MSF’s Emergency Coordinator Katrin Kisswani and Field Coordinator Maria-Aure walk through the camp city settlement and discuss the organisation of the camp. MSF’s emergency teams have provided more than 650 tents, 141 shower points and latrines, 640,000 litres of clean water, 600 relief packages including mosquito nets, winter kits and kitchen kits and mental health support to people arriving from various flood-affected districts of Sindh and Balochistan. © Zahra Shoukat/MSF
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Pakistan : les gens ne peuvent pas retourner chez eux et des mois après les inondations, les besoins médicaux subsistent

 

Trois mois après les inondations qui ont dévasté une large partie du Pakistan, le niveau de l’eau tend à baisser dans certaines régions et les personnes déplacées commencent à retourner chez elles, sans avoir nécessairement les moyens de reconstruire leur maison ou d’exploiter leurs terres. Quant à celles qui restent dans les camps, leurs conditions de vie sont extrêmement précaires et risquent de se dégrader au cours de l’hiver.

« Même après trois mois, la situation demeure une urgence », dit Syed Israr Ali Shah, coordonnateur du projet de Médecins Sans Frontières (MSF) au Baloutchistan oriental.

Plusieurs districts comptent encore des zones inondées. Dans les districts orientaux du Baloutchistan et dans onze districts du Sindh, les gens vivent à côté de leurs villages inondés. Les familles et les enfants restent exposés à l’eau et aux maladies hydriques ou transmises par les moustiques.

« Nous voyons des gens dans ces zones qui vivent encore sous des tentes avec un accès limité aux soins de santé. Avec l’arrivée de l’hiver, leur situation se dégrade et ils n’ont nulle part où aller », explique Edward Taylor, coordonnateur d’urgence de MSF dans l’est du Baloutchistan et le nord du Sindh. « Dans les zones où nous travaillons, l’eau ne s’est pas encore retirée et les besoins des gens restent élevés. Nous sommes toujours dans une phase d’urgence. »

Des soins de santé absents, un manque d’eau potable et de produits de base

En octobre et novembre, plus de 50 % des personnes testées pour le paludisme dans l’est du Baloutchistan et le nord du Sindh étaient positives. Ce nombre inquiète puisque les cas devraient plutôt diminuer avec l’arrivée de l’hiver et le refroidissement.

Nous craignons que dans certaines parties des zones toujours inondées, la saison du paludisme ne soit plus longue, ce qui entraînerait une augmentation de la demande de tests et de traitements. Nos équipes dans la ville de Johi, dans le district de Dadu, au sud du Sindh, constatent également une forte augmentation des cas de paludisme et nous avons accru le nombre d’agents et d’agentes de santé dans nos cliniques mobiles.

La malnutrition est un autre problème majeur. Comme de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens de subsistance, leurs fermes et leurs animaux, il y a moins de ressources. Dans certaines régions, la situation est aggravée par le fait que la terre ne sera pas prête pour la prochaine saison de plantation.

« De septembre à novembre, dans l’est du Baloutchistan et le nord du Sindh, nos équipes mobiles ont dépisté la malnutrition chez 21 777 enfants de moins de cinq ans », explique Juniper Gordon, coordonnateur médical d’urgence de MSF. « Parmi les enfants dépistés, 5 578 souffraient de malnutrition aiguë sévère et 6 812 de malnutrition aiguë modérée. »

Dans plusieurs villages, les inondations ont également causé des dommages importants aux infrastructures d’eau potable, ce qui force les gens à parcourir de longues distances pour s’approvisionner.

« Cela fait maintenant plus de deux mois que nous vivons sur le bord de la route à côté de notre village à Usta Muhammad. Les villages environnants sont tous inondés », raconte *Umer, déplacé par les inondations dans le district d’Usta Muhammad. « Avec le début de l’hiver, il faudra plusieurs mois pour que nos terres s’assèchent complètement et que nous puissions rentrer chez nous. Depuis les inondations, nous sommes parfois forcés d’utiliser de l’eau contaminée pour notre consommation et les usages domestiques », dit-il. 

Pour répondre à certains besoins dans l’est du Baloutchistan, les équipes MSF ont fourni plus de six millions de litres d’eau potable dans cinq districts.

La réponse de MSF aux inondations

 

Dans le camp de Karachi, les équipes de MSF ont distribué plus de 800 abris, construit 141 douches et latrines et fourni 640 000 litres d’eau potable. Elles ont également remis aux personnes déplacées 600 trousses de secours.
Dans le camp de Karachi, les équipes de MSF ont distribué plus de 800 abris, construit 141 douches et latrines et fourni 640 000 litres d’eau potable. Elles ont également remis aux personnes déplacées 600 trousses de secours, dont des moustiquaires, des kits d’hiver et des articles de cuisine.Zahra Shoukat/MSF

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Nos équipes interviennent actuellement dans trois provinces, le Baloutchistan, le Sindh et le Khyber Pakhtunkhwa où elles apportent notamment du soutien pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la distribution de trousses de secours. Dix équipes médicales mobiles travaillent également au Baloutchistan et au Sindh, où nous voyons un grand nombre de personnes souffrant de malaria, de diarrhée, d’infections des voies respiratoires et de malnutrition.

Depuis 2008, les équipes de MSF apportent leur soutien à l’hôpital DHQ de Dera Murad Jamali, en collaboration avec le ministère de la Santé. Ces derniers mois, nous avons constaté une augmentation du nombre de patients et patientes. Nous avons augmenté notre soutien avec des spécialistes médicaux et non médicaux et augmenté la capacité des lits de 49 à 69. Depuis septembre, notre équipe a assisté 1 382 accouchements et admis 1 142 enfants dans le service d’hospitalisation pédiatrique. Nous avons fourni des soins généraux à plus de 95 940 personnes dans nos cliniques mobiles, et nos équipes d’urgence ont fourni 465 millions de litres d’eau potable aux personnes touchées par les inondations dans les trois provinces.

Afin d’apporter une aide de base aux ménages touchés, nos équipes ont également distribué plus de 44 800 trousses de secours, dont des produits d’hygiène, des articles de cuisine, des abris et 41 140 moustiquaires.  

Les besoins humanitaires dans la région

 

De nombreuses personnes craignent de retourner dans leurs villages, de peur qu’ils soient à nouveau inondés l’année prochaine. Les gens se sont plutôt installés dans de grands camps, comme le camp de tentes de Karachi dans le district de Keamari, dans le Sindh. 

« Les structures sanitaires ont été détruites et les dégâts liés aux inondations rendent les déplacements plus difficiles. L’accès aux soins nous préoccupe, notamment pour les femmes enceintes. », dit Katrin Kisswani, coordonnatrice d’urgence de MSF dans le sud du Sindh. « Ce que nous voyons en termes de besoins dans nos projets nous amène à penser que la situation est encore très largement une urgence, et nous planifions nos activités en conséquence », ajoute Katrin Kisswani. 

L’impact des inondations se fera sentir encore longtemps. Il est essentiel que les régions touchées reçoivent un soutien continu pour faire face aux nombreux défis et besoins.