Libye : MSF retourne dans les centres de détention de Tripoli
Près de trois mois après avoir suspendu ses activités médicales dans deux centres de détention à Tripoli à la suite d’une série d’incidents préoccupants, Médecins Sans Frontières (MSF) a repris son travail dans ces centres, afin de fournir des soins médicaux vitaux aux migrants et réfugiés détenus. MSF a également repris ses activités dans un troisième centre de détention, dont elle avait perdu l’accès durant cette même période.
Cette évolution fait suite aux récents entretiens entre MSF et le Directorate for Combating Illegal Migration (DCIM) [Direction de la lutte contre la migration illégale] de Libye, au cours desquels MSF a reçu l’assurance que certaines conditions élémentaires seraient respectées dans les centres de détention, ce qui nous permet de reprendre nos activités dans le respect de l’éthique médicale et des principes humanitaires. Voici ces conditions : éviter le recours à la violence contre les personnes détenues et assurer la sécurité des équipes MSF; permettre à notre personnel médical d’accéder librement et durablement aux centres de détention; permettre aux personnes détenues d’accéder librement à nos services médicaux; et assurer le plein respect de la confidentialité du dossier médical des personnes détenues dans les centres de détention.
Le 15 septembre 2021, les équipes MSF ont repris les visites médicales mobiles dans les centres de détention d’Al-Mabani (Ghout al-Sha’al), d’Abu Salim et de Shara Zawiya à Tripoli. Nos équipes ont pu fournir des soins médicaux indispensables, dont un soutien psychosocial, à des hommes, des femmes et des enfants détenus dans ces centres, qui n’auraient autrement qu’un accès très limité aux soins de santé.
Au cours de cette première semaine, les médecins de MSF ont examiné et soigné 404 patients, dont 30 enfants de moins de 15 ans, souffrant principalement de maladies de la peau, de troubles gastro-intestinaux et d’infections des voies respiratoires supérieures, des pathologies imputables aux mauvaises conditions de détention. Notre équipe médicale a également permis d’orienter d’urgence 28 patients vers des cliniques soutenues par MSF pour qu’ils y reçoivent des soins médicaux critiques.
Bien que MSF se félicite d’avoir obtenu l’assurance de la part des autorités libyennes qu’elles répondraient aux préoccupations qui nous ont contraints de suspendre nos activités en juin dernier, nous permettant ainsi de fournir à nouveau des soins médicaux essentiels aux personnes détenues, nous continuons à exiger que la Libye mette fin à ce système de détention arbitraire et indéfinie dans le pays.
MSF réitère également ses appels pour fermer ces centres de détention, libérer toutes les personnes qui y sont détenues et leur fournir, à leur libération, une aide humanitaire et des services de protection adéquats, y compris un rapatriement volontaire urgent et une réinstallation hors de Libye.