GREECE. Lesbos, 11 September 2020. Refugees and migrants from the Moria camp protest near Mytilene on the Greek island of Lesbos, a few days after a fire destroyed the Moria refugee camp. © Enri CANAJ/Magnum
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Îles Grecques : Appel à mettre fin aux politiques d’endiguement qui nourrissent un cycle d’abus

 

Un mois après les incendies qui ont détruit le camp de réfugiés de Moria, et malgré les promesses publiques des commissaires de l’UE selon lesquelles ce type de camp n’existerait plus, au-delà de 7 500 personnes sont toujours piégées dans des conditions inhumaines dans un camp récemment construit à Lesbos. Des milliers d’autres personnes, dont 7 000 enfants, continuent de vivre dans d’autres camps dans les îles de la mer Égée, caractérisés le manque de dignité et de sécurité.

Plus d’un demi-million de personnes ont signé des pétitions appelant les dirigeants européens à évacuer les personnes piégées sur les îles grecques et à mettre fin aux politiques d’endiguement qui ont causé ce cycle de souffrances et d’abus. Le nouveau pacte sur les migrations de la Commission européenne, présenté il y a deux semaines et actuellement en discussion au Conseil Justice et affaires intérieures, ne parvient pas à répondre à ces demandes et réaffirme au contraire l’engagement des gouvernements et des institutions européens envers les politiques qui ont précipité les incendies.

 

Le nouveau camp de Lesbos rappelle la misère qui caractérisait le camp de Moria : hommes, femmes et enfants dorment dans des tentes sur des nattes, il n’y a pas d’eau courante et la nourriture n’est distribuée qu’une fois par jour

Le nouveau camp de Lesbos rappelle la misère qui caractérisait le camp de Moria : hommes, femmes et enfants dorment dans des tentes sur des nattes, il n’y a pas d’eau courante et la nourriture n’est distribuée qu’une fois par jour. Les parents et les enfants se lavent dans la mer, il n’y a pas de douches disponibles et le nombre de toilettes chimiques est limité. Le camp a été construit à la hâte sur un ancien champ de tir au bord de la mer et est exposé à tous les éléments; l’hiver approche, et le camp ne résistera pas à la pluie et aux tempêtes à venir. Bien que tout cela se produise dans le contexte d’une épidémie de COVID-19, il est toutefois impossible pour les résidents du nouveau camp de prendre des mesures préventives telles que la distanciation physique.

Parallèles avec le camp de Moria

Pendant ce temps, les personnes vivant dans les autres points chauds de l’UE à Samos, Chios, Kos et Leros sont également piégées dans des conditions inhumaines et de surpeuplement. À Kos, les nouveaux arrivants sont automatiquement détenus depuis janvier. À Samos, un point chaud, 4 314 personnes vivent à l’intérieur et en périphérie d’un site initialement construit pour 648 personnes. On compte plus de 90 cas positifs de COVID-19, et pourtant aucun plan d’intervention médicale adéquat n’est en place. 

 

Rien ne semble indiquer que le modèle d’endiguement qui a créé ces urgences cycliques au cours des cinq dernières années a été remis en question. Le Pacte sur les migrations semble au contraire consolider les politiques mêmes qui ont causé des années de souffrance humaine dans les Îles. Il reflète l’approche ratée de l’UE sur les points chauds dans les îles de la mer Égée, élargit les procédures obligatoires aux frontières et est ouvertement orienté vers la dissuasion et le retour au lieu de l’accueil et de la protection.

Assez, c’est assez. Nous réitérons notre appel à désengorger de toute urgence les îles et à offrir à ces gens un logement sûr et digne, en mettant l’accent sur la relocalisation à travers l’Europe. Nous exhortons les dirigeants de l’UE à arrêter immédiatement le confinement des personnes sur les îles grecques et à abandonner les propositions visant à instaurer des installations frontalières à travers l’Europe. Il faut mettre un terme à tout cela.

 

Amplifiez votre voix

  • Ce communiqué de presse est une initiative conjointe d’Europe Must Act, de Help Refugees, du Centre juridique Lesbos, de Lesbos Solidarity, de Médecins Sans Frontières, de Refugee Rights Europe et l’organisation Still I Rise, qui mènent une mobilisation européenne depuis les incendies dans le camp de Moria le 8 septembre. À ce jour, l’initiative est devenue une alliance sans précédent de 450 organisations, réseaux, groupes et politiciens, sans compter les plus de 165 000 personnes qui ont signé la petition.  
  • Depuis les incendies qui ont détruit le camp de Moria, plusieurs pétitions ont été lancées pour réitérer des demandes similaires. Ensemble, elles ont recueilli des centaines de milliers de signatures (entre autres par le biais de la coalition mentionnée ci-dessus, SeeBrücke, Amnistie internationale). De plus, depuis le début de la pandémie de COVID-19, de nombreuses pétitions ont appelé à une décongestion urgente des îles grecques et à une relocalisation à travers l’Europe (lancées notamment par Leave NoOne Behind, SOS Moria, Europe Must Act, Evakuieren Jetzt)