Mananjary Hospital. © Joaquin Noterdaeme/MSF
PARTAGEZ

Madagascar : évaluations en cours après le cyclone Batsirai

Le cyclone tropical Batsirai a frappé Madagascar le 5 février 2022. Selon le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), le bilan initial s’élève à 94 personnes mortes et 116 000 sinistrées. Ces chiffres demeurent toutefois provisoires puisque de nombreuses zones restent inaccessibles.

Carte des missions exploratoires de MSF.
Carte des missions exploratoires de MSF.

rong>

En début de semaine, deux équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) se sont rendues dans les zones touchées pour évaluer les besoins et organiser la réponse. À Fianarantsoa, 25 structures sanitaires ont été endommagées par le passage de Batsirai et une partie de la ville est totalement inaccessible après l’effondrement d’un pont. Dans cette zone, la population pourrait ne pas avoir accès aux soins dans les prochaines semaines.

Vue aérienne de la zone au nord de Nosy Varika.
Vue aérienne de la zone au nord de Nosy Varika.MSF

En se déplaçant à l’est vers le point d’impact du cyclone, nos équipes ont constaté les dégâts causés par les forts vents cycloniques. « L’état des routes se détériore au fur et à mesure que nous avançons, et plusieurs sont encore en train d’être dégagées. Les routes sont instables, un trou profond s’est créé sous l’asphalte de certaines d’entre elles, et elles menacent de s’effondrer à tout moment », explique Joaquin Noterdaeme, coordonnateur logistique de MSF.

La ville de Mananjary, durement touchée par le cyclone, est en grande partie détruite. « L’hôpital ne fonctionne plus, cinq centres de santé ont été complètement détruits dans la région, et les toits de 35 autres structures ont été soufflés. Les patients et les patientes hospitalisé·e·s ont été évacué·e·s vers une clinique ouverte en urgence pour les recevoir », poursuit Joaquin Noterdaeme.

Le district de Mananjary après le passage du cyclone Batsirai.
Le district de Mananjary après le passage du cyclone Batsirai.Joaquin Noterdaeme/MSF

L’accès à Nosy Varika, ville côtière située à environ 100 km au nord de Mananjary, est très difficile en raison de la montée des eaux et des routes bloquées, ce qui retarde l’arrivée des secours. L’hôpital a été détruit, et la ville était toujours sans électricité lorsque l’équipe MSF est arrivée sur les lieux la nuit dernière. Quant aux régions les plus éloignées, d’autres moyens doivent être mis en place pour poursuivre les évaluations : « nous partirons en bateau moteur pour rejoindre certains centres de santé inaccessibles par la route, alors que d’autres régions ne sont accessibles qu’en moto ».

Un convoi MSF chargé de produits d’hygiène et passant par le nord de Nosy Varika a dû emprunter par trois fois des traversiers pour franchir les routes inondées; il a finalement atteint Masomeloka le 10 février 2022. La pharmacie du village avait été inondée et le centre de santé a été touché par la montée des eaux. Les équipes ont également constaté de nombreux dégâts dans les champs et sur les arbres fruitiers, faisant craindre des conséquences sur l’accès à la nourriture.

À Ankatafana, village de pêcheurs situé entre la mer et le canal des Pangalanes, de nombreuses habitations ont été détruites, tout comme le centre de santé qui venait tout juste d’être construit et qui s’apprêtait à ouvrir.
À Ankatafana, village de pêcheurs situé entre la mer et le canal des Pangalanes, de nombreuses habitations ont été détruites, tout comme le centre de santé qui venait tout juste d’être construit et qui s’apprêtait à ouvrir.Joaquin Noterdaeme/MSF

« Dans les zones difficiles d’accès, une augmentation du prix du riz a déjà été observée, ce qui peut conduire, si rien n’est fait, à une aggravation de la situation alimentaire », conclut Joaquin Noterdaeme. « La montée et la stagnation des eaux nous font craindre des épidémies de paludisme dans les semaines à venir. De plus, nous constatons déjà une augmentation du nombre de cas de diarrhée et d’infections respiratoires ». Les conséquences médicales des inondations et des destructions généralisées sont déjà tangibles.

À ce stade, des évaluations sont encore en cours dans les zones les plus isolées, et les détails des activités restent à définir. Notre intervention est axée sur le soutien médical dans les zones touchées, en coordination avec d’autres organisations déjà présentes sur le terrain. Des médicaments et du matériel supplémentaires doivent arriver au cours des prochains jours.