Covid-19 center set up in Blantyre, Malawi. © Marion Pechayre/MSF
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COVID-19 au Malawi : Une deuxième vague écrasante

 

Après avoir été relativement épargné par la pandémie de COVID-19 en 2020, le Malawi est balayé par une nouvelle vague qui se propage rapidement et surcharge le système de santé. Au cours des premières semaines de janvier, le nombre de cas positifs a doublé tous les quatre à cinq jours, alors que les capacités locales sont déjà saturées et que les vaccins ne seront pas accessibles avant plusieurs mois. Médecins Sans Frontières (MSF) a répondu à un appel des autorités sanitaires de Blantyre et a lancé une intervention d’urgence pour faire face à l’augmentation exponentielle du nombre de patients atteints de la forme sévère de la maladie dans la région.

 

Fabrice Weissman, membre de l’équipe d’intervention d’urgence COVID-19 de MSF au Malawi, décrit la situation.

Quelles sont les dernières informations sur cette nouvelle vague de COVID-19 au Malawi ?

 

L’épidémie prend rapidement de l’ampleur depuis la mi-décembre. À ce moment-là, la majorité des nouveaux cas positifs étaient des travailleurs malawites de retour d’Afrique du Sud, alors qu’aujourd’hui, presque tous les nouveaux cas sont liés à une transmission communautaire. Il y a une très forte probabilité que le variant 500Y.V2 de la COVID-19 identifié en Afrique du Sud soit responsable de cette deuxième vague. Selon les données scientifiques actuelles, ce variant est 50 % plus transmissible que la souche d’origine, ce qui a entraîné une forte hausse du nombre de personnes nécessitant une hospitalisation. Ce nombre a doublé chaque semaine depuis début janvier. Si l’épidémie dans le pays suit le même schéma qu’en Afrique du Sud (où la deuxième vague a atteint son pic après neuf semaines), on peut s’attendre à ce que le nombre de patients présentant la forme grave de la maladie et nécessitant des soins hospitaliers augmente de façon continue jusqu’à la mi-février. Les points chauds de l’épidémie sont concentrés dans les deux villes principales du pays, Lilongwe dans le centre et Blantyre dans le sud, qui comptent une population d’environ deux millions de personnes.

 

À Blantyre, MSF gère un programme oncologique à l’hôpital central Queen Elizabeth, où les patients COVID-19 sont également hospitalisés. Qu’est-ce que les équipes MSF observent dans cet établissement?

 

Le nombre de patients atteints de la forme grave de la COVID-19 hospitalisés à l’hôpital Queen Elizabeth est passé de 12 à 107 entre le 1er et le 21 janvier, dépassant ainsi la capacité maximale actuelle de 80 patients pour la prise en charge du coronavirus. Cette augmentation met une forte pression sur l’établissement, notamment au niveau des ressources humaines, des équipements et consommables médicaux et de l’approvisionnement en oxygène. MSF apporte son soutien dans ces trois domaines pour répondre à l’appel à l’aide de l’hôpital.

 

Quelles sont les priorités en ce moment?

La priorité est désormais de protéger le personnel de première ligne, nécessaire pour maintenir un effectif opérationnel. Au cours des dix derniers jours, plus de dix membres de l’équipe MSF ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19. Heureusement, aucun d’entre eux n’a développé de symptômes graves jusqu’à maintenant. La pression est tout de même énorme sur notre capacité de réponse. Notre deuxième objectif est de réduire la mortalité des patients qui se rendent à l’hôpital central Queen Elizabeth, qui est le seul établissement public offrant une prise en charge des patients atteints de la forme sévère de la maladie à Blantyre, où plus d’un tiers des cas sont signalés. L’hôpital fait un excellent travail dans des circonstances difficiles. Nous avons embauché 50 travailleurs de la santé supplémentaires pour renforcer l’équipe, et nous aidons à gérer l’approvisionnement en oxygène. L’oxygène est une bouée de sauvetage dans la prise en charge des patients, mais la demande dépasse de loin la capacité de production nationale.  Il est donc nécessaire d’importer des bouteilles et des concentrateurs, actuellement en pénurie.

Que fait MSF pour aider les autorités sanitaires du Malawi à affronter cette nouvelle vague ?

 

En plus de fournir du personnel, de l’oxygène et du soutien technique aux unités de traitement de la COVID-19 de l’hôpital central Queen Elizabeth, nous sommes en train de mettre en place une unité de traitement supplémentaire de 40 lits dédiée aux patients atteints de COVID-19. MSF s’occupera de fournir tout l’équipement et le personnel nécessaire, en réponse à un appel à l’aide du directeur de l’hôpital et du responsable de la santé du district. Au-delà du nombre important de patients se présentant à l’hôpital, il semblerait que de nombreuses personnes ayant contracté la forme grave de la maladie n’atteignent pas les structures de santé et meurent probablement à domicile. Notre prochain objectif est donc d’améliorer le transfert précoce de ces patients, afin de maximiser leur chance de survie. Pour contenir le nombre d’infections et de décès causés par cette nouvelle vague, le Malawi a un besoin urgent d’accéder à la vaccination, ce qui est malheureusement fort peu probable avant avril 2021, et probablement pour une partie de la population seulement. D’ici là, l’épidémie aura peut-être déjà atteint un sommet et tué de nombreuses personnes qui auraient pu être protégées par la vaccination.