert de complications potentiellement mortelles lors de sa septième grossesse. Elle et son mari ont alors dû parcourir plus de 125 kilomètres depuis l’Éthiopie pour se rendre à l’hôpital régional de Mudug, à Gaal Kacyo Nord. C’était l’installation la plus proche équipée pour répondre à une telle urgence. Sur place, les membres de l’équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) ont pratiqué une césarienne d’urgence, sauvant ainsi Fatima et son bébé. « Ils ne nous ont pas demandé d’argent une seule fois », raconte-t-elle en berçant son nouveau-né. « Ils m’ont traitée avec beaucoup de respect et de dignité. »  

La région de Mudug a été ravagée par des années de conflit et de sécheresse. Les services de santé étant limités, les mères et les enfants doivent souvent parcourir de longues distances sur des routes dangereuses, car les cliniques locales ne sont pas en mesure de traiter les urgences. Peu de femmes accouchent avec l’aide de personnel de santé qualifié, et beaucoup ne se présentent pas aux visites prénatales recommandées.  

Halima Abdi Adan a marché pendant des heures avec son enfant de deux ans fiévreux pour se rendre à l’hôpital, où MSF traite la rougeole, la pneumonie et la malnutrition aiguë. « Les gens ici lui ont sauvé la vie », dit-elle.

Ambaro Abdi Muudey et sa fille de 12 ans, Rahma, vivent depuis six mois dans un abri de fortune en bâche dans un camp de personnes déplacées à l’intérieur du pays. « Il n’y a plus que ma fille et moi maintenant. Nous avons tout laissé derrière nous pour sauver notre vie », raconte-t-elle. Somalie, 2025. © Mohamed Abdirahman/MSF

La famine croissante et les déplacements de personnes aggravent ces difficultés. L’analyse effectuée par les autorités et les agences des Nations Unies après la principale saison des pluies en Somalie (la saison Gu) a révélé que 3,4 millions de personnes étaient confrontées à une crise ou à des niveaux encore plus graves d’insécurité alimentaire aiguë entre juillet et septembre 2025. Cela représente environ 18 % de la population totale.    

Le rapport montre également que 4,4 millions de personnes, soit 23 % de la population, pourraient être confrontées à une crise ou pire d’ici la fin de l’année. On estime qu’environ 1,85 million d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë entre août 2025 et juillet 2026. De ce nombre, 421 000 risquent d’être gravement dénutris.  

En raison du manque de financement, l’aide alimentaire est distribué à 375 000 personnes par mois, au lieu des 1,3 million précédemment. Cette situation aggrave la faim des familles et pousse davantage de mères et d’enfants à se rendre dans des installations de santé dans un état de santé critique. 

« Les mères et les enfants ne devraient pas payer le prix de l’éloignement et des coupes dans le financement. Nous avons besoin d’une assistance ciblée sur la santé maternelle, la nutrition et la vaccination afin que les parents n’aient pas à choisir entre le transport et les soins. »

– Mohammed Ali Omer, responsable des programmes de MSF en Somalie

Une pression croissante sur les services de santé

Face à cette crise, MSF soutient le ministère de la Santé à Gaal Kacyo Nord et Sud pour offrir des services maternels et pédiatriques gratuits.  

À l’hôpital régional de Mudug, dans le nord, nos équipes gèrent les services de maternité, de pédiatrie, de néonatologie, d’urgence et de nutrition. Elles apportent également leur soutien à l’unité de traitement de la tuberculose. De plus, trois cliniques mobiles offrent des consultations, de la vaccination et des dépistages nutritionnels dans 23 camps pour personnes déplacées.  

Dans le sud, MSF apporte son soutien à l’hôpital de Gaal Kacyo Sud et à trois cliniques qui offrent des services de santé maternelle, de néonatologie, de la vaccination et des soins d’urgence.  

Entre janvier et juin 2025, les équipes de MSF ont assisté 3 076 accouchements, soit une augmentation de 3,6 % par rapport à la même période en 2024. Les consultations prénatales ont diminué de 8 % pour atteindre 19 777. Cela suggère que davantage de femmes ne reçoivent pas de soins préventifs et arrivent plus tardivement ou dans un état plus critique.  

Les admissions pour malnutrition ont augmenté de 49,6 %, principalement en raison de cas de malnutrition aiguë modérée avec complications nécessitant un traitement. Les admissions pour malnutrition aiguë sévère sont restées globalement similaires à celles de l’an dernier. Dans l’ensemble, ces tendances montrent une pression croissante sur les services, alors que d’autres formes de soutien diminuent. 

« Les mères et les enfants ne devraient pas payer le prix de l’éloignement et des coupes dans le financement », déclare Mohammed Ali Omer, responsable des programmes de MSF en Somalie. « Nous avons besoin d’une assistance ciblée sur la santé maternelle, la nutrition et la vaccination afin que les parents n’aient pas à choisir entre le transport et les soins. » 

« Nous voyons arriver des gens dans un état critique après avoir voyagé pendant des heures, car les services à proximité sont limités », explique Jarmila Kliescikova, coordonnatrice médicale de MSF en Somalie. « Des structures de santé fonctionnelles permettront de rendre les soins accessibles, ce qui peut faire la différence entre une maladie gérable et une urgence mettant la vie en danger. »