Des membres du personnel de MSF déchargent des approvisionnements d’un camion à Bambo. République démocratique du Congo, 2025. © MSF
PARTAGEZ

République démocratique du Congo : des familles fuient les violences dans la région de Bambo

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à une action urgente pour protéger les personnes et répondre à leurs besoins essentiels.

Depuis la mi-mai, en raison de la reprise des combats entre le groupe armé M23/AFC, les forces armées congolaises et leurs alliés respectifs, des milliers de personnes se sont réfugiées à Bambo, au Nord-Kivu. 

Dans cette ville du territoire de Rutshuru, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la situation est critique. La plupart des personnes ont fui en laissant derrière elles tous leurs biens. Elles dorment à même le sol, sans moustiquaires, et n’ont pas accès à de l’eau potable, du savon ni à des installations sanitaires.

Bambo est submergée par les personnes récemment arrivées

Les personnes déplacées depuis la reprise des combats disent être venues à Bambo pour trouver un dernier refuge. Beaucoup rapportent avoir fui des scènes d’extrême violence, des maisons brûlées, des villages bombardés, des pillages et des exactions commises contre les personnes civiles, dont des exécutions sommaires. Beaucoup craignent de nouveaux affrontements directs entre groupes armés dans la ville.

« Nous avons entendu des explosions de bombes venant du village de Kabizo, c’est alors que nous avons fui. Je suis venu à Bambo à pied avec toute ma famille, laissant derrière nous toutes nos affaires. Ici, nous n’avons pas de quoi nous abriter et nous trouvons difficilement de l’eau. Nous nous sentons humiliés de vivre ainsi. »

–  Une personne déplacée récemment arrivée à Bambo

Plus de 11 050 ménages se sont réfugiés chez des familles d’accueil et plus de 1 000 familles survivent dans des abris de fortune, des écoles ou des églises transformées en lieux d’hébergement informels. Les ressources locales ne suffisent pas à répondre aux besoins. 

Une personne déplacée récemment arrivée à Bambo partage son expérience : « Le 17 mai, des hommes armés ont organisé un rassemblement et ont ordonné à toute la communauté de quitter le village. Le lendemain, vers 10 heures, nous avons entendu des explosions de bombes venant du village de Kabizo, c’est alors que nous avons fui. Je suis venu à Bambo à pied avec toute ma famille, laissant derrière nous toutes nos affaires. Ici, nous n’avons pas de quoi nous abriter et nous trouvons difficilement de l’eau. Nous nous sentons humiliés de vivre ainsi. » 

Les équipes de MSF ont distribué des articles ménagers à plus de 1 000 familles déplacées. Elles ont mis en place des structures d’approvisionnement en eau et en assainissement, et construit des latrines et des douches. Afin d’améliorer l’accès aux soins, nous avons renforcé temporairement les capacités de l’hôpital général de Bambo. Cependant, les centres de santé sont débordés, la réponse humanitaire demeure insuffisante et MSF ne peut pas répondre à l’ensemble des besoins. 

Des membres du personnel de MSF préparent les approvisionnements qui seront distribués aux personnes déplacées. République démocratique du Congo, 2025. © MSF

L’hôpital de Bambo sous pression face à d’immenses besoins humanitaires

L’hôpital général de référence de Bambo, que soutient MSF, fait face à un afflux de personnes blessées, principalement touchées par des balles perdues ou des éclats d’obus. Le 15 mai, l’hôpital a reçu 20 personnes blessées, dont trois sont décédées, et le 26 mai, dix autres ont été prises en soins à la suite d’affrontements dans la ville. 

Malgré les perturbations causées par l’insécurité, les équipes médicales continuent de prodiguer des soins intensifs aux personnes blessées et de traiter les enfants souffrant de malnutrition sévère.

Le personnel de MSF décharge des approvisionnements à Bambo. République démocratique du Congo, 2025. © MSF

Craintes d’épidémies sur fond de hausse des taux de malnutrition

« Dans un contexte de ressources limitées, la situation actuelle aggrave la vulnérabilité des gens », explique François Calas, responsable des programmes de MSF en RDC. « Notre unité de traitement intensif pour les enfants malnutris, d’une capacité de 19 lits, est actuellement occupée à plus de 100 %. Nous allons devoir augmenter le nombre de lits pour faire face à cette augmentation de la malnutrition. » 

Une campagne de vaccination a permis d’immuniser près de 40 000 enfants dans la région de Bambo à la mi-mai. Malgré cela, nos équipes traitent de nombreux cas de rougeole, en particulier parmi les personnes récemment arrivées. Les conditions précaires dans les sites de déplacement informels font craindre de nouvelles épidémies, notamment de choléra. Nos équipes signalent également une augmentation du nombre de consultations pour les personnes ayant survécu à des violences sexuelles.