Wide shot of MSF staff during an emergency medical aid response in Samos island, Greece. Since August 2021, MSF has been responding to requests for emergency medical assistance to people arriving by boat on the island of Samos. This activity was stopped in November 2021 and resumed in January 2022. MSF is providing emergency medical and psychological first aid as well as emergency referrals to the hospital, distribution of food kits, water and dry clothes. In total, MSF has provided emergency assistance to more than 550 people on 41 occasions in Samos. © MSF/Alice Gotheron
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Grèce : MSF apporte une assistance médicale d’urgence à plus de 570 personnes arrivées sur l’île de Samos

Au cours de la dernière année, plus de 570 personnes, dont 24 femmes enceintes, ont reçu une aide médicale et psychologique d’urgence de la part des équipes MSF, après être arrivées sur l’île grecque de Samos à bord d’embarcations de fortune. Voyageant depuis la côte turque qui se trouve à quelques kilomètres seulement, plusieurs de ces personnes ont subi de multiples formes de violence lors de leur périple en quête d’asile et d’une vie meilleure en Europe.

MSF fournit des soins médicaux et psychologiques, effectue des références d’urgence à l’hôpital et distribue des trousses d’alimentation, d’eau et de vêtements secs.
MSF fournit des soins médicaux et psychologiques, effectue des références d’urgence à l’hôpital et distribue des trousses d’alimentation, d’eau et de vêtements secs. Au total, MSF est intervenue à 42 reprises à Samos pour offrir une assistance d’urgence à plus de 570 personnes.MSF/Alice Gotheron

Les petits bateaux gonflables transportant des personnes en quête de sécurité accostent généralement sur la côte isolée et montagneuse de Samos. Terrifiées à l’idée d’être capturés par les autorités et renvoyés de force, la plupart des personnes courent se cacher dès qu’elles posent un pied sur la terre ferme. « Certaines personnes sont si terrifiées qu’elles sont incapables de parler ou de marcher », dit Nicholas Papachrysostomou, responsable du projet MSF en Grèce.

Cette peur d’être retrouvées par les autorités a poussé certaines personnes à rester cachées dans les buissons pendant plusieurs jours, sans nourriture ni eau. « En ce moment, en plein été, nous voyons beaucoup de gens souffrant de déshydratation et d’épuisement dû à la chaleur », explique Nicholas Papachrysostomou. « L’hiver dernier nous avons dû traiter trois personnes pour des engelures, car elles s’étaient cachées à l’extérieur pendant plusieurs jours, malgré les températures glaciales. Nous traitons souvent des blessures aux jambes, des fractures ou des luxations d’épaule dues à des accidents survenus lors de l’escalade des falaises abruptes de l’île. En avril 2022, nous avons traité un groupe entier tombé d’une falaise alors qu’il fuyait les autorités. À ce jour, nous avons dû envoyer 37 personnes à l’hôpital en ambulance. »

Une grande partie des personnes qui arrivent sur l’île sont des femmes et des enfants. Une femme enceinte a accouché en plein air, sans assistance médicale, après avoir passé plus de deux jours cachée. Une autre femme était en train d’accoucher lorsque l’équipe médicale MSF est arrivée sur place.

La plupart des personnes arrivant à Samos racontent avoir été interceptées par les autorités au cours de leurs précédents voyages, à la fois sur terre et en mer. Elles ont été renvoyées de force dans les eaux turques, jusqu’à neuf fois selon l’un des patients à qui nos équipes ont prêté assistance. Plusieurs personnes nous ont dit être arrivées avec des compagnons de voyage qui n’ont jamais été retrouvés par la suite.

Les personnes prises en charge par MSF rapportent avoir été soumises ou avoir été témoins de violences physiques ou de traitements inhumains et dégradants, y compris de passages à tabac, des fouilles à nu, d’examens génitaux forcés, des vols de biens et d’abandons dans des canots pneumatiques sans moteur laissés à la dérive, en pleine mer.

Loretta*, une ancienne patiente de MSF, raconte avoir été interceptée par les autorités frontalières sur l’île grecque de Lesbos et renvoyée deux fois avant de parvenir à Samos.

« Quand vous avez finalement réussi à atteindre les montagnes et qu’ils vous repoussent à nouveau, vous avez l’impression de mourir », raconte Loretta*, ancienne patiente de MSF.

« Ils nous ont amené·e·s dans un port. Il y avait beaucoup, beaucoup de policiers. Nous avons dû entrer dans un bâtiment. Ils ont commencé à me gifler, les hommes, une femme enceinte, tout le monde. Ils s’en fichent. Ils nous ont frappé·e·s avec un bâton et avec leurs pieds. Depuis, j’ai des problèmes au dos et à cette jambe aussi… Ensuite, ils nous ont embarqué·e·s sur un grand bateau. Ils ont démarré le bateau, et il s’est éloigné, éloigné, éloigné… »

Si les équipes MSF n’ont pas été directement témoins d’interceptions violentes et de retours forcés, les témoignages des patients et des patientes laissent penser que ces pratiques deviennent de plus en plus fréquentes et violentes.

« Non seulement les interceptions violentes et les retours forcés sont illégaux, mais ils mettent en péril le droit de demander l’asile », explique Sonia Balleron, coordinatrice de projet MSF. « Ces pratiques exposent également les personnes à de nouveaux traumatismes et à des problèmes de santé physique et mentale de longue durée. Il est de la responsabilité des autorités grecques et européennes de s’assurer que la loi est respectée et que les procédures concernant l’accueil, l’identification et la protection internationale sont appliquées. »

En Grèce, MSF fournit des soins médicaux d’urgence sur l’île de Samos. Avant de se rendre sur place pour porter assistance aux personnes en détresse, MSF informe toutes les autorités compétentes et, une fois sur place, coordonne avec les autorités médicales les références hospitalières par ambulance. Après avoir reçu une alerte demandant une aide médicale d’urgence, l’équipe MSF se rend sur place, munie de trousses de premiers soins, de vêtements secs, de réserves d’eau potable et de rations alimentaires. Les équipes de MSF portent toujours des vestes blanches où le logo de l’organisation est visible pendant les interventions humanitaires.

Une fois que les équipes de MSF ont fini de fournir les premiers soins médicaux et psychologiques d’urgence, les autorités de sécurité emmènent les gens nouvellement arrivés au Centre d’accès contrôlé fermé (CCAC), un centre de haute sécurité situé à environ une heure de marche de la ville principale de Vathy. Après cinq jours de quarantaine, MSF est autorisé à rendre visite à ces personnes pour vérifier leur état de santé et s’assurer qu’elles ont accès, en temps voulu, à d’autres soins médicaux. Se présenter au centre d’accueil est le seul moyen pour ces personnes de s’enregistrer. Elles doivent attendre dans le centre d’accueil pendant qu’elles traversent des procédures légales longues et complexes pour l’aboutissement de leur demande d’asile.

*Le nom a été changé pour protéger la vie privée.