© MSF/Jakub Hein
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Tuberculose : Un rapport MSF montre que les nouveaux tests et médicaments restent hors de portée

 

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les gouvernements et les donateurs à intensifier et à accélérer le dépistage et le traitement de la tuberculose (TB).

Alors que la pandémie de COVID-19 menace de faire dérailler la réponse mondiale à la tuberculose, MSF a appelé les gouvernements à accélérer le dépistage, le traitement et la prévention de la tuberculose, et a demandé à ses donateurs de fournir le soutien financier nécessaire afin de garantir un meilleur accès aux nouveaux outils médicaux pour diagnostiquer et traiter des millions de personnes atteintes de cette maladie mortelle.

Un rapport publié aujourd’hui par MSF et le Partenariat Halte à la tuberculose, intitulé Step Up for TB (en anglais seulement), portant sur 37 pays à forte charge de tuberculose, montre que les innovations médicales essentielles touchent beaucoup moins de personnes qui en ont urgemment besoin, car de nombreux pays tardent à aligner leurs politiques nationales sur les nouvelles directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

 

Les gouvernements doivent intensifier leurs efforts

 

« Au lieu de faire avancer la lutte contre la tuberculose, nous risquons de faire un pas en arrière à cause de la COVID-19 », a déclaré Sharonann Lynch, conseillère principale en matière de politique antituberculeuse pour la Campagne d’accès de MSF. « Nous ne saurions trop insister sur l’urgence pour les gouvernements et les donateurs d’intensifier leurs efforts afin que les personnes atteintes de tuberculose puissent avoir accès aux innovations et outils médicaux essentiels contre la tuberculose. Nous avons enfin de meilleurs médicaments et tests pour combattre et prévenir cette maladie extrêmement infectieuse mais curable, or il est à la fois ahurissant et inacceptable qu’ils ne soient toujours pas utilisés pour sauver autant de vies que possible. »

 

Au lieu de faire avancer la lutte contre la tuberculose, nous risquons de faire un pas en arrière à cause de la COVID-19

Sharonann Lynch |  

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Tout en rendant compte de l’impact grave de la pandémie de COVID-19 sur les services de lutte contre la tuberculose, l’OMS a révélé une forte baisse du nombre de personnes diagnostiquées. Outre la nécessité de rattraper le retard pour maintenir la continuité des services antituberculeux existants, elle a conseillé aux pays d’adopter et de déployer de meilleures politiques et pratiques de dépistage.

À l’heure actuelle, les pays ne parviennent toujours pas à mettre en œuvre des politiques de dépistage modernes qui peuvent aider à atteindre près de 3 millions de personnes qui ne sont toujours pas testées. Comme le souligne le rapport, 85 % des pays étudiés n’utilisent toujours pas le test urinaire au point d’intervention TB LAM pour le diagnostic de routine de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH, tel qu’il est recommandé par l’OMS.

« En tant que cliniciens travaillant en première ligne de la dévastatrice épidémie de tuberculose, il est désolant de voir la lenteur de l’adoption du test TB LAM dans les programmes de traitement nationaux, malgré son rôle avéré pour sauver la vie des personnes vivant avec le VIH », a déclaré le Dr Patrick Mangochi, coordonnateur médical adjoint pour MSF au Malawi. « Les pays doivent intensifier l’utilisation du test TB LAM en tant qu’élément central des services de dépistage, sinon les retards dans le diagnostic des personnes atteintes de tuberculose et leur mise sous traitement continueront de nuire aux personnes séropositives qui contractent la tuberculose. »

 

La maladie infectieuse la plus meurtrière au monde

 

En 2019, la tuberculose reste la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde, avec plus de 10 millions de personnes qui en souffrent et 1,4 million de personnes qui en sont mortes. Il est urgent de mettre en œuvre les directives de l’OMS pour minimiser le risque inutile de COVID-19 en réduisant les visites dans les établissements de santé, sans interrompre le traitement.

Les pays doivent prendre des mesures immédiates pour instaurer des politiques de lutte contre la tuberculose centrées sur la personne, y compris la mise sous traitement et le suivi dans les établissements de soins de santé primaires. En outre, les programmes de traitement nationaux destinés aux personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante doivent prioriser l’utilisation de schémas thérapeutiques entièrement oraux qui n’incluent plus les anciens médicaments injectables toxiques et responsables de graves effets secondaires. Le rapport constate que seuls 22 % des pays étudiés autorisent la mise sous traitement antituberculeux et le suivi dans un établissement de soins de santé primaires, plutôt que la visite à l’hôpital et la prise de médicaments à domicile. De plus, 39 % n’ont pas recours à un schéma thérapeutique modifié qui est plus court et entièrement oral, et 28 % des pays étudiés utilisent encore des médicaments injectables pour traiter les enfants atteints de tuberculose pharmacorésistante.

« J’ai vécu un parcours angoissant de traitement avec des médicaments aux effets secondaires atroces, et j’ai perdu un de mes poumons », a déclaré Meera Yadav, une survivante de la tuberculose ultrarésistante (TB-UR) à Mumbai, en Inde. « Finalement, en 2016, j’ai pu accéder à des médicaments antituberculeux plus récents dans le cadre d’un traitement qui m’a sauvé la vie. Je ne veux pas que quelqu’un d’autre subisse cette épreuve. Avec les nouveaux médicaments, il est désormais possible de donner aux gens un traitement entièrement oral qui fonctionne pour les guérir. Les personnes atteintes de tuberculose ne peuvent plus être exclues de l’accès à ces innovations, en particulier lorsqu’elles ont peur de se rendre dans les centres de traitement à cause de la COVID-19. »