République démocratique du Congo : Lignes de vie, histoires visuelles de jeunes vivant avec le VIH
Les clubs soutenus par MSF offrent aux jeunes vivant avec le VIH un soutien médical et psychosocial, les aidant à briser l’isolement et à affronter la stigmatisation.
L’exposition Lignes de vie est composée de cinquante photographies prises par 10 jeunes vivant avec le VIH. À travers ces images, ils partagent leur quotidien, leurs espoirs et les défis qu’ils rencontrent, offrant un regard intime sur une réalité trop souvent invisibilisée.
Cette exposition prend racine dans un projet de recherche anthropologique mené en 2024 au sein de quatre clubs de jeunes à Kinshasa. Ces clubs, créés par Médecins Sans Frontières (MSF) et Jeunesse Espoir, offrent un soutien médical et psychosocial aux personnes séropositives âgées de 12 à 24 ans. Lieu de rencontre et d’échange, ils permettent aux jeunes de briser l’isolement et d’affronter la stigmatisation.
Dans le cadre de ce projet, ces jeunes ont reçu des appareils photo jetables et ont été invités à documenter, en images, leur quotidien et leur vécu. Cette méthodologie, appelée Photovoice, leur a permis de s’exprimer librement. La plupart d’entre eux sont nés avec le VIH, et beaucoup ont perdu un de leurs parents ou les deux.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, nous présentons 10 de ces photographies, une pour chaque participante et participant. Elles offrent un aperçu des parties de leur vie qu’ils et elles ont choisi de mettre en lumière. Ensemble, ils ont créé une mosaïque de récits personnels et collectifs. Ces clichés sont une porte d’entrée vers leur monde, une manière de voir, à travers leurs yeux, ce que signifie grandir avec le VIH.
Cette exposition célèbre la force et l’humanité de ces jeunes, leur capacité à se raconter autrement, à réaffirmer leur place et à tracer leurs propres lignes de vie.

Ce que signifie grandir avec le VIH
« Au début, quand on te dit que le médicament, c’est à vie… C’est un choc. Il y a l’envie de mourir. Mais maintenant, j’ai réalisé que ce n’est pas si grave de prendre une pilule chaque jour. Ce n’est rien qu’un petit comprimé, comparé aux diabétiques par exemple. » – Une femme de 20 ans

« Tu vois la porte en bas à gauche? C’est là que ma famille m’a enfermé quand on a appris mon statut. Il y avait même un cadenas sur la porte. On m’apportait à manger, je suis resté là six mois. » – Un homme de 21 ans

« Ce que le club m’a apporté, c’est l’amour. L’amour qu’on m’a donné, qu’aucune personne ne peut m’apporter. » – Un homme de 20 ans

« J’ai pris en photo mon mollet, pour montrer ce que fait le sida quand il avance dans le corps. C’est mon pasteur qui m’avait dit d’arrêter mes médicaments et qu’en faisant un jeûne de prière, je guérirais. Mais je me suis retrouvée hospitalisée au centre hospitalier de Kinshasa. Les autres du club sont venus me voir, ça m’a touché, vraiment. Aujourd’hui, aux personnes du club qui ne sont pas sérieuses avec leurs traitements, je leur montre mes mollets. »
– Une femme de 22 ans

« À cause de la mauvaise information sur le VIH, les proches pensent qu’on est contagieux. On nous isole, même pour la vaisselle. J’ai ma propre assiette. C’est ça, la stigmatisation. » – Une femme de 19 ans

« J’ai la chance de vivre une vie très heureuse, avec ma famille. On mange ensemble, on joue ensemble, on fait des jeux… J’ai de la chance, comparé aux autres, mes parents sont en vie et ils ne m’ont pas abandonné. »
– Une femme de 20 ans

« Je ne veux pas montrer mon visage parce qu’il y a trop de risques. »
– Une femme de 20 ans

« Le club m’a appris à me boucher les oreilles. C’est parce que j’ai écouté les gens que j’ai arrêté mon traitement. Et… je suis tombée très malade. J’ai dû arrêter l’école parce que toutes les personnes qui me voyaient pouvaient deviner ce que j’avais. J’avais honte de moi. Au club, j’ai compris que je ne devais pas écouter les gens ignorants, parce que j’ai de grands rêves, et si je veux les réaliser, je dois rester en bonne santé et prendre mes médicaments. »
– Une femme de 22 ans

« Je continue à faire du sport, rien n’a changé. On peut tout faire en étant séropositif. » – Un homme de 19 ans

« J’ai compris au club qu’on pouvait vivre normalement, se marier et même avoir des enfants séronégatifs. Ici, c’est mon fils séronégatif. » – Une femme de 24 ans