In the context of the Ebola outbreak in Uganda, MSF has set up a 36 beds Ebola treatment unit at the Mubende hospital, for suspect and confirmed cases. © Augustin Westphal/MSF
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Le plan d’intervention humanitaire actuel de l’ONU pour le Nigéria se concentre sur la situation critique dans la région du nord-est du pays, et exclut celle du nord-ouest. Contrairement à MSF, qui n’est pas financée par le plan d’intervention humanitaire

L’épidémie actuelle de maladie à virus Ebola en Ouganda est très préoccupante. Alors que des vies ont déjà été perdues, les équipes médicales de Médecins Sans Frontières (MSF) qui luttent contre l’épidémie doivent travailler 24 heures par jour pour aider à prévenir la propagation de la maladie. Toutefois, l’intervention d’urgence tourne au ralenti, car il n’y a pas de vaccins ni de traitements approuvés pour la souche de virus en cause, Ebola-Soudan, qui est plus rare.

La situation est différente avec la souche la plus courante (Ebola-Zaïre), pour laquelle des vaccins efficaces existent. D’ailleurs, le premier d’entre eux a été mis au point par des scientifiques au Laboratoire national de microbiologie du Canada à Winnipeg, au début des années 2000. Il a été utilisé par MSF, entre autres, pour sauver des vies et stopper de multiples épidémies de la maladie au cours des dernières années.

Malheureusement, la voie qui mène du laboratoire aux patients et aux patientes est lente et laborieuse au Canada. Malgré sa longue histoire, le vaccin canadien contre Ebola-Zaïre n’était toujours pas disponible lorsque l’épidémie d’Ebola a sévi en Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016. Elle a alors tué des milliers de personnes et déclenché une crise mondiale de santé publique. Aujourd’hui, l’histoire se répète : un candidat-vaccin prometteur contre Ebola-Soudan a été élaboré par le même laboratoire du gouvernement canadien il y a plus de dix ans, mais il accumule de la poussière, depuis, sur une tablette. La situation est la même pour d’autres maladies graves comme les fièvres de Marburg et de Lassa. Des épidémies de ces trois maladies en 2022 sont rendues plus mortelles par le fait qu’aucun vaccin n’est encore approuvé pour les freiner. Pourtant, toutes  trois disposent de candidats-vaccins prometteurs développés au Canada, mais jamais terminés.

Le problème provient du fait que le système canadien de recherche et développement (R et D) n’est pas axé sur la mise au point de médicaments et de vaccins qui ont d’importants avantages pour la santé publique, mais qui ne génèrent pas de larges profits pour les sociétés pharmaceutiques privées. Notre système de R et D compte plutôt sur les entreprises pharmaceutiques à but lucratif pour mettre sur le marché des médicaments et des vaccins capables de sauver des vies. Cela s’avère même lorsque ce sont des institutions financées par l’État, comme les universités et les laboratoires de recherche, qui sont à l’origine de ces découvertes.

Cette approche n’a visiblement pas fonctionné pour de nombreux médicaments et vaccins destinés à un marché peu lucratif, comme ce fut le cas pour les vaccins contre Ebola, parce que les sociétés pharmaceutiques n’y voient pas d’avantages financiers. C’est ce qui explique pourquoi des produits languissent, inachevés, sur une tablette jusqu’à ce qu’il soit trop tard. MSF a demandé au gouvernement canadien de s’attaquer à ces enjeux en apportant des changements au financement fédéral de la R et D médicale, afin d’accorder la priorité à la vie plutôt qu’aux profits.

Il est temps pour le Canada de terminer le travail et de veiller à ce que d’importantes recherches canadiennes aboutissent à des outils de santé publique essentiels qui ultimement se rendront aux malades qui en ont besoin.