Ng’abolo Toitoi (She is not sure of her age, but estimates to be 38) “I came here to get mosquito nets and I got four. The health guys came to my village and said they would distribute nets in the coming days and I was really looking forward to it. I find nets to be quite important for three reasons: one, they protect us from mosquito bites when we sleep. Two, they protect my children from flies when they sleep during the day. They also protect us from snakes that may wander into the house. A snake once came into my house and climbed my bed while I was sleeping. I only woke up in the morning to find it next to me. I hit its head and killed it. This wasn’t the first nor the last time, it happens a lot and mostly at night. I know malaria. My three-year-old son got malaria last Sunday. He developed lesions around the mouth, had high body temperatures and was complaining of joint pains. I took him to the MSF clinic (Public Health Care Unit) in Maruwa. It took slightly more than an hour on foot.” © Paul Odongo/MSF
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Soudan du Sud : la prévention du paludisme est une tâche urgente

 

Kirer Koleka se tient patiemment au bout d’une file d’attente, sa fille d’un an sur son dos et sa fille de six ans à ses côtés. Kirer et ses filles attendent pour recevoir des moustiquaires, un article essentiel à la prévention du paludisme, endémique au Soudan du Sud. Kirer et sa famille vivent à Maruwa, dans la zone administrative du Grand Pibor, dans l’est du pays. Dans cette vaste région située près de la frontière avec l’Éthiopie, les gens vivent dans des communautés dispersées, souvent loin les unes des autres.

Femme installant une moustiquaire
Kirer Koleka et sa fille installent une moustiquaire qu’elles ont reçue de l’équipe de distribution de MSF à Maruwa. Soudan du Sud, 2023.© Paul Odongo/MSF

 

« Je vis ici depuis plus de 19 ans. Avant, j’habitais au-delà de la colline, de l’autre côté », dit Kirer en montrant une énorme colline voisine, dont le sommet semble presque toucher les nuages. « Mais j’ai dû déménager de ce côté pour avoir accès à l’eau de la rivière qui se trouve en bas ».

La famille a maintenant atteint le début de la file d’attente et Kirer ramasse un jeu de quatre moustiquaires. Elle marche avec ses filles jusqu’à leur maison, située dans une enceinte à une cinquantaine de mètres du site de distribution. L’enceinte compte deux maisons rondes au toit de chaume. Avec un sourire, Kirer déballe rapidement une moustiquaire et va l’installer sur l’un des lits. Les autres lits sont recouverts de moustiquaires qui semblent usées et qui doivent être remplacées.

En 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) a traité 267 980 personnes atteintes de paludisme, un pourcentage infime des 4 millions de cas enregistrés chaque année au Soudan du Sud. Ces chiffres pourraient toutefois sous-estimer la gravité réelle de la crise. De nombreux enfants meurent du paludisme à la maison, dans des villages trop éloignés des centres de soins.

Kirer explique que « les moustiques sont une nuisance pour nous. Nous avons du mal à dormir la nuit. Pendant la journée, les mouches empêchent les enfants de bien dormir. Je suis tellement heureuse et reconnaissante envers ces gens [de MSF] qui nous ont donné des moustiquaires, et je prie pour eux ».

« Je connais le paludisme depuis des années. Même mon fils a eu le paludisme le mois dernier. Je l’ai emmené à la clinique MSF [unité de soins de santé publique] à Maruwa où on lui a fait une prise de sang et découvert qu’il avait le paludisme. On nous a donné des médicaments et on nous a permis de rentrer chez nous. Il s’est rétabli au bout d’une semaine. J’ai également eu le paludisme récemment et j’ai été soignée dans ce même centre. »

« Avant l’arrivée de MSF, nous utilisions des herbes traditionnelles et d’autres méthodes de guérison lorsque nous étions malades. Parfois, cela marchait, mais d’autres fois, nous devions endurer notre mal plus longtemps. »

Si le paludisme simple n’est pas traité, il peut devenir grave. Les personnes atteintes de paludisme grave doivent être hospitalisées d’urgence et ont souvent besoin de transfusions sanguines pour traiter l’anémie causée par l’infection. Les transfusions sanguines ne sont pas disponibles à la clinique MSF de Maruwa, qui offre des services ambulatoires à la communauté. MSF est l’une des rares organisations à apporter un soutien dans la région et les individus qui développent un paludisme grave doivent être transférés à l’unité de soins de santé publique de MSF à Boma pour recevoir un traitement.

Le traitement le plus efficace contre le paludisme est la thérapie combinée à base d’artémisinine (ACT). Les ACT ont une faible toxicité, peu d’effets secondaires, et ils agissent rapidement contre le parasite, mais au Soudan du Sud, ces médicaments sont rarement disponibles en dehors des établissements soutenus par des organisations internationales non gouvernementales et des donateurs et donatrices. Le traitement des personnes atteintes de paludisme nécessite beaucoup de ressources, dont des lits qui sont en nombre limité et des médicaments, qui sont souvent en quantité insuffisante.

Pour renforcer la protection des communautés, MSF mène plusieurs activités préventives supplémentaires dans le pays. En voici quelques exemples.

  • La pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent et l’assainissement des eaux stagnantes afin de réduire le nombre de moustiques hôtes, ce qui est particulièrement important dans les régions sujettes aux inondations.
  • La mise sur pied de programmes de sensibilisation des communautés pour aider les gens à mieux comprendre comment se protéger des piqûres de moustiques.
  • La chimioprévention du paludisme saisonnier, qui consiste à fournir des médicaments antipaludiques pour prévenir l’infection chez les personnes les plus exposées, à savoir les enfants de moins de cinq ans.

Ng’abolo Toitoi, une autre mère, est elle aussi venue chercher des moustiquaires. Elle explique : « Je trouve que les moustiquaires sont très importantes pour trois raisons : premièrement, elles nous protègent des piqûres de moustiques pendant notre sommeil; deuxièmement, elles protègent mes enfants des moustiques; et troisièmement, elles les protègent de l’humidité. En plus, elles protègent mes enfants des mouches lorsqu’ils dorment pendant la journée, et elles nous protègent également des serpents qui peuvent entrer dans la maison. »

 

Femme debout tenant une moustiquaire
Ng’abolo Toitoi a obtenu des moustiquaires auprès de l’équipe de distribution de MSF à Maruwa, un article essentiel pour prévenir le paludisme, endémique au Soudan du Sud. Soudan du Sud, 2023.© Paul Odongo/MSF

 

« Je connais moi aussi le paludisme », raconte Ng’abolo Toitoi. « Mon fils de trois ans l’a attrapé dimanche dernier. Il a développé des lésions autour de la bouche, avait une température corporelle élevée et se plaignait de douleurs articulaires. Je l’ai emmené à la clinique MSF de Maruwa. Cela m’a pris un peu plus d’une heure à pied. »

Les longs trajets depuis les maisons isolées pour accéder aux soins de santé sont monnaie courante et constituent un obstacle majeur à l’accès à des soins adéquats à Maruwa et dans l’ensemble du Soudan du Sud. En plus de l’unité de soins de santé publique de Maruwa, MSF gère des cliniques mobiles et des services de santé communautaire afin d’améliorer l’accessibilité en rapprochant des gens certains soins de santé essentiels.

MSF continue de soutenir les communautés du Soudan du Sud par des actions préventives efficaces afin que des mères comme Kirer et Ng’abolo puissent se protéger, et protéger leurs familles contre le paludisme.