Un patient blessé par balle au pied lors des affrontements entre les groupes armés et les forces de police reçoit des soins au bloc opératoire de l'hôpital MSF de Tabarre. Haïti, 2024. © Réginald Louissaint Junior
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Haïti : le blocage des ports empêche l’approvisionnement médical essentiel

Depuis la fin du mois de février, Port-au-Prince est en proie à une violence sans précédent. La capitale haïtienne se trouve isolée du monde extérieur, notamment à la suite de la fermeture de l’aéroport et des ports. L’insécurité croissante perturbe gravement les opérations médicales de Médecins Sans Frontières (MSF), qui n’a pas pu importer de médicaments et de matériel médical depuis mi-mars.

Le système de santé haïtien est encore plus gravement impacté, laissant les gens sans accès aux services médicaux, essentiels dans ce contexte de violence. MSF lance un appel urgent aux groupes armés impliqués dans les combats et aux autorités responsables des douanes pour qu’ils facilitent l’acheminement des fournitures médicales qui sont nécessaires de toute urgence.

« Si nous ne recevons pas notre matériel médical dans les deux prochaines semaines, nous serons contraints de réduire considérablement nos opérations », déclare Mumuza Muhindo Musubaho, responsable du projet de MSF. « Nous avons dû augmenter notre capacité de réponse pour faire face à l’afflux de patients et de patientes, mais en raison d’une forte consommation de médicaments, nous sommes actuellement en rupture de stock. »

Plus de 30 centres de santé et hôpitaux ont fermé leurs portes en raison d’actes de vandalisme, de pillages ou parce qu’ils sont situés dans des zones peu sûres. C’est notamment le cas du plus grand centre, l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti. La fermeture de l’aéroport et des ports, en février, a entraîné des ruptures de stock critiques pour les structures médicales de MSF. « Dans cette situation d’urgence, les procédures douanières doivent être plus souples, afin que les médicaments et les autres fournitures puissent être livrés aussi rapidement que possible », alerte Mumuza Muhindo Musubaho. Malgré la réouverture récente de l’aéroport de Port-au-Prince, une coopération plus large est nécessaire pour accélérer les procédures douanières.

Alors que l’approvisionnement se raréfie pour MSF et les autres intervenants de la santé, la communauté fait face à des besoins médicaux et humanitaires urgents. Les personnes souffrant de maladies chroniques, comme la tuberculose et le VIH, risquent de voir leur état s’aggraver en raison du manque d’accès aux soins et à des médicaments essentiels. Les conditions insalubres dans les nombreux sites de personnes déplacées qui s’étalent dans Port-au-Prince augmentent le risque de maladies transmises par l’eau, dont le choléra.

L’hôpital MSF de Carrefour, ouvert en mars en réponse à la recrudescence de la violence, est un bel exemple de ces défis. Initialement stockées pour six mois, les réserves de l’hôpital ont rapidement diminué en raison de l’augmentation du nombre de patients et de patientes. « Dans ce contexte, tout devient un défi. Même l’achat de papier pour les rapports médicaux est un gros problème ces jours-ci », explique Jean Baptiste Goasglas, coordonnateur de projet pour MSF. Sur l’ensemble des projets menés dans le pays entre mars et avril 2024, les équipes de MSF ont assuré 9 025 consultations externes, traité 4 966 cas urgents, dont 869 personnes blessées par balle et 742 victimes d’accidents de la route. Elles ont en outre admis 99 personnes gravement brûlées à l’hôpital de Tabarre, dont la moitié étaient des enfants.

Dans l’état d’urgence actuel, alors que les hôpitaux continuent de fermer leurs portes et de réduire leurs services, nous appelons les autorités à faciliter les procédures douanières. Nous demandons instamment à toutes les parties de faciliter le transport, en toute sécurité, du matériel vers les installations médicales afin que les gens puissent recevoir les soins dont ils ont besoin.