Mirella Valles, mamá de Jessica. Está contenta porque su hija no tendrá más hijos, más bebes, más gastos. Cuando me enteré de las citas en el hospital de Tumeremo, le dije que corriera, que no perdiera la oportunidad y cuando se quite ese, que se ponga otro. ---- Mirella Valles, Jessica's mother. She is happy because her daughter will not have more children, more babies, more expenses. “When I found out about the consultations at the Tumeremo hospital, I told her to run, not to miss the opportunity and when she takes that one [contraceptive device] out, she will put another one in.” © Jesus Vargas
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Venezuela : soutenir les femmes de l’État de Bolívar pour qu’elles prennent le contrôle de leur santé sexuelle

 

Jessica est mère de sept enfants. Elle a eu son premier enfant à l’âge de 14 ans. Son deuxième à 15 ans. Son troisième à 18 ans, puis elle a donné naissance à quatre autres enfants avant d’atteindre l’âge de 25 ans. Elle vit à Tumeremo, une région minière de l’État de Bolivar, dans le sud-est du Venezuela.

« Mon mari travaille dans les mines, loin d’ici, et il passe jusqu’à un mois là-bas », dit Jessica, tandis que ses enfants courent autour de la maison, en écoutant leur mère leur dire de bien se comporter.

« Il nous envoie de l’argent, des fournitures ou tout ce qu’il peut par l’intermédiaire de quelques amis », dit Jessica. « En attendant, ici je fais des manucures et des ménages. Je n’ai pas pu continuer à étudier. Je dois rester à la maison pour prendre soin des enfants. »

Brigitte, 27 ans et mère de 5 enfants, vit également dans la zone rurale de Tumeremo. Elle nous livre son témoignage devant la maison construite avec des boîtes de conserve dans laquelle elle habite avec sa famille.

« Je suis tout le temps à la maison pour m’occuper des enfants. Mon mari travaille dans les mines, et je passe toute la journée à prendre soin des enfants pour qu’ils ne se retrouvent pas dans la rue; c’est très difficile », dit Brigitte. « Il passe parfois deux mois dans la mine. J’y suis déjà allée et je travaillais comme je pouvais : nettoyage, cuisine, même lavage de la terre pour extraire l’or. »

« Mes enfants ne vont pas à l’école. Comme je n’ai pas de carte d’identité, je n’ai pas pu les y inscrire », poursuit Brigitte. « J’ai étudié jusqu’à la première année du secondaire, après quoi j’ai eu mon premier enfant et je n’ai pas pu continuer. » 

Des centaines de femmes comme Jessica et Brigitte vivent dans la ville de Tumeremo; leur histoire se répète maison après maison, quartier après quartier. Beaucoup d’entre elles espèrent pouvoir s’épanouir, mais au milieu de tant de besoins, elles n’ont pas le temps de penser à leur avenir. Elles luttent au quotidien dans des conditions défavorables pour combler ne serait-ce que les besoins les plus élémentaires de leurs enfants.

 

Contraception gratuite dans une région où elle est rare et coûteuse

 

L’une des principales activités économiques de Tumeremo est l’exploitation minière liée à l’extraction et à la commercialisation de l’or. De nombreuses femmes de la région doivent composer avec divers défis lorsqu’elles sont laissées seules à la maison, leur conjoint étant parti travailler dans les mines. Parmi ceux-ci, l’accès aux soins de santé limité. Cette situation est parfois aggravée par le coût élevé et la rareté des méthodes contraceptives pour prévenir les grossesses non désirées ou les maladies transmissibles sexuellement.

Depuis novembre 2021, une équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) travaille en collaboration avec les autorités locales et le personnel de l’institut de santé publique pour fournir des soins médicaux en santé sexuelle et reproductive à l’hôpital José Gregorio Hernández de Tumeremo.

 

Au cours des six derniers mois, les équipes ont assisté plus de 1 000 femmes de la communauté en offrant notamment des consultations complètes, gratuites et confidentielles sur la planification familiale. Près de 90 % des femmes ont reçu l’une ou l’autre forme de contraception. Dans 70 % des cas, elles ont choisi une méthode contraceptive à longue durée d’action comme un implant sous-cutané ou un dispositif intra-utérin.

Des femmes attendent leur tour dans la salle d’attente des consultations de l’hôpital José Gregorio Hernández, à Tumeremo, dans l’État de Bolívar, au Venezuela. Elles se présentent ici pour obtenir de l’aide à la contraception, traiter un symptôme ou chercher de l’information.
Des femmes attendent leur tour dans la salle d’attente des consultations de l’hôpital José Gregorio Hernández, à Tumeremo, dans l’État de Bolívar, au Venezuela. Elles se présentent ici pour obtenir de l’aide à la contraception, traiter un symptôme ou chercher de l’information.Jesus Vargas

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La promotion de la santé sensibilise la communauté

 

Dans un effort conjoint mené avec les autorités hospitalières et avec des fournitures médicales et des médicaments fournis par MSF, les équipes voient environ 20 patientes et patients, à raison de deux fois par semaine, pour des consultations en santé sexuelle et reproductive. De plus, 10 femmes par jour subissent, en moyenne, un test de dépistage pour des maladies transmissibles sexuellement comme la syphilis, le VIH et l’hépatite B. Des préservatifs sont en outre distribués. L’équipe de promotion de la santé travaille également à l’hôpital et dans la communauté, où elle fournit de l’information sur les services et sensibilise les gens à la prévention et au contrôle des grossesses et des maladies transmissibles sexuellement.

Armando a accompagné sa femme à l’hôpital José Gregorio Hernández, très tôt le matin, après avoir été informé par le personnel de promotion de la santé de MSF des services en santé sexuelle et reproductive.

« Ma femme voulait obtenir un dispositif intra-utérin et quand nous sommes arrivé·e·s, nous avons trouvé près de 500 personnes qui attendaient, toutes avaient des rendez-vous », dit Armando. « Un mois plus tard, ma femme se faisait installer un dispositif intra-utérin en cuivre, et en 20 minutes, tout était fait. Ce jour-là, nous avons rencontré des jeunes de la région, des ami·e·s, des voisins et des voisines. Il y a un grand besoin pour ces services. »

L’esprit communautaire est bien présent dans le village, et vous entendez les gens dire : « ma tante m’a dit » ou « ma mère m’a dit de ne pas manquer l’occasion et de courir prendre rendez-vous »; « tout le voisinage sait déjà qu’ils peuvent nous aider »; « beaucoup de femmes de mon voisinage ont déjà l’implant et d’autres ont déjà pris leur rendez-vous ».

Jusluis Rodríguez, obstétricien/gynécologue MSF, affirme que l’impact des consultations de planification familiale à l’hôpital a été très positif pour la communauté.

« Le fait de savoir que nous pouvons aider tant de femmes à la clinique me motive à continuer tous les jours, et à faire de mon mieux », confie Jusluis Rodríguez.