© MSF/Luis Angel Argote
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Colombie : MSF répond à la résurgence de violence dans le Norte de Santander et le Nariño

 

Après un répit temporaire au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, les habitants des régions de Norte de Santander et de Nariño en Colombie subissent des niveaux élevés de violence, notamment des massacres, des assassinats, des menaces et des déplacements forcés, en raison de différends entre divers groupes armés. La situation a de graves répercussions sur le bien-être physique et émotionnel de la population, selon les équipes de l’organisation internationale d’aide médicale et humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), qui travaille dans la région après avoir soutenu la réponse des autorités locales à la pandémie de COVID-19.

La recrudescence de la violence dans plusieurs régions de la Colombie a commencé à la fin de 2017, malgré l’accord de paix de 2016 entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mais ces derniers mois, elle a atteint des niveaux qui rappellent les pires années du conflit armé qui a secoué le pays pendant un demi-siècle.

 

Affrontements en hausse

Cette année, les communautés de Magui Payán ont dû se déplacer sept fois en raison d’affrontements entre les groupes armés se disputant le contrôle du territoire afin de profiter de son emplacement stratégique dans la zone Pacifique de Nariño. Lorsque les équipes MSF se sont rendues dans les communautés proches de la rivière Patia début octobre, elles ont constaté que tous les habitants du village de San Luis avaient fui et s’étaient réfugiés dans d’autres villes et villages.

La région Pacifique de Nariño est l’une des nombreuses zones touchées par la reprise des violences en Colombie du fait de la mise en œuvre irrégulière des accords de paix. Les civils subissent les conséquences du conflit entre plusieurs groupes armés.MSF/Luis Angel Argote

La situation est similaire dans les zones rurales de Cúcuta, Tibú et Puerto Santander. En juillet, quelque 800 personnes se sont réfugiées dans trois écoles après que huit personnes ont été tuées dans le village de Totumito-Carboneras. Parmi les déplacés, il y avait des Colombiens, des Vénézuéliens et des autochtones Wayuú. Les équipes MSF leur ont fourni des soins médicaux d’urgence et de base, ainsi que des soins psychologiques, pendant les 18 jours où ils ont été déplacés, et ont effectué des visites de suivi en santé mentale après leur retour chez eux.

Une violence qui affecte la santé et les conditions de vie

 

Selon les équipes MSF, les principaux effets sur la santé physique des personnes déplacées ou confinées dans certaines zones sont liés à leurs conditions de vie. Un manque d’eau potable et de mauvaises conditions d’assainissement entraînent souvent des troubles gastro-intestinaux et des problèmes de peau. En outre, la plupart des patients de MSF déclarent n’avoir eu aucun accès à des services médicaux pendant de longues périodes. L’absence de traitement approprié est particulièrement préoccupante pour les personnes atteintes de maladies chroniques, telles que le diabète et l’hypertension, et pour les personnes souffrant de troubles psychologiques.

Selon le personnel de MSF, la violence a eu un impact significatif sur la santé mentale des gens. L’impact des confrontations répétées et du risque omniprésent privent les gens du sentiment de sécurité et génèrent des niveaux élevés de stress et de peur, conduisant à des diagnostics d’anxiété et de dépression. Le conflit persistant et la situation sécuritaire instable empêchent les gens de reprendre leur vie quotidienne. « Tant que la situation reste instable, ces personnes seront exposées à des souffrances émotionnelles », a expliqué Steve Hide, chef de mission de MSF en Colombie.

Les effets directs de la violence sont exacerbés par le fait que de nombreuses personnes ont été exclues des soins de santé pendant de longues périodes. « Le conflit est chronique, tout comme l’absence de réponse des autorités », a indiqué Steve Hide. « Comme il manque de personnel médical qualifié et d’établissements de santé, la population n’arrive pas à se faire soigner en cas d’urgence ou d’accéder à des soins de santé de base ou à des soins en santé mentale. Et puisque le conflit continue de faire rage, la probabilité que cette situation change est de plus en plus mince. »