Un jeune garçon marche dans le couloir d’un hôpital de fortune, où des lits ont été installés afin de faire face à l’afflux massif de personnes ayant besoin de soins. Haïti, 2025. © MSF
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Haïti : l’hôpital traumatologique de MSF à Port-au-Prince poussée à sa limite

L’escalade des attaques armées met à rude épreuve l’hôpital de traumatologie de Tabarre, qui atteint la limite de sa capacité maximale.

Les attaques coordonnées menées par les groupes armés se multiplient dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince qui échappaient jusque-là à leur contrôle. Dans ce contexte de violence extrême, Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur le risque que son hôpital traumatologique – l’un des derniers de la capitale – atteigne la limite de sa capacité. Cela engendrerait une situation désastreuse pour les personnes dont l’accès aux soins chirurgicaux serait considérablement réduit. 

Bien que sa capacité d’accueil ait été augmentée de moitié, l’hôpital MSF de Tabarre demeure sous haute pression. Déjà placé dans une situation tendue depuis le mois de février, il est aujourd’hui à la limite de sa capacité en raison du nombre grandissant de personnes blessées graves devant être pris en charge. Alors que le nombre de lits de traumatologie est officiellement de 50, le service compte régulièrement plus de 70 patientes et patients. Au-delà de la limite de 75, il sera quasi impossible d’accepter de nouveaux individus. 

« Le nombre de personnes blessées graves n’a fait qu’augmenter au cours des quatre dernières semaines. Près de 40 % d’entre elles sont des femmes et des enfants », s’inquiète Seybou Diarra, médecin et coordonnateur de l’hôpital MSF de Tabarre. « Nous sommes déjà surchargés et nous ne pouvons pas pousser les murs. Nous en sommes venus à créer des chambres d’hospitalisation dans les salles de réunion. Les équipes médicales sont épuisées et l’intensification de la violence autour de la structure complique la conduite de nos activités, puisque nous nous situons à proximité des zones régulièrement attaquées, donc avec un fort risque de balles perdues. »

Un médecin de MSF circule dans le service d’hospitalisation de l’hôpital Tabarre. Haïti, 2025. © MSF

En proie à l’instabilité politique depuis des années et dans une situation humanitaire alarmante, Haïti subit un nouveau regain de violence depuis la mi-février. Les groupes armés, réunis sous une seule coalition, tentent d’accroître leur contrôle de Port-au-Prince. Les combats s’intensifient et les lignes de front se déplacent, prenant en étau les derniers quartiers de la capitale qui leur échappaient. 

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, plus de 60 % des structures de santé à Port-au-Prince sont fermées ou non fonctionnelles. Dans ce contexte inédit, celles qui restent ouvertes font face à de graves pénuries en ressources humaines, en équipements et en services spécialisés. L’hôpital universitaire de Mirebalais, l’un des derniers hôpitaux aptes à traiter des cas en traumatologie, a suspendu ses activités, le 23 avril dernier, en raison de l’insécurité dans la zone. Cet hôpital se situe en effet sur la route qui mène à la frontière avec la République dominicaine, désormais contrôlée par les groupes armés. MSF a également dû suspendre ses activités dans son autre centre traumatologique à Carrefour à la suite d’un incident sécuritaire qui a eu lieu au mois de mars. L’hôpital universitaire de la Paix, qui reste ouvert, est surchargé. En un mois seulement, le nombre d’hôpitaux capables de traiter les cas de traumatologies est ainsi passé de quatre à deux. 

« La possibilité pour les gens d’Haïti d’accéder à des structures de santé devient en plus en plus difficile, et quasi impossible pour ceux et celles qui nécessitent une prise en charge traumatologique », précise le Seybou Diarra. « Si la situation ne se calme pas, je crains que de nombreuses personnes blessées décèdent, faute de soins disponibles. » 

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à la protection des personnes civiles et au respect des structures de santé dans les zones de combats.

Ce que nous faisons en Haïti

Depuis plus de 30 ans, MSF répond en Haïti aux besoins médicaux urgents des personnes les plus vulnérabilisées. En 2024, nos équipes ont assuré plus de 72 000 consultations, pris en charge 31 500 urgences, réalisé 7 400 interventions chirurgicales et assisté 1 300 accouchements. Nos équipes sont présentes dans les zones les plus vulnérables de Port-au-Prince et au-delà. Elles y offrent des soins essentiels, notamment en traumatologie, en santé maternelle, en santé sexuelle et reproductive. Elles soutiennent également les personnes ayant survécues à des violences sexuelles.