République démocratique du Congo : MSF appelle à une mobilisation urgente alors que la situation humanitaire des personnes réfugiées sud-soudanaises se détériore
Les besoins humanitaires augmentent alors que la surpopulation, la malnutrition et la violence mettent en danger les personnes réfugiées du Soudan du Sud.
Depuis avril 2025, plus de 45 000 personnes fuyant l’escalade de la violence au Soudan du Sud ont trouvé refuge en République Démocratique du Congo (RDC). La plupart se trouvent actuellement dans la zone de santé d’Adi, au nord-est de l’Ituri. Sanya Nghota, qui a fui avec 13 membres de sa famille, est l’une d’entre elles.
« Nous avons fui à cause de la guerre et des tueries qui avaient lieu dans notre village », raconte-t-elle. « Le village s’est entièrement vidé, et j’ai retrouvé des personnes de mon village ici en RDC. Il n’y a aucun espoir de retour en raison de l’insécurité au Soudan du Sud. »
Cette année marque la plus forte recrudescence de violences depuis l’accord de paix de 2018, qui avait mis fin à la guerre civile au Soudan du Sud. Les affrontements entre les groupes rebelles et les forces gouvernementales se multiplient. En outre, l’ouverture en septembre d’un procès contre le vice-président et chef de l’opposition de longue date, Riek Machar, a encore attisé les tensions.
Cette situation entraîne une augmentation quotidienne des arrivées dans la zone frontalière d’Adi, dans la province de l’Ituri. En réponse, Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé une intervention d’urgence en mai. Malgré ces efforts, la situation humanitaire semble se détériorer. Le soutien d’autres organisations est nécessaire pour répondre aux besoins croissants de cette communauté vulnérabilisée.

Des communautés à bout de souffle
Alors que les communautés locales accueillent un nombre croissant de personnes réfugiées, la surpopulation est courante. Jusqu’à dix personnes partagent parfois une même pièce. Le taux de mortalité dans la région a augmenté, et les enfants de moins de cinq ans représentent environ 30 % des décès.
La plupart des personnes traitées par les équipes de MSF sont atteintes de paludisme. Les ressources essentielles, comme la nourriture et l’eau, sont soumises à une pression sans précédent. MSF fait état de taux alarmants de malnutrition, qui touchent 8 % des enfants âgés de 6 à 59 mois.
« Ma famille et moi mangeons une fois par jour », raconte Sanya Nghota. « Nous mangeons principalement les feuilles que nous trouvons aux alentours de la maison, que nous préparons avec du foufou. Depuis notre arrivée en RDC, nous n’avons pas mangé de viande. Notre priorité aujourd’hui, c’est la nourriture. »

Trouver de la nourriture et la sécurité : un défi quotidien
La grande majorité des personnes réfugiées n’ont pas le droit de cultiver en Ituri. Beaucoup sont confrontées à des restrictions imposées par les communautés locales. Elles sont donc contraintes d’entreprendre de périlleux voyages au Soudan du Sud pour se nourrir.
« Là-bas, si je tombe entre les mains des groupes armés, parfois ils me prennent tout, parfois ils me violent ou me torturent », raconte Lila Satay, qui a fui avec ses deux enfants. « Quand les rebelles ou l’armée régulière nous trouvent, ils nous prennent tout. Cela m’est déjà arrivé plusieurs fois. »
Les violences sexuelles constituent un problème croissant pour les personnes sud-soudanaises réfugiées à Adi. Rien qu’en septembre, les équipes de MSF ont prodigué des soins médicaux et psychosociaux complets à 13 personnes survivantes. Il est toutefois probable que de nombreux autres cas ne soient pas déclarés.
« La situation est critique. D’autres organisations doivent de toute urgence renforcer les efforts multisectoriels – particulièrement dans l’aide alimentaire, l’eau, l’assainissement, l’hygiène, les moyens de subsistance et la protection – pour empêcher cette crise de s’aggraver davantage. »
– Marcos Tamariz, coordonnateur de projet de MSF à Adi
Alors que les crises sécuritaires et humanitaires s’aggravent des deux côtés de la frontière, MSF appelle de toute urgence à un renforcement du soutien des autres organisations humanitaires.
« MSF est résolue à faire tout son possible pour prêter assistance à ces communautés vulnérabilisées, mais ce défi dépasse notre seule capacité », affirme Marcos Tamariz, coordonnateur de projet de MSF à Adi. « La situation est critique. D’autres organisations doivent de toute urgence renforcer les efforts multisectoriels – particulièrement dans l’aide alimentaire, l’eau, l’assainissement, l’hygiène, les moyens de subsistance et la protection – pour empêcher cette crise de s’aggraver davantage. »
Début octobre, les équipes de MSF à Adi avaient mené plus de 10 000 consultations médicales à travers les cliniques mobiles et plus de 2 500 dans des centres de santé communautaires. Nous avons vacciné 43 000 enfants, installé et réhabilité six points d’eau, et distribué près de 6 000 trousses d’articles de première nécessité comprenant notamment des moustiquaires, du savon et des ustensiles de cuisine.