Joseph Kachapila and Phillip Msisya, prepare to pump water at a camp for displaced people at Bangula. MSF is providing WASH facilities for people affected by Tropical Cyclone Ana. © ANGELA JIMU
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Malawi : les personnes déplacées par les inondations vivent dans des conditions désastreuses

Le sud du Malawi a été durement touché par la tempête tropicale Ana. La région doit maintenant se reconstruire après que des vents destructeurs et des inondations soudaines aient emporté des routes, endommagé des systèmes d’alimentation électrique et laissé environ 32 000 familles sans abri. On compte actuellement 152 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, réparties dans 178 camps de la région, et elles ont désespérément besoin d’assistance.

« Des familles – certaines avec cinq enfants ou plus – ont perdu leur maison et leurs réserves de nourriture et vivent maintenant dans des camps où elles n’ont pas d’abris ou dans des conditions très précaires », explique la Dre Narine Danielyan, coordonnatrice médicale de MSF. « Les gens ont un accès limité ou inexistant à l’eau, et l’assainissement est catastrophique. Certains camps ne comptent que 10 latrines pour 2 000 personnes et parfois, certaines zones destinées à l’hygiène corporelle sont également utilisées comme latrines. »

Le lundi 24 janvier 2022, la tempête tropicale Ana a touché terre au Malawi, affectant environ 945 000 personnes, et laissant sur son passage 45 morts et des dizaines de milliers de personnes sans accès à de la nourriture ou à de l’eau potable.Devant la gravité de la situation, le président décrétait deux jours plus tard l’état de catastrophe nationale.

La tempête tropicale Ana est la troisième tempête majeure à avoir frappé le Malawi au cours des sept dernières années. En 2015, la tempête tropicale Chedza a fait 176 morts. Le cyclone Idai qui a frappé le Malawi en 2019 a quant à lui touché directement plus de 920 000 personnes à travers le pays, ce qui en fait la deuxième tempête la plus meurtrière jamais enregistrée dans l’hémisphère sud. « Dans le district de Nsanje, les gens disent qu’Ana était pire qu’Idai », explique Marion Péchayre, directrice nationale de MSF au Malawi. « Cela relève de l’anecdote, mais ce qui est sûr, c’est que ces tempêtes destructrices semblent se produire plus fréquemment, ce qui est sérieusement perturbant et potentiellement mortel pour de nombreux Malawiens et Malawiennes. »

Les personnes déplacées par le cyclone tropical Ana à Bangula, dans le district de Nsanje, sont hébergées dans le camp de Bangula Admarc où MSF fournit à plus de 15 000 personnes des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.
Les personnes déplacées par le cyclone tropical Ana à Bangula, dans le district de Nsanje, sont hébergées dans le camp de Bangula Admarc où MSF fournit à plus de 15 000 personnes des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.ANGELA JIMU

Alors que les secours d’urgence du gouvernement, des autorités et des ONG locales ont contribué à stabiliser la situation, les besoins des personnes déplacées sont toujours énormes. Le manque d’assainissement, le surpeuplement dans les camps et les mares d’eau stagnante présentent un risque énorme d’épidémies, en particulier dans un district comme Nsanje où le choléra est endémique. L’augmentation des cas de paludisme est également préoccupante.

« Pour les malades chroniques sous médication, comme ceux qui reçoivent un traitement antirétroviral ou de l’insuline, par exemple, la perte ou la destruction de leurs médicaments peut signifier une interruption de traitement », explique la Dre Danielyan. « De plus, les personnes ayant besoin de soins médicaux urgents, comme les femmes enceintes, les enfants malades ou les personnes blessées, ne se rendent pas dans les établissements de santé, ce qui les expose à des complications potentiellement mortelles. Cela s’explique soit parce que les établissements de santé sont éloignés, soit parce que les gens font passer leur survie immédiate avant leur santé. »

« Le système de santé du Malawi, caractérisé par des pénuries chroniques de médicaments essentiels, des pénuries aiguës de personnel médical et des établissements de santé endommagés, a urgemment besoin de notre soutien », ajoute-t-elle.

Comme nous sommes déjà présents dans le sud du pays, MSF travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Santé pour fournir un soutien dans cette région.

Cliniques mobiles

Le ministère de la Santé fournit aux personnes qui se trouvent dans les camps de déplacé·e·s un soutien médical à travers des cliniques mobiles, cela, au détriment de son budget annuel serré, ce qui laisse peu de place aux interventions d’urgence. MSF apporte son soutien logistique et fournit des médicaments et du personnel pour prévenir d’éventuelles pénuries. Afin de protéger la dignité des personnes et assurer l’intimité des patients et des patientes dans les cliniques mobiles, MSF envisage de fournir des tentes à plusieurs camps. Des équipes de proximité contribuent également à la surveillance épidémiologique et à l’orientation vers les établissements de santé.

Simeon Maleka assiste une patiente dans une clinique mobile à Kampata dans le district de Nsanje, où MSF apporte un soutien technique et fournit des médicaments par l’intermédiaire du ministère de la Santé.
Simeon Maleka assiste une patiente dans une clinique mobile à Kampata dans le district de Nsanje, où MSF apporte un soutien technique et fournit des médicaments par l’intermédiaire du ministère de la Santé.ANGELA JIMU

Approvisionnement en eau et assainissement

Les évaluations menées par nos équipes dans plusieurs camps mettent en évidence le besoin urgent de latrines, de douches et d’approvisionnement en eau potable. Plusieurs membres de l’équipe MSF travaillent à la construction de latrines et assurent les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Des articles d’hygiène essentiels comme du savon, des matelas et des seaux ont été distribués aux personnes qui en avaient le plus besoin.

Phillip Msisya branche une conduite à un réservoir d’eau dans le camp pour déplacé·e·s de Bangula.
Phillip Msisya branche une conduite à un réservoir d’eau dans le camp pour déplacé·e·s de Bangula.ANGELA JIMU

Prévention du choléra

Dans le district de Nsanje, des milliers de personnes ont été vaccinées contre le choléra en 2020, ce qui signifie qu’elles bénéficient d’un certain niveau de protection contre cette maladie d’origine hydrique qui entraîne souvent une déshydratation sévère, en particulier chez les enfants et les personnes à risque. Cela peut aider énormément à réduire le risque d’épidémie. Malheureusement, la situation Chikwawa est différente, car les dernières vaccinations contre le choléra remontent à 2017, et il n’y a actuellement aucun vaccin disponible dans le pays. À ce stade, nos équipes médicales n’ont pas signalé d’augmentation des cas de choléra, mais nous sommes prêts et prêtes à réagir et à mettre en place des centres de traitement du choléra en cas d’épidémie. Le ministère de la Santé travaille à l’achat et à l’importation de vaccins supplémentaires.

Un travailleur de la santé se prépare à distribuer de l’amoxicilline, un antibiotique, dans une clinique mobile à Kampata dans le district de Nsanje, où MSF apporte un soutien technique au ministère de la Santé en fournissant notamment des médicaments.
Un travailleur de la santé se prépare à distribuer de l’amoxicilline, un antibiotique, dans une clinique mobile à Kampata dans le district de Nsanje, où MSF apporte un soutien technique au ministère de la Santé en fournissant notamment des médicaments.ANGELA JIMU

Les équipes MSF continueront à effectuer d’autres évaluations et à apporter leur appui là où les besoins sont les plus grands. Nos interventions devraient se poursuivre jusqu’à la fin du mois de mars.