At the first light on August 23, the Sea-Watch 4 morning look out spotted a small black vessel in international waters, some 31 nautical miles from the coast of Libya. The overcrowded and unseaworthy rubber boat carried 60 men and women, as well as 9 children and 28 unaccompanied minors. Securing these lives at risk at sea, rescue crew distributed life vests, before bringing everyone safely on board. All survivors were triaged by MSF medics and assisted by the Sea-Watch protection team upon embarkation. The operation was complete at 09:30am ship time and the Sea-Watch 4 resumed patrolling at the deadliest border in the world. © Chris Grodotzki/Sea-Watch.org
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Hécatombe en Méditerranée : Une conséquence directe des politiques européennes

 

Ces derniers jours s’est déroulé l’un des épisodes les plus meurtriers de la Méditerranée centrale depuis le début de l’année : plus de 100 personnes ont péri en mer dans trois naufrages distincts en moins de 72 heures, alors que six navires de sauvetage d’ONG restent bloqués dans les ports par les autorités italiennes et européennes. Simultanément, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) en Libye ont aidé trois survivantes sauvées par des pêcheurs hier, après qu’un bateau en bois ait chaviré, entraînant la mort ou la disparition de 20 autres personnes.

« Assez avec les lamentations vides en réponse au carnage qui se déroule » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, conseillère aux affaires humanitaires de MSF. « La responsabilité de ces morts incombe directement aux États membres de l’UE. C’est le résultat concret et inévitable de leurs politiques meurtrières de non-assistance et du blocage actif des bateaux de sauvetage des ONG ».  

 

La responsabilité de ces morts incombe directement aux États membres de l’UE 

Hassiba Hadj Sahraoui | Affaires Humanitaires De Msf

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« Pour les gouvernements européens ou la Commission européenne, dire qu’ils sont attristés par cette horrible perte de vie est au mieux hypocrite », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. « Ils doivent cesser de tenir un double langage et admettre leur responsabilité : les naufrages comme celui-ci sont le résultat direct de leur approche de la migration ».

Fuir la violence, mais trouver la mort

 

Près de 700 personnes sont mortes dans leur tentative de fuir la Libye en traversant la Méditerranée centrale en 2020, et au moins 267 de ces décès ont été signalés depuis que le Sea-Watch 4 a été arrêté par les autorités italiennes dans le port de Palerme le 19 septembre. Avec six navires d’ONG empêchés de reprendre les opérations de sauvetage sous prétexte de préoccupations concernant la sécurité de la navigation, le navire de sauvetage Open Arms est actuellement le seul navire civil capable de fonctionner.

Plutôt que de remplir leurs obligations internationales et maritimes d’assistance aux personnes en détresse en mer, les États européens ont choisi de réduire encore davantage les capacités de recherche et de sauvetage. C’est une mascarade, consistant à accueillir ou à reconnaître la valeur du travail de sauvetage des ONG d’un côté, tout en orchestrant ou en approuvant leur criminalisation de l’autre.

Entre-temps, les interceptions des garde-côtes libyens ont atteint un niveau record ces dernières semaines, avec près de 1 000 personnes renvoyées de force en Libye entre le 3 et le 9 novembre, témoignant du nombre élevé de personnes qui ont tenté de s’échapper de la Libye ces dernières semaines.

 

Des conditions de vie dénoncés

 

« Les conditions inhumaines à l’intérieur des centres de détention en Libye ont été dénoncées à maintes reprises », a expliqué William Hennequin, responsable du programme MSF pour la Libye. « La détention arbitraire n’est qu’une petite partie du cycle mortel de la violence dans lequel sont actuellement piégées des milliers de personnes vulnérables. Les dirigeants des États qui encouragent et soutiennent ces interceptions et ces retours devraient voir par eux-mêmes le résultat de leurs politiques ».

« La semaine dernière, un jeune Érythréen de 15 ans a été abattu après que des hommes armés aient pris d’assaut un refuge à Tripoli » a raconté William Hennequin. « Les meurtres, les enlèvements, la violence extrême – y compris la torture pour extorquer de l’argent aux captifs et à leurs proches – restent des menaces quotidiennes qui continueront à pousser les personnes vulnérables à traverser la mer pour échapper à ces abus en l’absence d’autres moyens plus sûrs de le faire ».

Le 23 août 2020, les équipes MSF ont porté secours à 97 personnes qui prenaient place à bord d’un bateau gonflable bondé. Les hommes, femmes et enfants en détresse ont été aperçus dans les eaux internationales, à environ 30 miles nautiques de la Libye.MSF/Hannah Wallace Bowman

 

Mercredi, Frontex, l’Agence européenne des frontières et des garde-côtes, a déclaré qu’elle était « déterminée à sauver des vies en mer, en étroite coopération avec tous les acteurs opérationnels ». Toutefois, cela masque la réalité, à savoir qu’ils ont continuellement évité de partager les informations relatives aux bateaux en détresse avec les navires de sauvetage des ONG, tout en envoyant les emplacements aux garde-côtes libyens, afin que les bateaux puissent être piégés et renvoyés de force en Libye.

Les États européens doivent cesser de rejeter la responsabilité de ces pertes de vies sur la seule insensibilité des trafiquants. Ils doivent au contraire accepter que les pertes massives de vies humaines dans ces incidents soient la conséquence directe de leur propre prise de décision politique et calculée. La traite des êtres humains doit être combattue, mais pas au détriment de ses victimes qui, au lieu de recevoir une assistance et une protection vitales, sont piégées et repoussées dans un cycle d’abus. Ou tout simplement abandonnées à la noyade.