A health promotion session in progress for Rohingya women in the refugee camps in Cox’s Bazar, Bangladesh. Health promoters usually invite several families to a session, to raise awareness around the importance of seeking healthcare. The team also discusses the availability of medical and mental healthcare at MSF facilities. © Elizabeth Costa/MSF
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Bangladesh : la réduction des rations alimentaires aura de graves répercussions sur la santé des personnes réfugiées

Selon Médecins Sans Frontières (MSF), la réduction des rations alimentaires distribuées à environ un million de réfugiés et réfugiées rohingyas dans le district de Cox’s Bazar, au Bangladesh, augmentera leur risque de malnutrition et aura de graves répercussions sur leur santé. Citant le manque de financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) a en effet réduit les rations de 17 %, ramenant le nombre de calories par personne en dessous de la norme minimale acceptée de 2 100 calories par jour.

Confinées dans les camps et privées du droit de trouver un emploi formel, les personnes issues de la communauté rohingya qui vivent dans les camps du district de Cox’s Bazar ne peuvent compléter par elles-mêmes les maigres rations alimentaires déjà inférieures à l’apport calorique quotidien recommandé. Ainsi privés de leurs moyens, ces gens regroupés dans ce qui est devenu le plus grand groupe de camps de personnes déplacées au monde dépendent presque entièrement de l’aide alimentaire.

Une réduction de l’apport calorique expose les individus à la malnutrition et à l’anémie et affaiblit leur système immunitaire, ce qui augmente le risque d’épidémies de maladies infectieuses comme la rougeole et le choléra.

De nombreuses femmes enceintes qui reçoivent des soins prénatals dans les établissements de santé de MSF souffrent déjà de malnutrition. L’année dernière, 12 % des femmes enceintes de l’hôpital de Kutupalong et de la clinique de Balukhali ont reçu un diagnostic de malnutrition aiguë, et 30 % d’anémie.

Les mères qui souffrent de malnutrition et d’anémie courent un risque plus élevé de subir des complications pendant l’accouchement, tandis que leurs enfants à naître sont plus susceptibles de présenter des problèmes de santé. Même avec le niveau actuel de rations alimentaires, 28 % des bébés nés à l’hôpital de Kutupalong et à la clinique de Balukhali ont un faible poids à la naissance, ce qui augmente leurs chances de tomber malades et de souffrir de malnutrition.

De nombreuses personnes réfugiées dans les camps souffrent également de maladies chroniques telles que les maladies cardiaques, l’hypertension et le diabète de type II. MSF fournit actuellement des soins à une cohorte de plus de 4 500 personnes. Une saine alimentation demeure pourtant un élément essentiel de la gestion de l’état de santé des gens atteints de maladies non transmissibles. Un accès réduit à une nourriture adéquate augmenterait leur dépendance à l’égard des soins médicaux, ce qui pourrait accroître la demande auprès des services de santé déjà surchargés dans les camps.

Les services de santé dans les camps sont déjà soumis à d’énormes pressions, alors qu’ils luttent pour faire face aux impacts médicaux des conditions de vie désastreuses, y compris les fréquentes épidémies de gale, de dengue et de choléra qui résultent d’un mauvais assainissement, d’une eau stagnante et de latrines débordantes.

MSF craint qu’une réduction des rations alimentaires renforce le sentiment de désespoir qui prévaut déjà dans les camps et pousse davantage de Rohingyas à entreprendre de dangereux voyages en mer et sur la terre à la recherche d’une vie meilleure et d’un avenir plus prometteur.

« MSF s’est engagée à fournir aussi longtemps que nécessaire des services à la communauté rohingya, mais couvrir davantage de besoins médicaux dans les camps de Cox’s Bazaar dépasse les capacités de MSF », affirme Claudio Miglietta, représentant de MSF au Bangladesh.

« Le financement a diminué, et le nombre d’organisations humanitaires travaillant à Cox’s Bazar a lui aussi diminué de près de 80 %. Les bailleurs de fonds doivent redonner la priorité aux Rohingyas et réaffirmer leurs engagements financiers. »

MSF fournit des soins médicaux dans les camps de personnes réfugiées du district de Cox’s Bazar, au Bangladesh, depuis 1992. L’année dernière, les équipes de MSF ont réalisé plus de 750 000 consultations externes et fourni des soins hospitaliers à plus de 22 000 personnes.