Soudan du Sud : de violents pillages contraignent MSF à fermer l’hôpital d’Ulang
La fermeture de l’hôpital laisse les communautés d’une zone de plus de 200 kilomètres sans aucune installation de soins de santé secondaires.
Le 30 mai 2025, en raison de l’insécurité croissante et à la suite d’incidents survenus plus tôt cette année, Médecins Sans Frontières (MSF) a été contrainte de fermer définitivement son hôpital d’Ulang, dans l’État du Nil Supérieur. Nous avons également dû interrompre notre soutien à 13 installations de soins de santé primaire dans le comté. Ces mesures privent près de 150 000 personnes d’un accès aux soins de santé.
Une série d’attaques contre les services de santé
Le 14 avril dernier, MSF avait été contrainte de suspendre l’ensemble de ses services médicaux à l’hôpital d’Ulang, après que des hommes armés aient fait incursion dans l’établissement, menaçant le personnel, les patientes et les patients, et pillant les installations.
Les assaillants avaient également volé des médicaments d’une valeur de plus de 200 000 $, soit une quantité suffisante pour assurer le fonctionnement de l’hôpital pendant des mois et soigner des milliers de personnes. L’hôpital est désormais en ruines et inopérant.
« Ils ont tout pris : le matériel médical, les ordinateurs portables, les lits et les matelas, ainsi que près de neuf mois de fournitures médicales, y compris deux cargaisons de trousses chirurgicales et de médicaments livrés la semaine précédente. Tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter, ils l’ont détruit », explique Zakaria Mwatia, directeur des projets de MSF au Soudan du Sud.
« Les pertes considérables causées par le pillage nous ont privés des ressources nécessaires pour poursuivre nos activités », explique Zakaria Mwatia. « Nous n’avons eu alors d’autre choix que de prendre la décision difficile de fermer l’hôpital. Nous avons également été contraints d’interrompre notre soutien à 13 structures de soins de santé primaires, qui dépendaient toutes de l’hôpital pour leurs fournitures médicales, les transferts de patientes et de patients, et le soutien technique. »

Il s’agissait de la deuxième attaque visant MSF dans cette région en moins de trois mois. En janvier, deux bateaux de MSF clairement identifiés avaient été pris pour cible par des tireurs inconnus. Les personnes à bord, qui se rendaient à Ulang après avoir livré des fournitures médicales à l’hôpital du comté de Nasir, avaient dû sauter à l’eau et nager pour se mettre à l’abri.
En mai, moins d’un mois après le pillage de l’hôpital d’Ulang, un autre hôpital de MSF a été bombardé à Old Fangak, entraînant la suspension de ses activités.
Ces attaques contre les structures de santé compromettent l’accès aux soins pour les communautés qui comptent sur l’assistance médicale de MSF. La fermeture de ces établissements laisse une zone de plus de 200 kilomètres, de la frontière éthiopienne jusqu’à Malakal, sans aucune installation de soins de santé secondaires. Avec la fermeture de l’hôpital de MSF à Ulang, la pression s’est considérablement accrue sur les quelques structures sanitaires restantes, particulièrement à Malakal, qui a enregistré un afflux de personnes ces dernières semaines.
« La situation sécuritaire dans la zone reste instable, avec des affrontements incessants dans les régions voisines », explique Zakaria Mwatia. « MSF accorde la priorité à la sécurité de son personnel, des patientes et des patients, ainsi qu’à l’intégrité de nos services. Mais le contexte actuel rend impossible de garantir l’une ou l’autre. Nous sommes profondément préoccupés par la multiplication des attaques contre les structures de santé et leurs répercussions dévastatrices sur les communautés. Nous appelons de toute urgence à la protection des personnes que nous soignons, du personnel médical et des structures de santé, et ce à tout moment. »


MSF demeure engagée auprès des communautés
Depuis le début de ses activités à Ulang en 2018, MSF a offert des services de santé essentiels à plus de 150 000 personnes dans tout le comté. Ces services comprenaient la gestion d’un hôpital de soins de santé secondaires et le soutien de 13 installations de soins de santé primaires dans toute la région.
Au cours des sept dernières années, nos équipes ont entre autres réalisé plus de 139 730 consultations ambulatoires, hospitalisé 19 350 personnes, traité 32 966 cas de paludisme et assisté 2 685 accouchements. Pendant cette période, MSF a effectué le transfert de patientes et de patients par bateau le long du fleuve Sobat, apporté son soutien à l’hôpital du comté de Nasir et répondu à de multiples urgences et épidémies.
Malgré ces fermetures, MSF reste déterminée à répondre aux besoins médicaux des personnes déplacées ou vulnérabilisées dans les comtés d’Ulang et de Nasir. Une équipe d’urgence mobile évalue actuellement les besoins le long du corridor de Sobat. Là où les conditions sécuritaires le permettront, elle offrira des soins médicaux à court terme. MSF continue également de fournir des soins médicaux dans l’État du Nil Supérieur, notamment dans les comtés de Malakal et de Renk.