An MSF mobile clinic provides primary and mental health care services to people staying at an informal IDP camp in Les Cayes called Croix des Martyrs. Dr. Magdalena Berges Mulet and two MSF nurses assist an elderly patient. © Nico Dauterive/MSF
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Haïti : Les survivants du séisme ont besoin de soins continus dans le Sud

 

C’est dans le département du Sud que le séisme du 14 août 2021 a fait le plus grand nombre (en anglais) de morts et de blessés. Avant cette catastrophe, les hôpitaux et les cliniques étaient déjà rares dans les zones reculées du Sud, et le tremblement de terre a endommagé ou détruit de nombreux établissements de santé et routes, compliquant l’accès aux soins pour les survivants du séisme en zones rurales.

À l’Hôpital Immaculée Conception des Cayes, chef-lieu du département du Sud, une équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) a prodigué des soins chirurgicaux et postopératoires à plus de 90 patients en collaboration avec le ministère de la Santé.

« Mon équipe est arrivée aux Cayes le 23 août », se souvient Prunau Mimose, infirmière superviseure de l’équipe médicale d’urgence de MSF. « L’hôpital était débordé. Il y avait des enfants et des adultes. Ils arrivaient à l’hôpital plusieurs jours après le séisme et certains présentaient des plaies infectées. »

 

L’intervention de MSF

 

MSF a commencé à fournir des soins chirurgicaux, postopératoires et psychosociaux dans cet hôpital et a installé sept tentes avec 62 lits supplémentaires. La salle de soins postopératoires de l’hôpital, où travaille Prunau Mimose, est pratiquement toujours pleine depuis le séisme. Dès qu’un patient quitte un lit, un autre le remplace.

Prunau Mimose gère les soins infirmiers, ainsi que l’arrivée et le départ des patients. Elle félicite le personnel ainsi que les bénévoles locaux qui se sont mobilisés pour prêter main-forte à l’hôpital. « Sans eux, notre travail aurait été plus difficile », dit-elle. « Ce sont des gens formidables, ils travaillent sans arrêt ».

De nombreux patients, en particulier ceux qui habitent les régions montagneuses du département du Sud, ont connu un long et difficile voyage jusqu’aux Cayes.

La cargaison de MSF est chargée dans un hélicoptère à Port-au-Prince pour être transportée vers Les Cayes, dans le département du Sud, où MSF répond au séisme.
La cargaison de MSF est chargée dans un hélicoptère à Port-au-Prince pour être transportée vers Les Cayes, dans le département du Sud, où MSF répond au séisme.Nico Dauterive/MSF

 

« J’allais m’occuper du bétail quand tout à coup la terre a tremblé », se souvient Jean Nader Joseph, surnommé Dédé. « J’étais avec un ami et il a été le premier à voir le glissement de terrain. À peine avait-il crié, “Dédé, les rochers nous tombent dessus !”, qu’une pierre lui a fracassé le crâne. Il est mort sur le coup et le même rocher m’a écrasé la jambe. J’ai passé la nuit dans la brousse, et ce n’est que le lendemain matin que ma femme et mes voisins m’ont trouvé. »

Dédé explique avoir d’abord consulté un guérisseur traditionnel pour ses blessures, mais lorsqu’il a appris que l’Hôpital Immaculée Conception soignait gratuitement les rescapés du séisme, il s’y est rendu. Après 12 jours à l’hôpital, il venait de sortir et était sur le point de rentrer dans son village, situé à deux heures de route dans les montagnes, au-delà du village de Camp Perrin. Mais comme de nombreux patients, Dédé aura besoin d’un suivi médical, et c’est pour cette raison que MSF a commencé à fournir des soins de physiothérapie dans cet hôpital.

« Une fois la phase aiguë de prise en charge des blessés passée, nous avons beaucoup de travail à faire sur les soins postopératoires, notamment pour éviter les risques d’infection et assurer une bonne rééducation », explique Carla Melki, coordonnatrice d’urgence pour MSF. « L’idée est d’éviter les infections postopératoires, qui pourraient avoir des conséquences assez graves à long terme sur la mobilité de ces personnes. »

 

Un suivi difficile après le congé de l’hôpital

 

Les maisons de nombreux patients ont été détruites, ce qui a rendu plus difficile la provision de soins de suivi après leur départ de l’hôpital. « MSF veille à ce que les patients qui sortent de l’hôpital aient un abri », explique Carla Melki.

Afin d’atteindre les patients qui ne peuvent pas se rendre seuls aux Cayes, MSF a commencé le 23 août à organiser deux ou trois cliniques mobiles par jour dans les zones rurales reculées gravement touchées par le séisme. Pour se rendre dans certaines d’entre elles, les équipes doivent utiliser des motos ou se déplacer à pied avec des ânes pour transporter leur matériel. D’autres zones ne sont accessibles que par voie aérienne ou maritime.

« La plupart des zones proches de l’épicentre, en particulier près de Maniche ou d’Aquin, sont difficiles à atteindre », précise Bram Keijzer, coordonnateur médical du projet d’urgence de MSF. « Nous avons fait des visites exploratoires pour identifier les villages où nous pouvions prodiguer des soins. Nous avons également visité des camps de déplacés dans le centre des Cayes, dont certains sont là depuis le séisme de 2010. »

 

Des infirmières MSF préparent des médicaments pour un patient. Une clinique mobile MSF fournit des soins de santé primaires et des soins psychologiques aux personnes séjournant dans un camp informel de déplacés aux Cayes appelé Papa Numa.
Des infirmières MSF préparent des médicaments pour un patient. Une clinique mobile MSF fournit des soins de santé primaires et des soins psychologiques aux personnes séjournant dans un camp informel de déplacés aux Cayes appelé Papa Numa.Nico Dauterive/MSF

 

Les cliniques mobiles fournissent des soins de santé primaires et des soins psychologiques, et chaque clinique peut recevoir jusqu’à 100 patients par jour. Au cours de la première semaine, les cliniques mobiles ont accueilli près de 1 000 patients. Les patients nécessitant des soins spécialisés sont transportés vers des installations médicales fonctionnelles, telles que l’Hôpital Immaculée Conception aux Cayes, lorsque cela est possible. En plus des blessures causées par le tremblement de terre et des blessures et infections reliées, les patients des cliniques mobiles présentent d’autres affections telles des infections respiratoires et vaginales, des affections cutanées, de la malnutrition et d’autres maladies associées à de mauvaises conditions de vie et à un manque d’eau potable et d’installations d’hygiène.

Depuis le séisme, MSF a également travaillé avec d’autres organisations pour améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans ces communautés et soutenu les établissements de santé locaux en donnant des fournitures médicales et en installant des structures temporaires.

Bram Keijzer dit que son équipe continuera à chercher des moyens d’atteindre les villages les plus reculés touchés par le séisme. Depuis, le projet régulier de MSF pour les soins de santé maternelle, sexuelle et reproductive dans la ville de Port-à-Piment, dans le département du Sud, continue de fonctionner, même si le bâtiment où MSF travaille depuis des années a été gravement endommagé par le séisme.