At MSF's Tabarre hospital in Port-au-Prince, a patient with a gunshot wound to his arm undergoes emergency surgery. The hospital specializes in treating people with severe traumatic injuries or burns. A political and economic crisis in the capital has led to widespread insecurity and a fuel shortage, which is forcing medical facilities to limit the services they can provide due to transportation difficulties, staffing shortages and a lack of energy to power the facilities. © Pierre Fromentin (MSF)/MSF
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Haïti : les pénuries de carburant, d’eau et de transports menacent les soins médicaux

Alors que les tensions et les conflits armés s’intensifient dans la capitale haïtienne, les pénuries de carburant, de transports publics et d’eau potable mettent en danger les patients, les patientes et les installations médicales, y compris celles gérées par Médecins Sans Frontières (MSF), a déclaré aujourd’hui l’organisation qui réclame l’approvisionnement en carburant pour les structures médicales de la ville.

Bien que MSF n’ait cessé de réduire sa consommation d’énergie en mettant en place des mesures d’urgence, l’hôpital de traumatologie et des grands brûlés de MSF à Tabarre a été contraint, la semaine dernière, de réduire ses activités médicales en ne traitant plus que des patients et des patientes présentant des affections mettant leur vie en danger. À moins de recevoir de nouveaux approvisionnements, l’hôpital de Tabarre et le centre d’urgence de MSF à Turgeau seront à court de carburant pour leurs génératrices dans trois semaines. Quant au centre d’urgence de MSF à Cité Soleil, sa réserve de carburant sera épuisée d’ici deux semaines et demie.

 

« Pas de carburant, pas d’électricité, pas de soins médicaux »

 

« Les structures médicales de Port-au-Prince sont confrontées aux mêmes défis : pas de carburant, pas d’électricité, pas de soins médicaux », explique Jean-Gilbert Ndong, coordonnateur médical de MSF. « Nous devons recevoir régulièrement un approvisionnement en carburant. »

À l’hôpital de Tabarre, MSF travaille actuellement à installer des panneaux solaires pour réduire davantage sa dépendance aux génératrices. Le manque de carburant empêche également de nombreux membres du personnel de se rendre à l’hôpital pour leurs quarts de travail, faute de moyens de transport. Devant de telles contraintes, les équipes doivent constamment s’adapter pour que le personnel médical essentiel parvienne jusqu’aux installations médicales et puisse ensuite rentrer à la maison.

Presque tous les établissements de santé publics et privés de Port-au-Prince ont suspendu les nouvelles admissions ou se sont limités aux urgences vitales, alors que d’autres ont fermé leurs portes pour des raisons similaires. D’autres fermetures sont à prévoir si la pénurie de carburant se poursuit.

 

Une victime d’un accident de la route arrive à l’hôpital MSF de Tabarre, à Port-au-Prince.
A traffic accident victim arrives at MSF’s Tabarre hospital in Port-au-Prince. The hospital specializes in treating people with severe traumatic injuries or burns. A political and economic crisis in the capital has led to widespread insecurity and a fuel shortage, which is forcing medical facilities to limit the services they can provide due to transportation difficulties, staffing shortages and a lack of energy to power the facilities.Pierre Fromentin (MSF)/MSF

 

En cas de besoin, MSF oriente normalement les patient·e·s vers d’autres structures médicales, mais cela devient chaque jour de plus en plus difficile.

« Récemment, une patiente en détresse respiratoire s’est présentée à notre centre d’urgence de Cité Soleil où nous stabilisons les patients et les patientes en vue de leur transfert vers des centres médicaux », relate Jean-Gilbert Ndong. « Nous l’avons stabilisée et avons tenté de la transférer vers un autre établissement, mais elle a été refusée par quatre centres médicaux où nous envoyons habituellement nos patients et patientes – ils avaient interrompu les admissions en raison du manque de carburant. Ce n’est qu’au cinquième établissement qu’elle a finalement été admise. »

 

Manque de carburant en Haïti

 

Le manque de carburant affecte aussi d’autres biens et services essentiels. Le prix des denrées alimentaires a fortement augmenté, et l’approvisionnement en eau est menacé. L’agence nationale de l’eau d’Haïti, la DINEPA, a annoncé dimanche qu’elle manquait de carburant pour continuer à pomper l’eau potable dans de nombreux quartiers de la capitale. Selon les chiffres officiels, Cité Soleil, qui est une de ces zones confrontées à une pénurie d’eau, compte à elle seule 265 000 personnes.

« Les établissements médicaux, les patients, les patientes et les membres de la communauté ont tous et toutes besoin d’eau potable », dit Jean-Gilbert Ndong. « Si nous n’avons plus d’approvisionnement en eau potable dans ces secteurs, nous assisterons probablement à une augmentation des maladies d’origine hydrique et d’autres besoins médicaux urgents, et les installations médicales risqueront de fermer complètement. »

 

Une station-service à Port-au-Prince fermée en raison d’une pénurie de carburant.
Une station-service à Port-au-Prince fermée en raison d’une pénurie de carburant.Pierre Fromentin (MSF)/MSF

 

Les besoins médicaux restent toutefois très élevés. Le centre d’urgence de MSF à Turgeau accueille désormais chaque jour plusieurs femmes sur le point d’accoucher, même s’il ne s’agit pas d’une maternité, car d’autres hôpitaux ont restreint leurs services.

De plus, les patients et les patientes pourraient retarder leur recours aux soins en raison des difficultés dans la ville. La clinique de MSF à Delmas 33 pour les victimes de violences sexuelles et sexistes a vu moins de patients et patientes, ces dernières semaines, et ceux et celles qui se sont présenté·e·s ont déclaré avoir dû marcher pendant des heures à travers la capitale, faute de transports publics.