Dans sa nouvelle stratégie, Gavi doit cibler 10 millions d’enfants sous-vaccinés dans les contextes humanitaires et fragiles
Quelle est la situation actuelle?
Du 6 au 7 juin 2024, le Conseil d’administration de Gavi, l’Alliance du vaccin, se réunit à Genève pour approuver sa sixième stratégie quinquennale (Gavi 6.0), synthétisée dans un format-cadre d’une page, pour la période de 2026-2030. Financée grâce à des partenariats publics et privés, Gavi a vu le jour il y a près de 25 ans pour aider les gouvernements des pays les plus pauvres du monde à vacciner les enfants contre certaines des maladies les plus mortelles. Si Gavi a joué un rôle essentiel pour améliorer l’accès aux vaccins pour des millions d’enfants en protégeant depuis 2000 plus d’un milliard d’enfants contre des maladies évitables par la vaccination, beaucoup trop d’enfants dans des contextes humanitaires et fragiles ne bénéficient toujours pas des vaccinations systématiques. Cette situation est source d’inégalité parmi les personnes bénéficiant des programmes de Gavi.
Environ 10 millions (49 %) d’enfants « zéro dose » (qui n’ont reçu aucune dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche) ou qui sont sous-vaccinés vivent dans des contextes humanitaires ou fragiles, notamment dans des pays touchés par un conflit. Près de la moitié (46 %) des pays soutenus par Gavi sont actuellement classés comme fragiles ou touchés par un conflit. Alors que d’autres pays cesseront bientôt de bénéficier de son soutien, ce pourcentage est amené à augmenter. Par conséquent, Gavi doit intensifier ses efforts si elle veut atteindre son objectif visant à ne laisser personne de côté dans ses programmes de vaccination et à atteindre les enfants « zéro dose ». Plus spécifiquement, le Conseil d’administration de Gavi doit veiller à ce que sa sixième stratégie propose une approche concrète et efficace pour vacciner les enfants dans des contextes humanitaires ou fragiles. Ceci est particulièrement important si ces enfants se trouvent dans des zones non desservies par les programmes de vaccination gouvernementaux. En outre, l’Alliance doit faire en sorte de pérenniser son soutien pour la vaccination des enfants entre 0 et 5 ans pour tous les vaccins pertinents afin que les enfants plus âgés sous-vaccinés y aient accès.
Pourquoi est-ce une préoccupation pour MSF?
Depuis plus de 50 ans, Médecins Sans Frontières (MSF) vaccine les enfants dans le cadre de campagnes de vaccination systématique et préventive. Elle immunise aussi les enfants en réponse à des épidémies dans des contextes humanitaires comptant parmi les plus difficiles au monde. Il arrive souvent que MSF et d’autres organisations soient les seules à fournir des vaccins aux populations ne bénéficiant pas des programmes de vaccination de leur gouvernement. Des problèmes de sécurité et des restrictions géographiques peuvent notamment en être la cause.
Dernièrement, nous avons assisté à la réapparition de maladies évitables et précédemment sous contrôle, comme la diphtérie et la rougeole. Ces épidémies résultent souvent de la faible couverture vaccinale des personnes vivant dans des endroits difficiles d’accès.
Que demande MSF?
MSF appelle Gavi et son Conseil d’administration à tirer parti de la mise en œuvre de sa stratégie Gavi 6.0 pour adapter son modèle opérationnel actuel. L’Alliance doit adopter des approches alternatives pour atteindre les personnes coupées des programmes de vaccination gouvernementaux ou ayant peu ou pas d’accès à la vaccination. Elle doit aussi veiller à ce que les organisations participant déjà à ces activités soient consultées lors de la conception de ces programmes.
Pour que l’Alliance puisse mettre en place cette approche efficacement, son Conseil d’administration doit s’assurer que Gavi 6.0 contient des sources de financement dédiées à ce travail. Elle doit aussi intégrer les recommandations de MSF basées sur ses programmes de vaccination sur plusieurs décennies menés auprès des personnes vivant dans des endroits difficiles d’accès. Cette stratégie doit aussi faire en sorte que son soutien à la vaccination des enfants entre 0 et 5 ans devienne une politique permanente pour tous les vaccins pertinents. Ceci permettra aux enfants « zéro dose » ou sous-vaccinés d’être pleinement protégés contre les maladies évitables par la vaccination.