De janvier à novembre 2023, près d’un demi-million de personnes migrantes ont traversé la jungle du Darién, entre la Colombie et le Panama. Panama, 2023. © Juan Carlos Tomasi/MSF
PARTAGEZ

MSF constate une forte augmentation des violences sexuelles signalées dans la jungle du Darién

Les cas signalés de violences sexuelles subies par des personnes migrantes tentant de franchir la jungle du Darién ont fortement augmenté en décembre 2023, selon Médecins Sans Frontières (MSF). Pourtant, les traversées de cette région dénuée de route entre la Colombie et le Panama ont été moins nombreuses que les mois précédents.

Les équipes de MSF au Panama ont traité 214 victimes de violences sexuelles en décembre, après qu’elles aient franchi la jungle du Darién. Cela équivaut à un acte de violence sexuelle toutes les trois heures et demie.

« Chaque mois, nous enregistrons un nombre plus élevé de cas [de violences sexuelles] », explique Carmenza Gálvez, coordonnatrice médicale de MSF en Colombie et au Panama. « C’est effroyable. »

Le nombre de personnes survivantes de violences sexuelles traitées par les équipes de MSF en décembre représente un tiers des 676 cas traités au cours de l’année 2023. Ces derniers mois, MSF a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises sur l’escalade de la violence sexuelle à l’encontre des personnes migrantes dans la jungle du Darién.

Au cours des derniers mois, et de plus en plus fréquemment, les patientes et les patients de MSF ont décrit des événements de masse de violence sexuelle. Des hommes armés détiennent des groupes allant jusqu’à 200 personnes migrantes, quelques heures après leur passage de la frontière entre la Colombie et le Panama. Ils les forcent à se déshabiller avant de commettre toutes sortes d’actes sexuels, allant des attouchements au viol.

MSF a enregistré un cas massif de violence sexuelle en octobre, deux en novembre et quatre en décembre. Dans la plupart des cas, les victimes étaient des femmes, mais les équipes de MSF au Panama ont également soigné des hommes et des enfants victimes de violences sexuelles.

MSF estime que de nombreux cas sont susceptibles de ne pas être signalés, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour les personnes survivantes. En effet, le traitement médical connu sous le nom de prophylaxie post-exposition doit être administré dans les 72 heures suivant un viol afin de prévenir la grossesse, l’infection au VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles.

« Notre équipe de soutien médical et social renforce le mécanisme d’identification des personnes survivantes de violences sexuelles », explique Carmenza Gálvez. « L’une de nos plus grandes préoccupations est la sous-déclaration. En effet, dès qu’un cas de ce type se produit, les personnes doivent recevoir des soins dans les 72 heures pour éviter de contracter le VIH, d’autres maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées. »

Outre les violences sexuelles, les personnes migrantes ont déclaré avoir été victimes de vols, d’attaques et d’enlèvements au cours de leur périple dans la jungle du Darién.

Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023, plus de 520 000 personnes ont traversé cette région, contre 248 000 en 2022 et 133 000 en 2021.

Au Panama, les équipes de MSF fournissent des soins médicaux aux personnes en transit dans deux stations d’accueil temporaire de la migration à Lajas Blancas et San Vicente et dans la communauté indigène de Bajo Chiquito depuis avril 2021.

En 2023, les médecins de MSF ont assuré 59 800 consultations, dont 21 000 pour des enfants de moins de 15 ans et 1 000  pour des femmes enceintes. Le personnel de santé mentale de MSF a assuré près de 3 000 consultations individuelles.

MSF apporte un soutien gratuit et confidentiel aux personnes en déplacement à différents points de la route migratoire entre l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, le Mexique et les États-Unis.

« Nous demandons aux gouvernements de prendre des mesures efficaces pour garantir la sécurité et la dignité des personnes migrantes dans la jungle du Darién », déclare Carmenza Gálvez. « Personne ne devrait être confronté à cette forme de violence ou à toute autre forme de violence pour avoir migré. »