After hearing that MSF will interview a small amount of people to better understand the conditions and needs of the displaced population in Turalei, more than 100 people come to talk about the living conditions. People say that there isn’t enough food, that many are sleeping with only trees to protect them against the rain and the heat, and that with the rainy season coming – things will get a lot worse. © Scott Hamilton/MSF
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Plus de 33 000 personnes déplacées par la violence dans le comté de Twic attendent depuis deux mois une aide humanitaire d’urgence

Selon Médecins Sans Frontières (MSF), des dizaines de milliers de personnes ayant fui leur domicile il y a plus de deux mois n’ont toujours pas accès à des articles de première nécessité dans le comté de Twic, au Soudan du Sud. Malgré les appels répétés de MSF, la communauté humanitaire du pays tarde encore à fournir une aide supplémentaire à ces personnes privées de nourriture, d’abri et d’un accès à des installations sanitaires.

À la suite de violents affrontements intercommunautaires survenus au début de février à Agok et dans les environs, dans la zone administrative spéciale d’Abyei, les résidents et les résidentes ont fui à Abyei, vers le nord, et vers le sud dans le comté de Twic, dans l’État de Warrap, au Soudan du Sud.

Dans les six localités du comté de Twic où MSF intervient actuellement, il y a environ 33 000 personnes déplacées, majoritairement des femmes et des jeunes enfants. La plupart de ces personnes se sont installées en plein air, et nombreuses sont celles qui manquent encore de l’essentiel comme d’abris, de nourriture et d’eau potable.

Des conditions de vie horribles

« La situation dans les camps de déplacé·e·s est terrible. Les gens vivent dans des abris de fortune faits de bois et de tissu. Les parents arrachent littéralement les feuilles des arbres et les font cuire pour nourrir leurs enfants, faute de nourriture », explique Susana Borges, responsable nationale de MSF pour le Soudan du Sud. « Nous faisons de notre mieux pour répondre aux besoins, mais d’autres organisations doivent nous aider à faire face à l’ampleur de cette crise. »

Naryak est âgée de 27 ans. Lorsque la violence a éclaté, son mari a été tué et elle a fui avec ses deux jeunes enfants. Il leur a fallu sept jours pour atteindre le camp. Elle tient la seule chose qu’elle a réussi à prendre avec elle avant de partir.
Naryak est âgée de 27 ans. Lorsque la violence a éclaté, son mari a été tué et elle a fui avec ses deux jeunes enfants. Il leur a fallu sept jours pour atteindre le camp. Elle tient la seule chose qu’elle a réussi à prendre avec elle avant de partir – une couverture, sur laquelle ils dorment maintenant.Scott Hamilton/MSF

Malgré les besoins critiques, les organisations humanitaires n’ont pas agi rapidement et adéquatement, ce qui a entraîné des conditions de vie désastreuses dans les camps. Au cours des deux derniers mois, MSF a fourni un total de 374,2 tonnes métriques de nourriture et une moyenne de 14,5 litres d’eau potable par personne et par jour dans les différents endroits. MSF a également construit 135 latrines et distribué, à une dizaine de milliers de familles, des articles de première nécessité tels que des couvertures, des moustiquaires, des bidons et du savon.

Cliniques mobiles

Les équipes de MSF gèrent des cliniques mobiles dans trois des sites où les personnes déplacées ont trouvé refuge. L’état de santé des patients et des patientes qui se présentent dans les cliniques MSF est étroitement lié aux mauvaises conditions de vie et à l’accès limité à la nourriture. Le manque d’abris, de latrines et de moustiquaires expose les gens à des maladies comme le paludisme et le choléra. La saison des pluies étant sur le point de commencer, la situation sanitaire risque de se détériorer davantage si la réponse humanitaire ne s’intensifie pas rapidement.

Une patiente se prête à un test rapide de dépistage du paludisme dans une clinique mobile de MSF, dans le camp pour déplacé·e·s de Gomgoi.
Une patiente se prête à un test rapide de dépistage du paludisme dans une clinique mobile de MSF, dans le camp pour déplacé·e·s de Gomgoi.Scott Hamilton/MSF

« La pluie arrive, et les gens ont de jeunes enfants. Si la pluie commence maintenant, ils n’ont pas de maisons où se mettre à l’abri », s’inquiète Atem, père de deux jeunes enfants qui vit dans le camp de déplacé·e·s de Gomgoi depuis qu’il a fui sa maison à Agok. « Les gens souffrent vraiment. Ils ont besoin d’aide pour trouver un abri et ils ont besoin d’aide pour se nourrir. »

Craignant de nouvelles violences, il semble très peu probable que les gens rentrent bientôt chez eux. « J’ai vu des gens se faire tuer – des gens innocents – des gens comme moi. Ils [les attaquants] ont pillé ma maison et ma boutique », poursuit Atem. « Comment puis-je envisager d’y retourner? Il vaut mieux que je souffre ici. »

Un soutien continu est nécessaire

Les gens auront besoin d’un soutien continu au cours des prochains mois afin de leur assurer des conditions de vie décentes et un approvisionnement adéquat en nourriture et en eau potable. Une action humanitaire soutenue est nécessaire pour prêter assistance aux personnes que des mois de négligence ont rendues extrêmement vulnérables.

Dans le camp, une mère cuisine des feuilles de tao pour nourrir ses cinq enfants. Elle dit qu’il n’y a rien d’autre à manger. Cependant, seuls ses enfants mangeront – elle ne mangera pas ce soir.
Dans le camp, une mère cuisine des feuilles de tao pour nourrir ses cinq enfants. Elle dit qu’il n’y a rien d’autre à manger. Cependant, seuls ses enfants mangeront – elle ne mangera pas ce soir. La famille devra attendre la prochaine distribution de nourriture de MSF pour recevoir d’autres aliments.Scott Hamilton/MSF