Uno de los factores que preocupan a nivel de salud son las condiciones de higiene y alimentación para niños y niñas en condición de desplazamiento. © Santiago Valenzuela/MSF
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Colombie : Crise humanitaire croissante dans le Triangle de Telembí

Plus de 21 000 personnes ont dû quitter leur foyer depuis le début de 2021.

Une crise humanitaire se profile dans la région du Triangle de Telembí, dans le sud de la Colombie, près de la frontière avec l’Équateur, où la violence s’intensifie alors que les groupes armés luttent pour le contrôle du territoire. Depuis qu’un accord de paix a été signé en Colombie en 2016, des zones auparavant contrôlées par un seul groupe armé sont disputées par de nouveaux groupes. Au cours des deux dernières années, le conflit s’est intensifié dans les municipalités de Barbacoas, Magüí Payán et Roberto Payán, chassant les gens de leur maison et transformant de nouvelles zones en zones interdites.

Face à la situation, Médecins Sans Frontières (MSF) a envoyé une équipe d’urgence à Barbacoas en 2020, où elle continue à répondre aux besoins de la population.

MSF estime que 21 106 personnes – soit 23 % des 90 000 habitants officiels de la région – ont été contraintes de fuir Barbacoas, Roberto Payán, Magüí Payán et Tumaco au cours des six premiers mois de 2021. Six mille autres personnes ont été confinées chez elles ou dans leurs quartiers en raison des menaces de groupes armés et du risque de blessures causées par les mines antipersonnel.

 

Inaccessibilité aux ressources essentielles

 

« Nous voyons actuellement des centaines de familles atteindre les centres municipaux de Barbacoas, Magüí Payán et Roberto Payán; certaines mairies ont installé des abris, mais ceux-ci ne suffisent pas », explique Luis Angel Argote, coordonnateur MSF à Nariño. « Nous assistons maintenant à une surpopulation ainsi qu’à des conditions de vie désespérées. Dans de nombreux endroits, les gens n’ont pas accès à l’eau, à la nourriture ou aux médicaments. »

Depuis le début du conflit, les soins de santé sont largement hors de portée des communautés locales, y compris des femmes enceintes nécessitant des soins prénatals, des patients atteints de maladies chroniques et des personnes âgées, en raison du manque de centres de santé fonctionnels et des difficultés à se déplacer dans la région.

 

Luis Ángel Argote est coordonnateur de projet MSF à Nariño.
Luis Ángel Argote est coordonnateur de projet MSF à Nariño.Santiago Valenzuela/MSF

 

Le personnel de MSF a fourni aux communautés déplacées et confinées des soins médicaux, des soins de santé mentale et des médicaments et distribué des kits d’hygiène de base, des moustiquaires et des purificateurs d’eau. Au cours de la dernière année, MSF a également soutenu les établissements locaux qui prennent en charge les patients atteints de COVID-19.

Au cours de la première moitié de 2021, les médecins MSF ont traité 1 118 patients pour diverses affections : troubles musculo-squelettiques (exacerbés par le stress), maladies de la peau, infections des voies respiratoires associées à la COVID-19, anémie et autres conditions liées à la grossesse. Le paludisme est également un risque sanitaire majeur dans cette région tropicale.

 

Des conditions de vie qui se dégradent

 

Les deux principales préoccupations de MSF sont le manque d’eau potable et d’abris. « De nombreuses familles utilisent la rivière comme source d’eau, mais cette eau n’est pas bonne à boire », explique Luis Ángel Argote. « Avec l’arrivée de nouvelles familles, les refuges ont manqué d’espace, créant une grave surpopulation. Nous avons attiré l’attention sur cette situation à plusieurs reprises depuis l’année dernière, mais la situation ne s’est pas améliorée – en fait, elle s’est aggravée. »

De nombreuses personnes déplacées ont besoin d’un soutien en santé mentale compte tenu de la situation stressante dans laquelle elles vivent. « Elles ressentent de la peur, de l’angoisse, de la frustration et de l’impuissance en raison de leur exposition constante aux conflits armés », explique Jaume Rado, directeur national de MSF en Colombie. « Cela diminue leur capacité à faire face à la situation et affecte gravement leur santé mentale. »

 

À Roberto Payán, les familles déplacées utilisent l
À Roberto Payán, les familles déplacées utilisent l’eau de la rivière pour leurs besoins essentiels, notamment comme eau potable.Santiago Valenzuela/MSF

 

Mario, leader communautaire qui vit dans un refuge à Roberto Payán depuis avril, dit qu’il a peur de rentrer chez lui. « La situation est très tendue et il y a des mines antipersonnel », dit-il. « Nos quartiers ne sont sécuritaires pour personne. Ici, nous n’avons ni nourriture ni travail, mais si c’est un choix entre cela et risquer nos vies dans les districts, alors nous choisissons de rester ici. Nous demandons des bains et des douches parce que nous n’avons vraiment rien. »

Depuis le début de l’année, les équipes MSF ont distribué 3 083 kits d’hygiène, 1 340 matelas gonflables et aidé à équiper 12 cuisines communautaires pour les personnes déplacées.

« Au fil du temps, les risques physiques et psychologiques pour les personnes déplacées augmentent », explique Jaume Rado. « Plus d’aide est nécessaire, notamment en termes d’abris, de soins personnels et de nourriture. Les autorités doivent répondre à la crise dans la région et fournir une assistance immédiatement. J’ai peine à croire que les gens demandent de l’aide depuis l’année dernière et que la situation est toujours la même, voire pire. »