Les migrants arrivent à Bajo Chiquito pour prendre un canoë à une heure de route, à un point connu sous le nom de Come Gallina. Panama, 2023. © Natalia Romero Peñuela/MSF
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Panama : une assistance d’urgence est nécessaire pour les personnes migrantes

L’aide humanitaire doit être développée de toute urgence dans la région. Les gouvernements doivent prendre des mesures pour éviter les souffrances et les décès le long de cet itinéraire. Le nombre de personnes ayant traversé la dangereuse région de la jungle entre la Colombie et le Panama en 2023 a désormais atteint 320 000. Mardi 22 août, plus de 4 800 individus se trouvaient aux points d’arrivée au Panama.

Un nombre sans précédent de personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile arrivent actuellement dans le sud du Panama. Elles ont traversé la dangereuse région du Darién (appelée « bouchon du Darién »), à la frontière entre l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord. Cependant, la réponse humanitaire reste insuffisante pour l’ampleur des besoins, a déclaré aujourd’hui Médecins Sans Frontières (MSF). Le mois d’août a vu 50 000 individus arriver à divers points du Panama après avoir traversé la région du Darién depuis la Colombie, et 2 000 à 3 000 personnes continuent d’y parvenir quotidiennement.

« Les organisations humanitaires ne peuvent pas faire face à l’augmentation du nombre de personnes qui arrivent chaque jour », a expliqué Jose Lobo, responsable de projet à MSF dans la province de Darién au Panama. « Nous ne pouvons pas suivre le rythme. MSF appelle d’urgence l’ensemble des donateurs, des donatrices et des organisations humanitaires à multiplier leurs efforts. Les gouvernements du Panama et de la Colombie doivent également développer des mécanismes efficaces pour garantir un itinéraire sûr à travers la région du Darién et l’accès aux services de base pour toutes les personnes migrantes. »

Les horreurs de la traversée de la région de Darién sont bien connues. Les gens sont confrontés à des vols, des agressions et des violences sexuelles aux mains de groupes criminels. De plus, le terrain est dangereux. De nombreuses personnes racontent aux équipes de MSF qu’elles en ont vu d’autres – parfois des proches – tomber d’une falaise, être immobilisées après s’être cassé les os ou être emportées par les rivières ou se noyer.

Après avoir survécu à un voyage aussi éprouvant, qui peut durer des jours ou davantage, les gens arrivent au Panama avec des blessures – notamment aux membres –, des diarrhées ou des maladies gastriques dues à la consommation d’eau de rivière. Ils peuvent également avoir des problèmes de santé mentale tels que la dépression, l’anxiété ou des traumatismes après avoir vécu des événements violents ou en avoir été les témoins. Mais les soins dont ils ont besoin sont difficiles à trouver. Les itinéraires empruntés varient selon les saisons, mais en ce moment, la plupart des migrants partent de Capurganá ou d’Acandí en Colombie et parviennent à Bajo Chiquito, une communauté indigène du Panama qui compte environ 500 individus. De là, ils prennent des canots afin de se rendre à Lajas Blancas, au centre d’accueil temporaire pour les personnes migrantes, connu sous le nom de Estación Temporal de Recepción Migratoria (ETRM) en espagnol.

Chaque jour du mois d’août, entre 2 000 et 3 000 personnes traversent la jungle du Darién, qui connecte la Colombie au Panama. Panama, 2023. © Natalia Romero Peñuela/MSF –– Cada día de agosto, entre 2.000 y 3.000 personas han cruzado la selva del Darién, que une a Colombia con Panamá.

Les points d’arrivée de Bajo Chiquito et de Lajas Blancas ont été débordés ces dernières semaines. Cela a aggravé les risques pour la santé et la sécurité des personnes migrantes, en raison de la pénurie d’eau potable et d’espaces de couchage sûrs. Le mardi 22 août, plus de 4 800 individus sont arrivés aux quatre points d’arrivée des personnes migrantes au Panama.

MSF dispose de trois postes d’assistance dans la région, soit dans les ETRM de Bajo Chiquito, Lajas Blancas et San Vicente. Des dizaines de gens attendent interminablement en file devant les postes de santé. « Beaucoup d’enfants sont déshydratés et [souffrent] de diarrhée. Alors la seule chose à faire est de les laisser passer en premier », explique une Vénézuélienne d’une trentaine d’années qui a des ampoules aux pieds à cause de ses bottes qui les frottent. 

Entre janvier et juillet 2023, les équipes de MSF ont fourni 35 912 consultations médicales aux personnes migrantes, dont 673 femmes enceintes et 206 personnes survivantes de violences sexuelles. Nos équipes ont aussi assuré 1 611 consultations de santé mentale.