La physiothérapie est un élément important des activités médicales de l'hôpital Sokoto Noma. Des bâtons sont utilisés pour améliorer la récupération après une opération du trismus. Le trismus est une affection médicale que le noma peut provoquer et qui bloque les mâchoires. Le 5 mai 2023. © Fabrice Caterini/Inediz © Fabrice Caterini/Inediz
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MSF se réjouit de l’inclusion du noma dans la liste des maladies tropicales négligées de l’OMS

L’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) se réjouit de la décision du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’inclure le noma dans la liste officielle maladie tropicale négligée (MTN). Cette décision intervient trois ans après le début de la campagne de MSF visant à faire reconnaître le noma comme une maladie tropicale négligée.

Lors d’une rencontre qui s’est tenue à Genève, le 12 octobre dernier, le Groupe consultatif stratégique et technique pour les maladies tropicales négligées (STAG-NTD) a conclu que le noma répondait à tous les critères d’inclusion dans la liste officielle de l’OMS. Le groupe a fait part de cette recommandation au directeur général de l’OMS, qui l’a ratifiée. 

« Nous saluons la décision du directeur général de l’OMS. Celle-ci confirme ce sur quoi MSF et la communauté médicale insistent depuis des années : le noma est une maladie tropicale négligée et mérite toute l’attention et les ressources que cela implique », déclare Mark Sherlock, responsable des programmes de santé de MSF. « Nous espérons que cette décision braquera les projecteurs sur la maladie, en facilitant l’intégration des activités de prévention et de traitement du noma dans les programmes de santé publique existants. Nous espérons aussi que cela encouragera l’allocation des ressources indispensables pour aider à lutter contre la maladie. »

Le noma est une maladie totalement évitable et facile à traiter si elle est soignée à temps. En l’absence de traitement, elle détruit la peau et les os du visage en quelques semaines seulement, entraînant la mort d’environ 90 % des personnes infectées. Les 10 % qui survivent sont confrontés à la douleur, la défiguration et la stigmatisation sociale. La maladie touche le plus souvent des enfants dénutris ou dont le système immunitaire est affaibli.

Le Nigéria est le principal pays parrain de la demande visant à faire reconnaître le noma comme une MTN. En janvier 2023, le ministère de la Santé nigérian a soumis à l’OMS un dossier comprenant une lettre de demande officielle, des lettres d’approbation issues de 31 pays et un dossier de preuves démontrant que le noma répond aux critères d’inclusion. MSF a soutenu le Nigéria en fournissant les preuves médicales, basées sur des années de recherche et s’appuyant sur l’expérience de MSF dans le traitement des personnes ayant survécu au noma. Toutes ces démarches ont été menées dans l’espoir que cette maladie soit inscrite sur la liste des MTN, et qu’elle suscite une plus grande attention, un diagnostic plus précoce et des recherches plus approfondies.

Depuis 2014, MSF soutient l’hôpital Noma de Sokoto du ministère de la Santé, dans le nord-ouest du Nigéria. Ses équipes y offrent des services de chirurgie reconstructrice, de soutien nutritionnel, de soutien en santé mentale et des activités de proximité. Les équipes chirurgicales de MSF à Sokoto ont jusqu’à maintenant réalisé 1 203 interventions chirurgicales sur 837 personnes.

Mosoaya Harrison Karrau, physiothérapeute MSF, fait des exercices avec Fatima, une survivante du noma âgée de 20 ans qui souffrait d’un trismus causé par le noma. Le trismus est une affection médicale que le noma peut provoquer et qui bloque les mâchoires. Nigéria, 2023. © Fabrice Caterini/Inediz

« L’inscription sur la liste des MTN de l’OMS est une étape importante, mais ce n’est pas la dernière », déclare Sherlock. « Nous prévoyons de nous orienter vers la mobilisation de ressources et d’alliances stratégiques au sein de la santé communautaire mondiale pour faciliter la programmation et la recherche. L’objectif est de sensibiliser au noma, de réduire la mortalité et d’améliorer les conditions de vie des personnes atteintes, des survivants et des survivantes. » 

MSF prévoit de se concentrer sur la recherche, en développant sa collaboration avec des instituts universitaires du monde entier afin d’en savoir plus sur les causes du noma. Une autre étape clé consistera à intégrer les systèmes de surveillance du noma dans le travail médical de MSF. « Dans les pays endémiques, MSF prévoit d’introduire le dépistage du noma dans les programmes existants de MSF. On parle ici du dépistage de la malnutrition et des campagnes de vaccination, par exemple. Le but reste la détection précoce et le traitement rapide », explique Sherlock. 

Enfin, MSF poursuivra ses efforts de plaidoyer autour du noma. Sa campagne de trois ans a d’ailleurs reçu un fort soutien de la part des personnes ayant survécu à la maladie. Celles-ci ont fait entendre leur voix pour transmettre un message simple, mais important : le noma est une maladie que l’on peut prévenir et traiter, et qui ne devrait plus exister.