In February 2021, MSF is providing support to Parirenyatwa Hospital Isolation Centre, the country’s main referral unit for COVID-19, in Harare, to help them prepare for the next potential surge in COVID-19 infections. © MSF/Caroline Gwature
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En cas d’approbation, les premières livraisons du vaccin Johnson & Johnson contre la COVID-19 devraient être destinées aux pays à revenu faible ou intermédiaire.

 

La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis se réunira demain pour discuter de l’autorisation d’utilisation d’urgence du candidat vaccin Johnson & Johnson (J&J) contre la COVID-19. Si le vaccin est approuvé, Médecins Sans Frontières (MSF) demande à J&J d’envoyer ses premières livraisons au mécanisme COVAX pour les pays à revenu faible et intermédiaire, plutôt que de les destiner aux pays à revenu élevé.

La semaine dernière, le Secrétaire général des Nations Unies a qualifié la distribution des vaccins contre la COVID-19 d’ « extrêmement inégale et injuste », soulignant le fait que 10 pays à revenu élevé avaient jusqu’à présent administré 75 % de tous les vaccins, tandis que plus de 130 pays n’en avaient encore reçu aucune dose. En phase avec cette tendance inacceptable, près de 1,5 milliard de doses du vaccin J&J sont déjà réservées pour des engagements d’achats anticipés, dont la majorité (56 %, soit 801 millions sur 1,439 milliard de doses) ira à des pays à revenu élevé.*

J&J a soumis son vaccin à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour une approbation  d’utilisation d’urgence, qui est nécessaire pour approvisionner le COVAX, un mécanisme mondial d’achat de vaccins contre la COVID-19 qui a pour but d’améliorer l’équité de la vaccination. La société s’est engagée à fournir jusqu’à 500 millions de doses au COVAX au cours des prochaines années (seulement 100 millions de doses en 2021), quoiqu’il s’agisse d’un protocole d’entente non contraignant.

Le vaccin pourrait être un outil important dans la riposte mondiale à cette pandémie, tout particulièrement dans les contextes à faibles ressources où MSF travaille, car contrairement aux autres vaccins contre la COVID-19 utilisés aujourd’hui, il ne pourrait nécessiter qu’une seule dose et pourrait être conservé dans un réfrigérateur standard. Les données préliminaires d’un essai de phase 3 sur le vaccin suggèrent également que le vaccin est efficace contre le variant 501Y.V2 de la COVID-19, identifié pour la première fois en Afrique du Sud. L’Afrique du Sud est considérée comme le premier pays à déployer le vaccin J&J à une dose. Le pays est actuellement en train de vacciner ses travailleurs de la santé de première ligne avec les premiers lots comptant jusqu’à 500 000 doses gratuites que J&J avait réservées pour les stocks mondiaux d’essais cliniques.

J&J a reçu 1,5 milliard $US du gouvernement américain pour la recherche et le développement de son vaccin contre la COVID-19, et le gouvernement britannique cofinance un essai clinique mondial visant à évaluer un schéma à deux doses du vaccin. Dès le début de la pandémie, et à la lumière de cet investissement public important, MSF a demandé que tout futur vaccin potentiel contre la COVID-19 soit offert au prix coûtant. J&J s’est engagé à l’offrir à un prix « sans profit » de 10 $ pour une utilisation d’urgence pendant la pandémie. Lors d’une audience devant le Sénat américain l’année dernière, J&J s’était engagée à faire vérifier ses prix en externe, et MSF exhorte l’entreprise à ouvrir ses livres.

 

Citation de Dana Gill, conseillère en politique américaine, Campagne d’accès MSF :

 

« Nous nous réjouissons de la nouvelle voulant que l’approbation d’un autre vaccin contre la COVID-19 serait imminente, mais pour qu’elle soit vraiment significative dans la riposte mondiale à la pandémie, il est essentiel que le vaccin soit distribué équitablement à travers le monde, pas seulement fourni aux plus offrants en premier. J&J devrait approvisionner les pays à revenu faible et intermédiaire et honorer immédiatement son engagement envers le mécanisme COVAX. Il est tout simplement injuste que la plupart des doses du vaccin J&J soient promises à des pays riches disposant de stocks déjà importants des autres vaccins approuvés, où la vaccination est en cours depuis près de trois mois, tandis que les pays à revenu faible et intermédiaire où pratiquement aucune vaccination n’a eu lieu se retrouvent tout au bout de la file d’attente. Il est probable qu’au moment où le vaccin sera approuvé par l’OMS pour une utilisation dans le mécanisme COVAX, les pays les plus riches auront vacciné la plupart de leurs groupes prioritaires, tandis que les travailleurs de la santé des pays à revenu faible et intermédiaire resteront largement non vaccinés.

MSF a été témoin de l’impact horrible de la deuxième vague d’infections à la COVID-19 en Afrique australe, où une flambée de nouveaux cas aggravée par l’apparition d’un variant plus infectieux a submergé les ressources de santé déjà limitées. Il a été démontré que le vaccin J&J est efficace contre le variant 501Y.V2, mais MSF craint que si J&J maintient ses tactiques habituelles, les pays les plus touchés par ce variant se retrouveront à nouveau derniers dans la course. Par exemple, l’Afrique du Sud a la prévalence la plus élevée de ce variant au monde et a été un partenaire essentiel dans les essais cliniques de J&J, mais le pays ne devrait recevoir que 9 millions des 300 millions de doses qui seront remplies dans des flacons et emballées par un fabricant local. J&J devrait tout de suite s’assurer que l’Afrique du Sud reçoive, au minimum, suffisamment de doses pour vacciner ses travailleurs de la santé et ses groupes hautement vulnérables, et  prioriser les livraisons de son vaccin dans d’autres pays à revenu faible et intermédiaire.

* Selon les données d’AirFinity (27 janvier 2021)