Patients en attente de triage à la clinique MSF du camp d'Adre, au Tchad. Tchad, 2023. © Annie Thibault/MSF
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Tchad : MSF lance un appel pour une réponse immédiate à la crise des personnes réfugiées soudanaises

Le conflit qui sévit au Soudan a forcé plus de quatre millions de gens à se déplacer, dont environ 3,3 millions à l’intérieur même du pays. Plus de 380 000 ont fui vers l’est du Tchad, cherchant refuge dans des camps autour de la ville frontalière d’Adré. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) sont témoins des conditions de vie désastreuses auxquelles ces personnes font face, notamment de graves pénuries de nourriture, d’eau, d’installations sanitaires, d’abris et d’accès aux soins de santé. MSF appelle les Nations Unies, les donateurs internationaux et les organisations humanitaires à répondre d’urgence aux besoins des personnes réfugiées soudanaises à Adré et dans le reste de la région du Ouaddaï.

« C’est dur de décrire ce que ces gens traversent », explique Susana Borges, coordinatrice d’urgence de MSF à Adré. « Certains n’ont pas reçu de nourriture depuis cinq semaines. Des parents nourrissent leurs enfants avec des insectes, de l’herbe ou des feuilles ! Ils ont bien moins d’eau que nécessaire et nombreux sont celles et ceux qui ne disposent pas d’un abri à proprement parler. Comment survivre dans pareilles conditions ? Ces personnes attendent désespérément des rations de nourriture, mais n’ont même pas d’ustensile de cuisine. Comment cuisiner sans même une casserole ? ».

Vue générale du Camp Ecole accueillant des personnes réfugiées soudanaises à Adré, au Tchad. Tchad, 2023. © MSF

Les équipes de MSF dans l’est du Tchad soignent des personnes réfugiées atteintes de maladies liées aux conditions de vie et au manque de nourriture. « Les besoins de santé les plus urgents auxquels nous faisons face sont le paludisme, la diarrhée et la malnutrition. Nous faisons de notre mieux, mais les besoins sont massifs et il y a des limites à ce que nous pouvons faire », ajoute Susana Borges.

Au Soudan, près de la frontière, le nombre de gens forcés de fuir leur maison augmente quotidiennement. Les équipes médicales de MSF reçoivent beaucoup de patients et de patientes avec des blessures par balles ou causées par des explosions. Le système de santé soudanais plie sous la pression. Plusieurs infrastructures de soins ont été endommagées par le conflit, alors que d’autres sont débordées ou manquent d’approvisionnements, de personnel, ou même dans certains cas d’eau et d’électricité.

« Nous éprouvons beaucoup d’inquiétude pour la population soudanaise, avec le manque d’accès aux soins et les risques plus élevés d’épidémies en raison de la situation actuelle », explique Trish Newport, responsable des réponses d’urgence à MSF. « Nous sommes aussi très préoccupés pour celles et ceux qui ont fui le Soudan vers le Tchad. La situation dans l’est du Tchad est une urgence extrême, et elle risque de se détériorer davantage sans une augmentation conséquente et immédiate de la réponse humanitaire ».

Dans la région du Ouaddaï, dans l’est du Tchad, les équipes de MSF fournissent des soins de santé cruciaux, en partenariat avec le ministère de la Santé. La capacité de l’hôpital d’Adré et de quatre centres de soins a été renforcée pour atteindre 420 lits. En addition, une clinique d’une capacité de 38 lits dans le Camp Ecole mène 460 consultations chaque jour, alors que 372 enfants sont sous traitement pour malnutrition.

Vue de l’unité nutritionnelle de la clinique de MSF à Adré, au Tchad. Tchad, 2023. © MSF

À l’hôpital d’Adré, 150 personnes sont soignées en traumatologie, surtout pour des blessures par balles contractées au Soudan. On y trouve de plus 133 enfants traités pour des complications médicales potentiellement mortelles liées au paludisme ou à la malnutrition.

Les équipes de MSF fournissent aussi des soins de santé maternels ou autres aux survivantes de violence sexuelle. Ainsi, les équipes de santé mentale MSF actives au Camp Ecole viennent en aide aux personnes réfugiées ayant été victimes de viols ou d’autres formes de violence sexuelle durant leur trajet vers le Tchad. De nombreuses femmes ont raconté avoir été enfermées dans une pièce et violées par un groupe d’hommes. Étant donné la gravité de leurs souffrances et de leurs traumatismes psychologiques, ces personnes ont besoin d’une prise en charge complète et continue, selon l’équipe de santé mentale de MSF.

MSF appelle les Nations Unies, les donateurs internationaux et les organisations d’aide à répondre aux besoins humanitaires urgents des personnes réfugiées soudanaises au Tchad, afin d’éviter davantage de souffrances et de pertes de vies humaines.