In Nuevo Laredo, the city's shelters and shelters are at full capacity and hundreds of asylum seekers continue to arrive at the northern border, the humanitarian response is insufficient. En Nuevo Laredo, los refugios y albergues de la ciudad se encuentran en su máxima capacidad y cientos de solicitantes de asilo continuan llegando a la frontera norte, la respuesta humanitaria es insuficiente. © MSF/Yesika Ocampo
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Frontière nord du Mexique : les équipes de MSF témoignent des besoins écrasants des migrants et des migrantes

La situation des migrants et des migrantes dans les villes frontalières du nord du Mexique se détériore rapidement à mesure que les expulsions en vertu du titre 42 se poursuivent et que des centaines de personnes arrivent du sud chaque jour pour chercher refuge aux États-Unis.

La réponse des autorités locales dans des villes telles que Nuevo Laredo, Piedras Negras, Ciudad Acuña, Reynosa et Matamoros est insuffisante et laisse des milliers de personnes sans accès aux services de base ni à un abri sûr. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), l’une des rares organisations qui prodiguent des soins médicaux et psychologiques dans ces villes, sont submergées par les besoins croissants des migrants et des migrantes.

Les principales répercussions sur la santé physique et mentale des personnes migrantes et déplacées à la frontière nord du Mexique sont directement liées aux dures conditions de voyage et de refuge.
Les principales répercussions sur la santé physique et mentale des personnes migrantes et déplacées à la frontière nord du Mexique sont directement liées aux dures conditions de voyage et de refuge.MSF/Yesika Ocampo

Quelle est la situation actuelle des migrants et des migrantes dans le nord du Mexique?

À Piedras Negras et Ciudad Acuña, les refuges et les centres d’accueil pour migrants et migrantes sont fermés, et les gens n’ont même pas accès à des abris ne serait-ce que rudimentaires, comme des tentes.

À Nuevo Laredo, une équipe mobile de MSF fournit une assistance humanitaire aux migrants et aux migrantes en provenance d’Haïti et d’Amérique centrale, ainsi qu’aux personnes déplacées fuyant la violence dans différentes parties du Mexique. Plus de 2 000 personnes vivent encore dans des abris et des camps de fortune dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité.

« La plupart sont des familles avec de jeunes enfants qui dorment à même le sol, exposées à la pluie et aux températures élevées », explique Pavel Goytia, responsable de l’équipe médicale de MSF à Nuevo Laredo. « Les dix refuges de la ville sont pleins, et des personnes continuent d’arriver par centaines. Plusieurs de ces endroits sont des refuges de fortune où les services de base, matelas, nourriture, eau potable, protection contre les éléments, toilettes et douches sont inexistants, et où la gestion des déchets est inadéquate. »

À Nuevo Laredo, plus de 3 000 personnes logent dans des refuges et des abris de fortune dans des conditions précaires.
À Nuevo Laredo, plus de 3 000 personnes logent dans des refuges et des abris de fortune dans des conditions précaires.MSF/Yesika Ocampo

« Je suis à Nuevo Laredo depuis une semaine », raconte Esaia Jorince, 27 ans, qui a fui Haïti il y a trois ans après l’assassinat de sa famille. « La situation ici est très mauvaise, je n’ai pas d’argent pour acheter quoi que ce soit à manger, et je n’ai nulle part où dormir. Cela fait quelques jours qu’il pleut. Dans le refuge où nous séjournons, il y a beaucoup d’eau et je dors par terre. Ce n’est pas l’idéal pour moi et mes maladies. Je pleure parce que j’ai de la douleur et que je ne vais vraiment pas bien, parfois je veux mourir. » Esaia Jorince a vécu au Brésil pendant plusieurs années, mais il a dû quitter le pays par manque de perspectives d’emploi. Il espère obtenir l’asile aux États-Unis.

