Hizam Naji Saleh Al Muqaybihi, 26 years old, from Yemen, arrived in Belgium for 4 month. On March 25, he came to the Humanitarian hub managed by MSF and other organisations to have a medical consultation. After the consultation, Hizam has been declared “suspected” of having contractaed Covid-19, aka Coronavirus. “I came to Belgium to seek asylum. Out of fear for myself and others, I experienced symptoms that could indicate being infected by the new so-called Corona Virus and I came to check if I was indeed infected by the virus. We don’t know why things around here changed. The office receiving asylum application closed and many Belgian governmental facilities also closed and we don’t know what could happen in the coming days.”
PARTAGEZ

Yémen : « Nous voyons beaucoup de gens comme ça, beaucoup de gens qui meurent rapidement »

Une voiture arrive devant le bâtiment blanc du centre de traitement de la Covid-19 de Médecins Sans Frontières (MSF) à Aden. C’est un homme d’une soixantaine d’années qui tousse et peine à respirer. Il réussit à se hisser dans un fauteuil roulant, et l’équipe l’emmène dans l’unité de soins intensifs pour le mettre sous oxygène. Quatre heures plus tard, il décède.​

 

 A Aden, la covid-19 frappe à une vitesse effroyable, de façon brutale. La ville est en proie à une épidémie catastrophique de coronavirus. « Nous voyons beaucoup de gens comme ça », explique Thierry Durand, le coordinateur du projet qui a mis en place le centre de traitement. « Beaucoup de gens qui meurent rapidement. Ils arrivent dans un état déjà grave, et il est déjà trop tard. La population ne parvient pas à comprendre comment les gens peuvent mourir aussi rapidement» Du 30 avril au 24 mai, le centre a admis 228 patients, dont 99 sont décédés. « Nous ne voyons que des cas graves », déclare Thierry Durand. «Nous les soignants, nous nous sentons impuissants. La seule chose qu’on peut faire c’est mettre les patients sous oxygène. Il y a des jours où nous avons eu jusqu’à 13 morts. »

 Le centre de traitement connaît un taux de mortalité équivalent aux unités de soins intensifs en Europe et aux États-Unis, mais à Aden il ne s’agit pas d’un hôpital bien équipé et intégré à un réseau d’hôpitaux qui le soutiendrait. Cela fait une grande différence. Nous avons récupéré une partie, rénovée à la hâte, d’un ancien hôpital contre le cancer, en bordure de ville. Tout le système de santé s’est effondré à cause de cinq années de guerre. Et les habitants sont plongés fréquemment dans l’obscurité lors des coupures de courant. Cette unité est la seule structure dédiée au traitement de la covid-19 jusqu’à présent.

 « Nous réutilisons les équipements de protection individuelle (EPI) parce que nous n’en avons pas assez », déclare le Dr Khairil Musa, spécialiste australien des soins intensifs travaillant avec MSF à Aden. « L’accès aux tests est incroyablement limité. Nous n’avons pas assez de ventilateurs, nous avons besoin de plus de concentrateurs d’oxygène et d’une chaîne d’approvisionnement fiable. Régulateurs, tubes, masques. Tout cela nous fait souvent défaut. C’est un énorme défi. »

La cour du centre de traitement est remplie de rangées de bouteilles d’oxygène. 250 cylindres sont nécessaires chaque jour pour les patients qui tentent de continuer à respirer tant bien que mal. « Si on schématise : le coronavirus diminue l’oxygène dans le corps, pour le traiter il faut donc compenser ce manque », poursuit Dr Khairil Musa. « Cela semble simple, mais les patients ont besoin d’un niveau d’oxygène extrêmement élevé. » Les patients présentant une forme sévère de la maladie ont besoin d’une énorme quantité d’oxygène par minute. Cela représente un énorme défi en termes d’approvisionnement à Aden. « Les besoins en oxygène sont effrayants », déclare Thierry Durand, lorsqu’on le questionne sur les principales difficultés pour fournir de l’oxygène aux patients. « Il n’y a pas d’oxygène centralisé, pas d’oxygène liquide. Pourtant, Aden dispose d’un certain nombre de ressources, qu’elles soient matérielles ou humaines. Je vous laisse imaginer les endroits plus reculés du Yémen. »

« Nous faisons des rondes pour vérifier les niveaux d’oxygène des patients », explique Dr Khairil Musa. « Parfois, les patients vont bien, puis vous revenez un instant plus tard et ils sont morts. D’autres sont à bout de souffle. Ce sont eux qui meurent rapidement. Ils se fatiguent et arrêtent de respirer. »

Un si grand nombre de décès pose également le problème de la gestion des cadavres. « Nous n’avons pas de morgue dans le centre », continue Dr Khairil Musa. « Il y a un Imam qui vient récupérer les cadavres et les ramener aux familles, mais il n’y a pas assez de personnes pour manipuler les corps, alors ils peuvent rester là un certain temps. » Des images de drones prises par des journalistes ailleurs dans la ville montrent des rangées de tombes, fraîchement creusées. Les chiffres fournis par les autorités indiquent un nombre d’enterrements quotidiens dans la ville de 80 à 90 au cours des dernières semaines, contre 10 avant l’épidémie. 

« Le personnel de santé souffre », déclare Thierry Durand. « Il souffrent car ils ne peut pas sauver ses patients, il souffre parce qu’il y a tellement de morts. » 

Les équipes travaillent sans relâche et se mobilisent pour recevoir plus de matériel le plus rapidement possible, notamment l’oxygène. Bientôt, le centre sera agrandi pour atteindre une capacité de 72 lits. Cependant, le système de santé yéménite a un besoin de plus d’aide de la part des Nations unies et des pays donateurs pour pouvoir répondre à l’épidémie de coronavirus et éviter que le situation ne se détériore davantage. « La crise nous submerge, on ne peut l’affronter seuls», déclare Dr Khairil Musa.