© MSF/Tracy Makhlouf
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Le choléra à travers le monde : une épidémie qui peut être évitée

En 2022, trente pays ont signalé des cas de choléra, alors qu’au cours des cinq dernières années, seuls vingt pays l’avaient fait. Les épidémies de choléra prennent de l’ampleur, s’étendent sur un plus grand nombre de pays et durent généralement plus longtemps. La mortalité plus élevée est notamment liée aux retards dans la prise en charge appropriée des cas. Or, la prise en charge clinique du choléra est relativement simple et peu coûteuse et peut être facilement étendue. Actuellement, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient dans plus de dix pays où la situation est préoccupante, ce que nécessite un volume opérationnel considérable. Afin de comprendre les tenants et les aboutissants de cette propagation du choléra, nos équipes répondent à 4 questions.

Qu’est-ce que le choléra?

RDC : MSF a ouvert un centre de traitement du choléra (CTC) au Nord-Kivu, le 26 novembre.
RDC : MSF a ouvert un centre de traitement du choléra (CTC) au Nord-Kivu, le 26 novembre.Michel Lunanga/MSF

 

Le choléra est une maladie causée par une bactérie qui infecte les intestins après l’ingestion d’eau (ou d’aliments) contaminée. La bactérie provoque une grave diarrhée et parfois des vomissements. Les personnes malades se déshydratent rapidement, ce qui peut entraîner la mort en quelques heures.

Les épidémies de choléra peuvent se propager extrêmement rapidement, puisque les matières fécales des personnes infectées sont susceptibles de contaminer l’eau potable, qui infecte à son tour de nouvelles personnes.

 

Pourquoi les épidémies de choléra sont-elles si nombreuses aujourd’hui?

 

En 2022, au moins trente pays ont connu des épidémies de choléra ou de maladies apparentées au choléra. Mais il ne s’agit pas d’une seule grande épidémie. Pour la plupart des pays, la flambée actuelle de choléra est due à des conditions spécifiques et locales. Les facteurs de risque des épidémies de choléra sont bien connus et toujours liés à l’accès à l’eau potable et à la gestion adéquate des eaux usées.

Crises politiques ou militaires prolongées : ces crises peuvent entraîner un manque d’entretien des infrastructures d’eau potable ou d’assainissement. C’est le cas aujourd’hui dans des pays comme Haïti, la Somalie ou la Syrie.

Les catastrophes naturelles : la chaleur et la sécheresse peuvent réduire la quantité d’eau potable disponible, obligeant les gens à utiliser des sources moins sûres. Les inondations, quant à elles, peuvent faciliter la propagation de la bactérie vers des sources d’eau auparavant sûres. En 2022, des pays comme la Somalie, le Kenya et l’Éthiopie ont souffert de graves sécheresses. D’autres, comme le Soudan du Sud et le Nigéria, ont été confrontés à des inondations.

Les déplacements : les personnes en déplacement doivent souvent se réfugier dans des endroits où l’accès à l’eau potable est insuffisant, et les autorités n’investissent pas toujours dans des infrastructures adéquates pour l’eau et les déchets dans les camps pour personnes réfugiées. Cette année, des épidémies de choléra ont éclaté dans des camps au Liban, en Somalie et au Nigéria.

 

Quels sont les défis à relever aujourd’hui?

Haïti : Les travailleurs de MSF construisent des tentes de quarantaine. Il y a actuellement 7 tentes pour isoler et traiter les patients.
Haïti : Les travailleurs de MSF construisent des tentes de quarantaine. Il y a actuellement 7 tentes pour isoler et traiter les patients.Alexandre Marcou/MSF

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Le choléra est facile à traiter avec une réhydratation orale pour la plupart des personnes atteintes, et une réhydratation intraveineuse pour les cas plus graves. Si elles sont traitées à temps, plus de 99 % des personnes survivront à la maladie. En fournissant de l’eau potable et en traitant correctement les eaux usées, il est possible d’éviter, en premier lieu, que les gens ne soient infectés. Il existe également un bon vaccin contre le choléra.

Le traitement et la prévention du choléra s’accompagnent toutefois de défis logistiques considérables. La mise en place de centres de traitement du choléra nécessite beaucoup de matériel, tout comme les projets d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Dans les endroits difficiles d’accès ou encore là où la sécurité est un enjeu, cela représente une contrainte énorme. Par ailleurs, le nombre d’épidémies déclaré cette année a rendu la situation très difficile. Il y a déjà une pénurie de vaccins contre le choléra et l’approvisionnement d’autres fournitures essentielles, comme le liquide pour la réhydratation intraveineuse, est également sous pression.

Il arrive en outre que les gouvernements ne veuillent pas déclarer officiellement les épidémies de choléra, souvent pour des raisons politiques. Il est donc très difficile d’informer correctement les communautés sur la façon dont elles peuvent se protéger, et impossible de procéder à la vaccination.

 

Que fait MSF?

Syrie : Un agent de santé accompagne Mohamad Al-Merhi, un patient atteint du choléra dans l
Syrie : Un agent de santé accompagne Mohamad Al-Merhi, un patient atteint du choléra dans l’unité de traitement du choléra (CTU) soutenue par MSF.Abd Almajed Alkarh/MSF

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MSF mène aujourd’hui des programmes contre le choléra dans dix pays (Kenya, Éthiopie, Somalie, Cameroun, Nigéria, Haïti, Liban, Syrie, Malawi et République démocratique du Congo). Nos équipes sont impliquées dans la prévention du choléra : elles font de la promotion de la santé, des travaux d’eau et d’assainissement, et de la vaccination contre le choléra. Nous gérons également des unités de traitement du choléra pour soigner les gens dans les établissements médicaux, et nous avons mis en place des centres de choléra plus grands et séparés où des centaines de personnes atteintes du choléra peuvent être admises simultanément.