La situation à Reynosa est similaire. Les dernières personnes habitant la Plaza de la Republica ont été expulsées au début du mois de mai. « Le nombre de migrants et de migrantes dans la ville a augmenté ces dernières semaines, et il y a un grave manque de logements, de nourriture et de services de santé pour les soutenir », affirme Anayeli Flores, responsable des affaires humanitaires de MSF à Reynosa. « Il n’y a pas d’espace dans les refuges, et de nombreuses personnes vivent dans la rue sous des températures très élevées. »

Les gens sont également exposés à des niveaux élevés de violence dans les villes frontalières. « Je vis dans ce refuge à Reynosa depuis 22 jours avec ma femme, ma fille et mon père », raconte José qui a fui le Honduras en octobre 2021. « Nous dormons sur le sol. L’autre soir, nous avons entendu des coups de feu très près du refuge. Nous avons fui les balles dans mon pays, nous ne pensions pas que ce serait comme ça ici aussi. C’était très effrayant. »

« Quand j’ai [traversé] aux États-Unis, j’étais seule parce que nous ne pouvions payer que pour ma traversée », dit Yaneth Ortiz, qui a fui le Honduras et est entré au Mexique en janvier 2021. « De l’autre côté de la frontière, j’ai été arrêtée. Je n’ai jamais été vu par un médecin; ils ne m’ont donné aucune information. Le lendemain, [les autorités américaines] m’ont envoyée à Reynosa, et ce, même si j’étais enceinte. [À Reynosa], j’ai été violée. »

Comment MSF intervient-elle face à l’évolution de ce contexte?

À l’heure actuelle, les deux refuges que MSF soutient comptent environ 2 400 personnes, mais ce chiffre ne tient pas compte des migrants et des migrantes vivant dans les zones environnantes et dans les rues dont le nombre est impossible à estimer avec exactitude. Nous avons accru la capacité de nos équipes, en ajoutant du personnel médical et logistique et en fournissant davantage de médicaments et de produits d’hydratation. Nous menons des consultations médicales et psychologiques, fournissons des trousses d’hydratation et de l’eau potable, et nous réalisons des activités de promotion de la santé et de travail social. Nous collaborons également avec les quelques acteurs officiels et internationaux présents dans la ville.

À Nuevo Laredo, une équipe mobile fournit une assistance humanitaire aux Haïtiens, aux Haïtiennes, aux Centraméricains et Centraméricaines, ainsi qu’aux personnes déplacées fuyant la violence dans différentes parties du Mexique.
À Nuevo Laredo, une équipe mobile fournit une assistance humanitaire aux Haïtiens, aux Haïtiennes, aux Centraméricains et Centraméricaines, ainsi qu’aux personnes déplacées fuyant la violence dans différentes parties du Mexique.MSF/Yesika Ocampo

Les équipes médicales de MSF ont traité de nombreuses personnes migrantes pour des affections engendrées par de mauvaises conditions de vie telles que des maladies respiratoires et gastro-intestinales et des infections cutanées, rénales et gynécologiques. De plus, les équipes de santé mentale de MSF s’occupent des personnes qui présentent des symptômes liés au trouble de stress post-traumatique, à l’anxiété, au chagrin, au deuil et à la dépression, des états résultant des expériences vécues dans leur pays et le long de la route migratoire.

MSF appelle les autorités à tous les paliers et les autres organisations internationales d’aide humanitaire présentes dans la région à redoubler d’efforts pour garantir des conditions de vie dignes aux personnes migrantes et déplacées le long de la frontière nord. Il est urgent d’intensifier les activités humanitaires pour prévenir une détérioration de la santé et soulager les souffrances des personnes qui se trouvent dans un état de grande vulnérabilité.

« C’est l’aboutissement des effets négatifs de l’insécurité, de la pauvreté et de l’inégalité dans les pays d’origine qui obligent des milliers de personnes à fuir à la recherche de protection et de bien-être », explique Anayeli Flores. « Nous devons entendre un discours qui dépeint l’acceptation des migrants, des migrantes et réfugié·e·s comme une occasion de croissance nationale, et non comme une menace. La recherche de protection et de sécurité n’est pas un crime. »