A boy walks on flooded airstrip in Pibor Town, the Greater Pibor Administrative Area, South Sudan. This year’s floods are happening against the backdrop of multiple emergencies including COVID-19, increased violence and fighting, a growing economic crisis, and high levels of food insecurity. The needs for medical care are increasing with a sharp rise in malaria cases and fears of outbreaks of other diseases © MSF/Tetiana Gaviuk
PARTAGEZ

Soudan du Sud : Les graves inondations s’intensifient dans de nombreuses régions, augmentant les risques sanitaires

De graves inondations touchent environ 800 000 personnes dans une grande partie du Soudan du Sud, inondant les maisons et privant les habitants de nourriture, d’eau ou d’abris adéquats. De nombreuses régions ont été inondées depuis juillet, tandis que le niveau des rivières continue d’augmenter, aggravant la crise.

Médecins Sans Frontières (MSF) répond à la situation en fournissant des soins médicaux dans les zones touchées par les inondations des États du Grand Pibor, de Jonglei, du Haut Nil et d’Unité. Les besoins en soins médicaux ne cessent d’augmenter, avec les cas de paludisme qui sont en forte augmentation et les craintes quant à des flambées d’autres maladies.

Les inondations de cette année se produisent dans un contexte d’urgences multiples, notamment la COVID-19, une augmentation de la violence et des combats, une crise économique croissante et des niveaux élevés d’insécurité alimentaire

Ibrham Muhammad | Chef De Mission Msf Au Soudan Du Sud

TWEET THIS:

 

« Les inondations de cette année se produisent dans un contexte d’urgences multiples, notamment la COVID-19, une augmentation de la violence et des combats, une crise économique croissante et des niveaux élevés d’insécurité alimentaire », a déclaré Ibrahim Muhammad, chef de mission MSF au Soudan du Sud. « Maintenant, nous nous préparons à une augmentation des maladies dans toutes les zones touchées par les inondations, telles que les maladies diarrhéiques et le paludisme, étant donné les risques élevés causés par les déplacements et le surpeuplement, les mauvaises conditions d’hygiène et le manque de latrines fonctionnelles.

Dans le Grand Pibor, l’une des zones les plus touchées du Soudan du Sud, MSF gère des cliniques mobiles dans cinq villages et une clinique d’urgence dans la ville de Pibor. Au cours des deux derniers mois, MSF a traité plus de 13 000 patients à Pibor et sa périphérie, dont plus de 5 000 enfants de moins de cinq ans. MSF a traité environ la moitié de ces patients pour le paludisme et plus de 160 enfants pour la rougeole.

 

Des gens passent devant le centre de traitement des eaux de surface de MSF dans la ville de Pibor, dans la région administrative du Grand Pibor, au Soudan du Sud.MSF/Tetiana Gaviuk

 

La malnutrition augmente rapidement dans la région de Pibor, et les cliniques mobiles de MSF se préparent à fournir des traitements nutritionnels supplémentaires aux jeunes enfants, qui s’ajoutent aux capacités du centre d’alimentation thérapeutique pour patients hospitalisés de MSF dans la ville de Pibor. MSF distribue également 60 000 litres d’eau potable par jour à Pibor car les puits ont été contaminés par les eaux de crue. Alors que le niveau d’eau continue d’augmenter, MSF s’inquiète de la viabilité de sa clinique de Pibor et recherche des sites alternatifs sur un terrain plus élevé en dehors de la ville.

À Old Fangak, une ville d’environ 30 000 habitants située dans une zone humide de l’État de Jonglei, les inondations ont commencé en juillet et les niveaux d’eau continuent d’augmenter.

 

Une barrière quotidienne

« De nombreuses maisons sont inondées quotidiennement », a déclaré Dorothy I. Esonwune, coordonnatrice de projet MSF à Old Fangak. « L’objectif de tous les habitants d’Old Fangak est d’enlever l’eau autour de leur maison et de construire des digues avec de la boue. »

Inondations dans la zone administrative du Grand Pibor, Soudan du Sud.MSF/Tetiana Gaviuk

Après les fortes pluies qui ont inondé les villages environnants, 3 000 personnes supplémentaires sont arrivées à Old Fangak fin septembre. Les équipes médicales de MSF à l’hôpital d’Old Fangak ont soigné environ 70 personnes déplacées, notamment pour des infections des voies respiratoires et des diarrhées aqueuses aiguës. La plupart des latrines de la ville ont été inondées, augmentant le risque de maladies d’origine hydrique.

Mouvements limités

 

À l’hôpital MSF de Lankien, dans l’État de Jonglei, MSF a vu moins de patients depuis que les fortes crues ont rendu presque impossible les déplacements depuis les zones environnantes. La piste d’atterrissage locale a été inondée, ce qui rend plus difficile la livraison de fournitures médicales ou le transfert de patients vers d’autres établissements médicaux en cas de besoin.

Les patients qui arrivent dans les établissements MSF décrivent parfois un voyage éprouvant. Lorsque Yoel, 13 ans, est tombé malade, son père Stephen Manyang Chan, veuf et père de cinq enfants, l’a transporté à la clinique MSF de Leer, dans l’État d’Unité, marchant dans des eaux à hauteur de poitrine pendant deux heures.

 

Stephen Manuang Chang | Membre De La Communaute

TWEET THIS:

« Il n’y a pas de routes pour se rendre à l’hôpital, seulement de l’eau », a-t-il dit.

 

Lorsque les eaux ont inondé deux sites de sensibilisation de MSF et menacé d’inonder le centre de soins de santé primaires de Leer, dans l’État d’Unité, les équipes MSF ont récupéré des fournitures médicales et trouvé d’autres sites pour continuer à fournir des services.

Dans l’État du Haut Nil, MSF a mis en place une clinique d’urgence desservant les villes de Canal et Khorfulus, qui ne sont accessibles que par bateau depuis la ville de Malakal. Une équipe MSF a traité les cas de paludisme et de diarrhée, effectué du dépistage rapide de la malnutrition, fourni du soutien psychosocial et distribué des articles de première nécessité à 545 ménages.

MSF/Tetiana Gaviuk Yoel, treize ans, récupère après une intervention chirurgicale à l’hôpital MSF du site de protection des civils de Bentiu. Son père lui a sauvé la vie en le transportant à la clinique MSF de Leer, dans l’État de l’Unité, marchant dans des eaux à hauteur de poitrine pendant deux heures.MSF/Tetiana Gaviuk

 

Dans les zones où les eaux de crue sont trop hautes pour marcher, les gens utilisent des radeaux de fortune construits à partir de bâches en plastique ou de grands réservoirs d’eau en plastique convertis en canot, et des pelles en guise de rames. Ceux qui restent pour protéger leur maison utilisent des sacs de sable ou érigent des murs de boue pour essayer d’arrêter l’eau.

« L’eau est montée tellement vite », a déclaré Tbisa Willion, 39 ans, qui vit à Canal, dans l’État du Haut-Nil. « Nous sommes partis pour sauver nos vies. Nous avons trouvé refuge dans une école, mais elle a également été détruite. Nous sommes ensuite allés chez notre voisin. Nous avons pris un canot pour rentrer chez nous et avons essayé de sauver quelques affaires, mais nous n’avons trouvé que quelques assiettes. J’ai perdu mes poulets, mes 10 chèvres. Je n’ai nulle part où aller. »

Alors que les inondations continuent d’affecter la population à travers le Soudan du Sud, MSF mène une série d’évaluations aériennes et terrestres dans les États de Jonglei, du Haut Nil et d’Unité pour identifier les communautés les plus touchées.