Allison Male, MSF Mental Health Activity Manager, speaks with a client in MSF’s MAT clinic in Karuri town, Kiambu county. The one-stop clinic aims at offering free health care services for drug users who wants to contain their addiction, including psychosocial support.
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Lacunes dans l’aide mondiale

L’accès à des soins médicaux s’ajoute aux nombreux besoins urgents auxquels sont confrontées les personnes touchées par une crise. Or , bien souvent, celles-ci n’ont ni nourriture, ni abri, ni eau potable, en plus d’être exposées à la violence. Les Nations Unies estiment que près de 340 millions de personnes nécessiteront une aide humanitaire en 2023, soit une augmentation de près de 60 millions de personnes par rapport à l’année précédente. 

C’est pour répondre à ces besoins qu’existe le système humanitaire international, composé d’un réseau de gouvernements, d’agences des Nations Unies, de bailleurs de fonds et d’organisations humanitaires. Ce système vient en aide aux personnes déplacées en construisant et en gérant des camps pour les héberger, en leur distribuant de l’aide alimentaire ou en leur donnant accès à l’eau potable et à des installations sanitaires. 

En tant qu’organisation internationale de secours médical, Médecins Sans Frontières (MSF) participe à ce système et y a joué un rôle prédominant pendant une grande partie de son histoire. MSF est l’une des rares organisations internationales qui dépendent presque entièrement, pour son financement, de dons privés plutôt que des gouvernements ou de grandes institutions.  Cela signifie qu’elle peut agir de manière indépendante, un point souvent soulevé quand nous exprimons nos préoccupations de principe et de pratique quant aux décisions prises ailleurs dans le secteur de l’aide humanitaire et le système international dirigé par les Nations Unies. 

Bien que ces critiques publiques aient parfois conféré à MSF une réputation d’arrogance ou d’incapacité à collaborer et à faire des compromis, elles respectent l’un des principes fondamentaux de MSF : le témoignage. Nous dénonçons les conditions néfastes dont nous sommes témoins et qui affectent les personnes que nous cherchons à aider, plus précisément en identifiant les facteurs qui créent ces conditions ou nous empêchent de travailler efficacement pour les atténuer. Ainsi, MSF vise à atteindre son objectif fondamental d’alléger les souffrances, d’éviter les décès évitables et de défendre la dignité humaine. Nous accomplissons ce travail indépendamment de toute considération politique, financière ou multilatérale, et en fonction de nos principes humanitaires fondamentaux.

Pourquoi est-ce important pour la population canadienne

Le Canada constitue une grande force motrice dans le système humanitaire international. Il est non seulement un important bailleur de fonds, mais aussi un État membre influent de la communauté mondiale qui a toujours joué un rôle de chef de file dans la réponse aux crises humanitaires. En 2021-22, le Canada a dépensé un peu plus de 8,4 milliards de dollars en aide internationale dans des secteurs comme la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement. Plus d’un milliard de dollars ont été consacrés spécifiquement à l’aide humanitaire en réponse à des crises aiguës.

Avec un appui financier aussi majeur, le gouvernement du Canada joue un rôle crucial dans la réalisation des activités d’aide humanitaire et de développement aux quatre coins du monde. Cela lui permet également d’avoir un impact incontestable dans les endroits où les besoins s’avèrent les plus grands. Il peut aussi intervenir efficacement pour alléger les souffrances humaines en cas de catastrophes ou autres situations d’urgence.

Afin de maintenir notre neutralité, notre impartialité et notre indépendance, MSF n’accepte pas de financement de la plupart des gouvernements. Nous dépendons de fonds privés recueillis auprès de donatrices et donateurs individuels pour plus de 97 % de nos revenus, plutôt que des gouvernements ou de grandes institutions. Le Canada est l’un des trois seuls pays à accepter un financement institutionnel public (les deux autres sont le Japon et la Suisse, qui représentaient tous trois 1,5 % de nos revenus totaux en 2021). Cette relation permet à MSF d’engager un dialogue régulier avec les entités canadiennes responsables de l’aide humanitaire internationale. Elle nous donne aussi la possibilité de soulever les enjeux préoccupants évoqués par nos équipes sur le terrain dans des endroits comme le Bangladesh, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud.