Un membre de l’équipe de MSF responsable de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement aide une jeune fille à porter ses bidons remplis d’eau. Palestine, 2025. © MSF
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Palestine : Les autorités israéliennes privent délibérément les gens de Gaza d’eau 

L’eau et les autres biens de première nécessité ne doivent pas être utilisés comme armes de guerre

Dans le cadre de sa campagne génocidaire, les autorités israéliennes privent délibérément les gens de Gaza d’eau, en plus de bloquer l’accès à la nourriture et aux soins de santé, rapporte Médecins Sans Frontières (MSF). Après 22 mois de destruction et de restriction d’accès aux infrastructures d’approvisionnement en eau essentielles par Israël, la quantité d’eau disponible dans la bande de Gaza est absolument insuffisante.

Des organisations comme MSF pourraient augmenter la quantité d’eau potable dans la bande de Gaza, mais Israël bloque les importations de fournitures essentielles au traitement de l’eau, comme des pièces de rechange et le chlore. Depuis juin 2024, une seule des dix demandes d’importation de matériel destiné au dessalement de l’eau déposées par MSF a été approuvée. 

Israël doit autoriser l’importation à grande échelle de matériel essentiel à la fourniture et à la distribution d’eau. L’armée israélienne doit cesser de détruire les infrastructures d’approvisionnement en eau et autoriser la réparation immédiate des systèmes endommagés afin de garantir aux gens un accès à l’eau potable. L’eau et autres biens de première nécessité ne doivent pas être utilisés comme armes de guerre.  

L’impact de la pénurie d’eau

Non seulement la quantité d’eau est globalement insuffisante, mais la dépendance au transport d’eau par camion-citerne n’est pas un moyen fiable pour s’approvisionner. En raison de l’ordre de déplacement forcé de l’armée israélienne qui touche 86 % de la bande de Gaza, il est dangereux pour les camions-citernes de tenter d’atteindre les communautés dans ces zones. La situation est d’autant plus grave que les gens n’ont pas la capacité de faire des réserves. 

La réduction de l’accès à l’eau potable à Gaza a entraîné une recrudescence des maladies. Au cours du dernier mois, les équipes médicales de MSF ont réalisé plus de 1 000 consultations par semaine pour des cas de diarrhée aqueuse aiguë. Sans eau suffisante pour leur hygiène, de plus en plus de personnes sont atteintes d’affections cutanées, comme la gale. 

L’eau potable est également essentielle pour les hôpitaux. Elle permet de freiner la propagation des infections et de maintenir l’hydratation des personnes hospitalisées afin que leur corps puisse guérir de leurs blessures et de leurs maladies. 

« Il y a trop peu d’eau pour trop de personnes », explique Mohammed Nsier, responsable de l’eau et de l’assainissement pour MSF à Gaza. « La quantité que nous pouvons fournir est très faible par rapport aux besoins, et les conditions sont extrêmement difficiles. » 

Un responsable logistique de MSF supervise la distribution d’eau dans la ville de Gaza. Palestine, 2025. © MSF

Israël a créé des conditions qui rendent l’approvisionnement en eau presque impossible

Les autorités israéliennes, qui contrôlent depuis toujours une grande partie du débit d’eau à Gaza, compliquent délibérément les conditions d’accès à l’eau potable pour les communautés. Dans la bande de Gaza, il n’y a pas d’eau potable naturellement disponible à en raison de la salinisation et de la contamination des eaux usées par des produits chimiques. L’essentiel de l’eau provient des canalisations reliées à Israël et des usines de dessalement de Gaza, et ces infrastructures sont la cible d’attaques constantes. 

Depuis octobre 2023, Israël a bombardé à plusieurs reprises deux des trois canalisations d’eau qui alimentent Gaza. Ces dommages causés à l’ensemble du réseau entraîneraient la fuite de 70 % de l’eau qui circule dans ces canalisations. Par conséquent, l’eau provenant des usines de dessalement doit être distribuée par camion-citerne. Sur les 196 usines de dessalement gérées par des organismes publics et des ONG, plus de 60 % sont hors service en raison de leur emplacement ou des dommages subis. 

« Il y a trop peu d’eau pour trop de personnes. La quantité que nous pouvons fournir est très faible par rapport aux besoins, et les conditions sont extrêmement difficiles. » 


– Mohammed Nsier, responsable de l’eau et de l’assainissement pour MSF à Gaza.
Des gens remplissent leurs bidons au point de distribution d’eau de MSF situé à côté de la clinique Al-Mawasi. Palestine, 2025. © MSF

Israël entrave les efforts des ONG pour réparer les dommages et empêche la distribution du peu d’eau disponible

Les organisations humanitaires sont prêtes à réparer les canalisations et les infrastructures de distribution d’eau endommagées qui existaient avant octobre 2023. Mais à plusieurs reprises, Israël a entravé ces efforts en refusant l’accès à ces sites.

Pour les endroits accessibles, les réparations se résument à des techniques « Frankenstein ». Il s’agit de récupérer des pièces d’un générateur ou de sites endommagés pour en réparer d’autres, et tentant désespérément de s’approvisionner localement en pièces détachées. Il n’y a pas d’autre choix, car Israël empêche l’entrée à Gaza des pièces nécessaires à la réparation de ces infrastructures. En raison de ces blocages délibérés, lorsque des pièces arrivent, c’est avec des mois de retard. 

Sept unités de traitement d’eau de MSF produisent suffisamment d’eau pour que 65 000 personnes puissent recevoir 7,5 litres par jour, soit une fraction des besoins réels. Depuis des mois, MSF tente d’installer neuf nouvelles unités de traitement à Gaza, ce qui augmenterait considérablement sa capacité de production d’eau. Mais parce qu’Israël n’a pas délivré d’autorisations ni autorisé l’entrée de ces unités à Gaza, ces efforts sont restés vains. 

Lorsque les camions-citernes réussissent à atteindre les usines de dessalement, la distribution de l’eau se heurte également à des obstacles majeurs. Atteindre les gens en toute sécurité est quasiment impossible, car l’intensification des opérations militaires et les bombardements dans les zones dites sûres contraignent le déplacement constant des points de distribution. En 2025, MSF a dû cesser de fournir de l’eau dans au moins 137 points de distribution. Pour se procurer de l’eau potable, les gens doivent parcourir de longues distances à pied, chargés de leurs lourds bidons. 

« Vous voyez la situation dans laquelle sont les gens, tout le monde a désespérément besoin d’eau », confie une femme qui attend une distribution d’eau de MSF dans la ville de Gaza. « Honnêtement, c’est très, très difficile d’avoir de l’eau. Même marcher un peu est très difficile. Je ne sais pas quoi vous dire, c’est une torture. » 

Les dangers liés à la collecte d’eau sont aggravés par ces restrictions, la rareté créant des tensions lors des distributions. Des personnes ont confié aux équipes de MSF craindre d’aller chercher de l’eau. Nous voyons des enfants se perdre lorsque les sites de distribution sont forcés de déménager à cause d’un ordre de déplacement ou d’une frappe aérienne. Ils se perdent également parce que des dommages importants ont rendu leur environnement méconnaissable. 

« Comme pour la nourriture, les fournitures et les soins de santé, l’armée israélienne restreint l’accès à l’eau au strict minimum », explique Ozan Agbas, responsable des urgences chez MSF. « En s’abstenant de couper complètement l’approvisionnement en eau, elle s’autorise un déni plausible tout en privant les Palestiniennes et les Palestiniens de leurs moyens de survie. »