Les conseillères, conseillers de MSF, tout comme les agents et les agentes de santé communautaire apportent un soutien continu aux gens dans les villages, les dispensaires et les camps de personnes déplacées. Myanmar, 2023. © Henry Kyaw Zin Oo/MSF
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Myanmar : les besoins en santé mentale sont plus importants que jamais après le passage du cyclone Mocha

Les séances communautaires de santé mentale donnent de l’espoir aux personnes du Myanmar qui ont été confrontées à des années de conflit et de déplacement et qui se reconstruisent après les dégâts causés par un cyclone de catégorie cinq qui a frappé certaines parties du pays, en mai dernier.

« Les gens me disent souvent que nos séances leur donnent de l’espoir pour l’avenir. Grâce à notre soutien, ils se sentent plus calmes, plus positifs et mieux outillés pour affronter l’avenir. » –

Conseiller en santé mentale et éducateur

Avec des vents atteignant 280 km/h, le cyclone Mocha a frappé l’État de Rakhine et le nord-ouest du Myanmar le 14 mai. Déjà incroyablement vulnérabilisés, la plupart des individus qui vivent dans ces régions habitent dans des maisons en bambou, et à Rakhine, environ six millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire. Les 26 500 individus déplacés internes qui vivent dans des camps de la région regroupent un grand nombre de Rohingyas. Ces gens souffrent de nombreux problèmes de santé mentale, notamment en raison des années de persécution et des restrictions sévères imposées à leur liberté de mouvement.

Les membres du personnel qui travaillent à titre de conseillers éducateurs, d’agentes et d’agents de santé communautaire de MSF apportent un soutien continu à ceux et celles qui se trouvent dans les villages, les dispensaires et les camps de personnes déplacées. Les services comprennent l’éducation psychologique et le conseil pour aider à améliorer la compréhension et les capacités d’adaptation des gens (et des soignants) qui souffrent d’un large éventail de problèmes de santé mentale. Ces problèmes vont de la dépression et de l’anxiété à la psychose, voire à des pensées ou des actes suicidaires lorsque les personnes se sentent complètement désespérées.

« Travailler avec les gens et les personnes aidantes dans leur environnement nous aide à fournir un soutien et des conseils qui touchent leur vie dans les moments les plus critiques. Les gens que nous rencontrons luttent contre les déplacements résultant de conflits ethniques ou religieux, les agressions sexuelles et les problèmes de santé mentale. Ces derniers peuvent surgir à partir de situations de stress aigu où il est difficile de trouver et d’accéder aux ressources de base. Nous traitons leurs symptômes et travaillons avec eux pour leur fournir les outils et les ressources qui leur permettront non seulement de survivre, mais aussi d’apprendre à s’épanouir dans les circonstances les plus difficiles. » – Sara Chesters, responsable des activités de santé mentale à MSF.

Le soutien en santé mentale est au cœur du travail médical de MSF dans l’État de Rakhine. Toutefois, à la suite du récent cyclone, l’équipe a adapté sa façon de travailler afin d’améliorer les soins qu’elle fournit aux communautés touchées. Plutôt que d’adopter une approche formelle et individuelle, axée sur le traitement, les équipes s’efforcent actuellement d’établir des relations et de donner aux gens l’espace nécessaire pour s’exprimer.

Au lendemain de la tempête, des conseillers et des conseillères en santé mentale, tout comme des agentes et des agents de santé communautaire sont sortis tous les jours. Ils et elles ont accompagné les équipes médicales dans les cliniques de MSF et les camps de personnes déplacées internes dans l’État de Rakhine. Soutenir les gens dans leur propre communauté permet de créer un espace de parole sûr. Nos équipes organisent aussi de petites séances informelles axées sur l’écoute pour soutenir les personnes dans les moments difficiles.

« Nous nous rendons généralement dans des monastères ou des villages et nous organisons des séances de groupe. Le principal message consiste à dire aux gens qu’ils ne sont pas seuls. Nous essayons de les encourager à croire que leurs espoirs et leurs rêves peuvent renaître. » – Ei Ngoon Phyo, conseillère éducatrice en santé mentale à MSF.

Ei Ngoon Phyo éprouve une grande empathie pour les gens, car elle aussi a perdu sa maison familiale à cause du cyclone Mocha. Elle a vécu des jours terrifiants dans l’attente, avant de parvenir à confirmer que tous les membres de sa famille étaient sains et saufs. De retour dans son village, elle a constaté la destruction massive des arbres et des maisons.

« Un cocotier a coupé ma maison en deux, elle a été complètement détruite, et nous voyons beaucoup de personnes qui ont également perdu leur maison et leur commerce. Plusieurs ont besoin d’un soutien en santé mentale », explique Ei Ngoon Phyo.

« Après la tempête, j’ai rencontré des gens qui avaient besoin d’une première assistance psychologique et j’ai essayé de les soutenir autant que possible. Leur parler a été une expérience curative pour moi, les encourager à penser d’une certaine manière m’a aidé à faire de même. »

Après le passage du cyclone Mocha, les organisations humanitaires ont eu du mal à intensifier leurs activités pour répondre aux nouveaux besoins. Des obstacles tels que l’accès limité aux personnes subsistent, ce qui a affecté notre capacité à fournir des conseils en santé mentale à ceux et celles qui en ont besoin.

Notre superviseur en santé mentale dans le nord de l’État de Rakhine a déclaré qu’ils voient un nombre élevé de demandes en santé mentale à la suite du cyclone Mocha. « Nous avons constaté qu’il y a d’énormes besoins dans la communauté, mais nous avons du mal à accéder à de nombreuses personnes qui ont besoin de soutien. »

Le personnel de MSF a constaté une forte demande de soutien en santé mentale, en particulier au cours des derniers mois, mais sans un meilleur accès aux gens, un grand nombre de personnes en sont privées. Il est essentiel que les organisations humanitaires puissent atteindre et fournir des soins aux communautés et qu’elles soient autorisées à passer à l’échelle supérieure si nécessaire.