Une vue extérieure de la clinique Thaketa de MSF. Myanmar, 2020. © Lwyn Phyu Kyaw/MSF
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Myanmar : les structures médicales, les patients, les patientes et le personnel de la santé doivent être protégés face à l’escalade du conflit

– Depuis la fin du mois d’octobre, le conflit s’est fortement intensifié dans certaines régions du Myanmar, y compris dans plusieurs États où MSF travaille.

– La violence a entraîné le déplacement de nombreuses personnes et un accès réduit aux soins de santé. Certaines personnes n’ont pas pu se rendre à d’importants rendez-vous pour le traitement du VIH et de la tuberculose.

– Nous implorons toutes les parties au conflit de garantir la sécurité des patientes, des patients et du personnel de la santé, et de permettre aux gens d’accéder aux soins en toute sécurité.

Médecins Sans Frontières (MSF) est très préoccupée par le bien-être des communautés prises dans l’escalade du conflit au Myanmar, en particulier dans les états de Shan, Kachin et Rakhine où nous sommes présents et témoins des impacts directs.

Hier, notre équipe à Shan a reçu des informations selon lesquelles l’hôpital de Pang Hseng, un établissement que MSF a soutenu dans le passé, a été touché par une frappe de drone. Heureusement, personne n’a été blessé, puisque l’hôpital a récemment cessé de fonctionner lorsque les hostilités se sont intensifiées à la fin du mois d’octobre.

Depuis le début des combats, plus de 60 000 personnes ont été déplacées dans l’État [1] , et la plupart d’entre elles sont complètement privées d’assistance humanitaire.

Aux côtés d’autres organisations humanitaires et des autorités sanitaires locales, MSF parvient à fournir des services dans certaines zones. Mais la poursuite des combats et les restrictions d’accès ne permettent d’atteindre qu’une fraction des gens ayant besoin d’aide.

De nombreuses personnes fuyant la violence dans d’autres régions de l’État de Shan se sont réfugiées à Lashio, dans le nord, où nos équipes sont présentes. Elles y fournissent des services essentiels de lutte contre le VIH et la tuberculose à des communautés ayant un accès limité aux traitements. Nous avons entre autres procédé à une évaluation rapide des besoins des personnes déplacées dans les zones que nous pouvions atteindre. En collaboration avec d’autres organisations, nous avons pu faire don d’articles de première nécessité, dont des trousses d’hygiène. Nous avons également offert une assistance psychologique et des consultations médicales pour les femmes et les enfants.

Nous constatons un nombre croissant de rendez-vous manqués dans nos cliniques, où certains individus viennent prendre leurs médicaments habituels contre le VIH. Les rendez-vous manqués signifient que ces personnes sont privées de leurs médicaments. Cela met leur santé en danger et les rend vulnérables au développement d’une résistance aux médicaments et à d’autres infections opportunistes.

Nous implorons toutes les parties à garantir la sécurité des patients, des patientes et du personnel de la santé dans les zones de conflit, et de permettre un accès sûr et sans entrave aux personnes qui n’ont plus accès à des services essentiels.

L’extérieur de la clinique VIH de MSF à Myitkyina, dans l’État de Kachin. Myanmar, octobre 2021. © Ben Small/MSF

Dans l’État de Rakhine, la reprise du conflit, après la rupture d’un cessez-le-feu négocié en novembre dernier, a mis un terme à nos cliniques mobiles régulières. Nos équipes y traitaient 1 500 personnes par semaine. Les blocages d’itinéraires et les restrictions générales de déplacement dû au conflit actif dans les zones où nous gérons ces cliniques empêchent les équipes de MSF de soutenir même les références d’urgence pour les personnes gravement malades. Cette situation survient six mois seulement après qu’un cyclone dévastateur a frappé l’État. Les communautés se remettent encore des impacts de cette catastrophe.

Dans l’État de Kachin, l’intensité du conflit dont nous avons été témoins il y a quelques semaines a diminué pour l’instant. Toutefois, les gens qui reviennent dans nos cliniques pour des soins de santé sexuelle et reproductive et des soins liés au VIH et à la tuberculose nous disent qu’ils craignent toujours de faire le voyage. Ils craignent notamment d’être pris dans des violences en cours de route, ou d’être touchés par des frappes aériennes et des bombardements.

Le 25 septembre, une équipe de MSF de quatre personnes s’est rendue à l’hôpital général de Hpakant, dans l’État de Kachin. Alors qu’elles préparaient un espace dans le cadre de notre soutien à une cohorte VIH transférée aux autorités sanitaires locales, des hommes armés ont commencé à tirer à l’extérieur de l’enceinte. Ils se sont finalement frayé un chemin à l’intérieur de l’hôpital et ont gravement blessé un patient.

Nous assistons à un mépris inacceptable de la protection des infrastructures hospitalières. Compte tenu des besoins médicaux et humanitaires croissants dans le pays, nous implorons toutes les parties d’assurer la sécurité des patients, des patientes, des agents ou agentes communautaires dans les zones de conflit. Nous demandons également de permettre un accès sûr et sans entrave aux personnes qui ont été privées de services essentiels, alors que leurs communautés sont prises entre deux feux.

[1] Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA)