Soudan du Sud : Les inondations mettent des vies en danger
Les fortes pluies ont provoqué des inondations généralisées au Soudan du Sud cette année, touchant jusqu’à présent plus de 400 000 personnes, selon les estimations des Nations Unies, alors que la saison des pluies se poursuit.
Les communautés parmi les plus durement touchées se trouvent dans l’État de Jonglei, où les pluies saisonnières arrivées plus tôt que prévu ont provoqué le débordement des zones humides et des affluents du Nil Blanc. Depuis mai, les inondations ont forcé environ 6 000 personnes à fuir leur domicile dans les villages de Haat et Pakur, dans l’ouest du comté d’Ayod.
Le 8 août, les eaux de crue ont détruit une petite clinique de Médecins Sans Frontières (MSF) et de nombreuses maisons à Haat. MSF a évacué son personnel vers Old Fangak, situé à quatre heures de là en bateau moteur, avant de regagner la zone pour organiser des cliniques mobiles.
« Dans la région autour de Haat, nous avons vu des inondations catastrophiques », explique Emilie Allaire, chef de l’équipe médicale de MSF à Old Fangak. « Le centre de la communauté a été submergé par plusieurs mètres d’eau, forçant toute la population locale à se déplacer sur les derniers terrains n’ayant pas été inondés. »
Conditions de vie détruites
Tout dans les communautés touchées a été détruit, explique Emilie Allaire. Les gens logent dans des huttes faites de bâtons et parfois de bâches en plastique. Il n’y a pas de latrines ni d’eau potable.
« Nous nous sommes rendus d’île en île pour fournir des consultations de médecine générale aux enfants et aux adultes », raconte-t-elle.
Les besoins médicaux sont extrêmement élevés par rapport aux semaines précédant les inondations.
L’équipe de la clinique mobile a réalisé 474 consultations médicales entre le 29 août et le 1er septembre, et 651 entre le 17 et le 21 septembre. Les besoins médicaux sont extrêmement élevés par rapport aux semaines précédant les inondations. Les affections les plus courantes sont la diarrhée non sanglante, les infections des voies respiratoires supérieures et des voies urinaires, le paludisme et la malnutrition. Le canot est le principal moyen de transport pendant les inondations, mais il faut plusieurs jours pour atteindre un établissement médical de cette façon.
À Nyadak Kulang, l’équipe a diagnostiqué à un cas de paludisme grave; il s’agissait d’une femme enceinte d’environ sept mois, qui nécessitait des soins plus spécialisés. Elle a été transportée à l’hôpital où travaille MSF à Old Fangak, à quatre heures de bateau moteur, et son état a commencé à s’améliorer avec le traitement.
« Nous n’avions pas d’eau potable », dit-elle. « Les gens autour de moi sur l’île étaient malades. Ils souffraient, et les symptômes qu’ils présentaient étaient de la diarrhée et des vomissements. »
Pénurie alimentaire
Le manque de nourriture est également une préoccupation largement répandue. La plupart des habitants sont des agriculteurs de subsistance, mais les inondations récurrentes ont rendu l’agriculture impossible. Leur bétail s’est noyé ou meurt de faim parce que l’herbe dont les bêtes se nourrissent est recouverte d’eau. Les gens survivent en consommant des poissons et des nénuphars.
MSF maintient les cliniques mobiles pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, et ses équipes administrent des vaccins contre la rougeole, le tétanos et la diphtérie. Les enfants souffrant de malnutrition modérée et sévère sont traités avec des aliments thérapeutiques. Les autres enfants et les adultes reçoivent des rations alimentaires d’urgence en raison de l’insécurité alimentaire générale.
MSF distribue également des couvertures, des moustiquaires imprégnées d’insecticide, des bâches en plastique, des ustensiles de cuisine et d’autres fournitures essentielles.
Cependant, le personnel MSF prévient que la santé des populations déplacées risque de se détériorer davantage sans une assistance adéquate, alors que les inondations se poursuivent.
« Le service médical que nous fournissons n’est pas suffisant », déclare Paul Gany Hoth, responsable de l’approche clinique de MSF. « Les gens sont sous la pluie dans un espace ouvert. Ils ont besoin d’abris, ils ont besoin de nourriture, ils ont besoin de tout. »