Haïti : l’attaque d’une ambulance de MSF force la suspension des activités au Centre d’urgence de Turgeau
Mardi dernier, un groupe d’individus armés a arrêté une ambulance de MSF. Ils ont sorti le patient de force et l’ont exécuté de plusieurs balles avant de s’enfuir. MSF suspend toutes ses activités dans ce centre, pour une durée indéterminée.
Mardi 12 décembre à 16 heures, un homme gravement blessé est admis au Centre d’urgence de MSF de Turgeau, un quartier proche du centre-ville de Port-au-Prince. Le patient est dans un état critique et l’équipe médicale décide de le transférer dans un hôpital offrant des soins spécialisés.
Autour de 17 h 30, un convoi de deux ambulances quitte l’établissement, avec deux patients à bord. À quelques mètres à peine du Centre d’urgence, une douzaine d’individus armés surgissent d’une ruelle et font barrage au convoi. Ils tapent sur le capot du véhicule de tête et tirent des coups de feu en l’air. Après avoir inspecté l’intérieur de la première ambulance, ils ordonnent à la seconde ambulance de retourner au centre. Ensuite, ils extraient le patient du premier véhicule, le rouent de coups et l’exécutent de plusieurs balles avant de prendre la fuite.
« Pour pouvoir remplir notre mission, nos équipes ont besoin d’un minimum de sécurité. Nous ne pouvons pas fonctionner si nos installations médicales sont menacées d’intrusion ou de tout type d’exaction », déclare Benoît Vasseur, directeur de projet de MSF. « MSF demeure l’une des dernières organisations internationales à fournir des soins de santé dans la capitale haïtienne. Nous ne pouvons pas accepter que nos ambulances soient attaquées et que nos patientes et nos patients soient battus et tués. Pour travailler, MSF a besoin que ses installations médicales, son personnel, les patientes et les patients soient respectés et protégés », ajoute-t-il.
« Nous constatons le désespoir et la colère de la population haïtienne qui subit quotidiennement des actes d’une cruauté inégalée. Nous en sommes les témoins directs, qu’il s’agisse de viols, d’actes de torture ou de tentatives de meurtre. Or, tous nos services médicaux sont ici pour fournir des soins à la population. »
MSF a donc le regret de devoir suspendre ses activités au Centre d’urgence de Turgeau, lequel restera fermé pour une durée indéterminée. Cette fermeture permettra à l’organisation d’analyser les causes de cette attaque et de réévaluer les risques sécuritaires qui pèsent sur son personnel et sur les gens qui viennent y chercher des soins.
MSF continue cependant d’offrir des soins médicaux, gratuits et de qualité dans ses autres installations de la métropole. C’est le cas à l’hôpital de Cité Soleil, à l’hôpital de Tabarre (qui fournit des soins de traumatologie et pour les grands brûlés), ainsi qu’à la clinique Pran Men M de Delmas 33 (où sont traitées les personnes ayant survécu à des violences sexuelles). Nos cliniques mobiles poursuivrons également leurs interventions dans divers secteurs de Port-au-Prince et dans les camps de personnes déplacées. Dans le sud du pays, notre maternité de Port-à-Piment reste elle aussi ouverte.
