Honduras : MSF met fin à son projet d’assistance aux personnes migrantes à Danlí
En raison de la diminution du nombre de gens en transit dans le pays, MSF met fin à son programme de soins de santé et de soutien aux personnes migrantes à Danlí.
Après quatre ans d’activité, Médecins Sans Frontières (MSF) met fin à son programme de soins médicaux, de services de santé mentale et de soutien social pour les personnes migrantes à Danlí, au Honduras. Cette décision a été prise à la suite à une diminution significative du nombre de personnes migrantes en transit dans le pays et compte tenu de la réponse humanitaire existante dans la région.
Au cours des quatre dernières années, les flux migratoires ont été instables et complexes dans la région. Le Honduras, situé le long de la route migratoire, a été témoin de ces changements. Depuis 2021, année où MSF a commencé ses activités dans le pays, plus d’un million de personnes migrantes sont entrées illégalement au Honduras. Cette situation, documentée par l’Institut national des migrations, s’explique par de nombreux facteurs. Parmi ceux-ci, notons l’aggravation des crises sociopolitiques dans la région, la pauvreté, la violence généralisée et les obstacles administratifs qui rendent difficile l’obtention d’un statut migratoire légal.
« L’urgence d’une réponse humanitaire et l’engagement des gouvernements d’Amérique centrale à assurer ce soutien se reflètent le long de la route migratoire. Le rôle de MSF consiste à apporter une réponse rapide là où les besoins sont les plus grands. Nous avons donc travaillé à réduire les principales répercussions physiques et émotionnelles de ce dur périple. »
– Jorge Castro Armijo, coordonnateur de projet de MSF à Danlí
Dans la région, ce contexte a entraîné une crise humanitaire qui nécessitait une réponse urgente. Les personnes en déplacement avaient des besoins multiples, dont beaucoup étaient liés à des problèmes de santé physique et mentale. Afin de répondre à ces besoins, MSF a mis sur pied des équipes interdisciplinaires composées de personnel médical, infirmier, social, et de santé mentale et de promotion de la santé. À travers des cliniques mobiles, les équipes ont permis d’apporter une réponse globale dans les zones où l’assistance humanitaire était la plus nécessaire.
Dans le département d’El Paraíso, à la frontière avec le Nicaragua, les municipalités de Danlí, Trojes et Las Manos sont devenues le point de convergence des personnes en déplacement. En route vers le nord, en direction du Mexique et des États-Unis, les gens transitaient par le Honduras. C’est donc là que MSF a concentré ses activités.
« Tout au long de cette période, nous avons été témoins des immenses besoins médicaux et humanitaires des personnes migrantes », explique Jorge Castro Armijo, coordonnateur de projet de MSF à Danlí. « L’urgence d’une réponse humanitaire et l’engagement des gouvernements d’Amérique centrale à garantir ce soutien se reflètent le long de la route migratoire. Le rôle de MSF consiste à apporter une réponse rapide là où les besoins sont les plus grands. Nous avons donc travaillé à réduire les principales répercussions physiques et émotionnelles de ce dur périple. »
Toutefois, après l’entrée en poste de la dernière administration américaine et les changements radicaux apportés aux politiques migratoires, le nombre de personnes qui migrent du sud vers le nord a diminué. En parallèle, certaines personnes sont retournées volontairement dans leur pays d’origine ou ont cherché refuge dans d’autres pays de la région.

Besoins en soins de santé primaires
Long de la route migratoire, les conditions de vie sont précaires. Les personnes en déplacement sont exposées à des maladies telles que les infections respiratoires, les maladies gastro-intestinales et les affections cutanées. Depuis 2021, MSF a offert 58 045 consultations de soins de santé primaires.
Nos équipes ont également constaté que les gens en déplacements sont confrontés à des problèmes de santé mentale qui nécessitent un soutien spécialisé. Plusieurs personnes nous ont confié ressentir de la tristesse, de la peur et de l’angoisse en raison des difficultés du voyage, de l’incertitude quant à leur avenir et du fait de vivre dans des endroits hostiles et dangereux. Pendant cette même période, les psychologues de MSF ont mené 2 022 consultations en santé mentale. L’équipe a traité des conditions telles que le syndrome de stress post-traumatique, la dépression, le stress aigu, l’anxiété et le deuil.
En outre, nous avons offert des soins aux personnes ayant survécu à divers types de violences le long de leur périple. Ces violences comprenaient des agressions, des menaces, de l’extorsion, des enlèvements, des meurtres et des violences sexuelles. Pendant ces quatre ans, les équipes de MSF ont traité 878 cas de violences sexuelles survenus à différents endroits le long de la route migratoire.
Notre réponse a été interdisciplinaire. Elle a inclus la promotion de la santé, le travail social et le soutien en santé mentale. Nos équipes ont ainsi pu identifier les besoins, comprendre le contexte et développer une analyse précise des besoins des personnes en déplacement. Nous avons également renforcé nos liens avec d’autres organisations, avec lesquelles nous avons mis en place un système de transfert de patientes et de patientes vers des structures médicales et sociales. Enfin, MSF a créé des espaces sûrs où les personnes migrantes ont pu retrouver leur autonomie grâce à des séances de soutien en groupe. Ces séances ont soutenu plus de 138 000 personnes.
MSF n’aurait pu accomplir l’ensemble de ce travail seule. Au cours de ces quatre dernières années, nous avons reçu le soutien de diverses institutions étatiques, des communautés locales, d’organisations humanitaires et de membres de la société civile. Ensemble, nous avons contribué à renforcer les politiques publiques et à accroître l’accès aux soins de santé et à d’autres services, en réponse aux besoins médicaux et humanitaires des personnes migrantes.

Continuité de la réponse humanitaire
Les personnes en déplacement sont exposées à des violations tout au long de la route migratoire, souvent à plusieurs reprises. Les politiques et pratiques d’immigration au Honduras ont contribué à la protection des personnes migrantes et ont aidé à réduire les risques auxquels elles étaient exposées. Ces dernières années, une amnistie pour les amendes liées à l’immigration a été approuvée et des aires de repos ont été créées, dont le Centre d’assistance aux personnes migrantes en situation irrégulière à Danlí. Cela démontre l’engagement du gouvernement à garantir une migration digne et sûre.
« MSF appelle les institutions humanitaires et les autorités à poursuivre leur collaboration pour réduire les obstacles liés à la santé, à la sécurité, à la langue et à l’hébergement auxquels ces personnes sont confrontées », déclare Jorge Castro Armijo. « Nous demandons également que davantage de ressources soient allouées aux soins et à la protection des personnes migrantes. Nous appelons à la poursuite des discussions afin d’accélérer l’adoption de la nouvelle loi sur l’immigration, qui garantirait la suppression complète des amendes liées à l’immigration irrégulière. »
Nous appelons à une meilleure coordination de la réponse humanitaire. Le gouvernement hondurien doit continuer à réduire les risques auxquels sont exposées les personnes migrantes qui transitent par ce pays. Il doit garantir leur protection et le respect de leurs droits d’un point de vue social et humanitaire.
MSF reste engagée dans deux autres projets au Honduras. À San Pedro Sula, MSF fournit des soins de santé sexuelle et reproductive aux adolescentes, aux adolescents, aux travailleurs et aux travailleuses du sexe et aux communautés 2SLGBTIQA+. À Tegucigalpa, MSF se concentre sur la prévention des arbovirus, tels que la dengue, le Zika et le chikungunya. MSF reste également en alerte pour répondre à d’autres besoins humanitaires causés par des catastrophes naturelles, des épidémies et d’autres situations d’urgence.